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“Une brève histoire de l’avenir” article 1709
au Louvre, Paris

du 24 septembre 2015 au 4 janvier 2016



www.louvre.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 21 septembre 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Alexis Cordesse (né en 1971), Absences. 2013. Tirage chromogène (2014). Paris, Fondation Neuflize Vie pour la photographie contemporaine, banque Neuflize OBC. © Alexis Cordesse / courtesy Les Douches la Galerie / collection Neuflize vie.
2/  John Constable (1776-1837), Étude de nuages, Hampstead, arbre à droite, 11 septembre 1821. Huile sur papier marouflé sur carton. Londres, Royal Academy of Arts © Royal Academy of Arts / John Hammond.
3/  Honoré Daumier (1808-1879), Les Fugitifs. 1849-1850. Huile sur bois. Paris, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris © Petit Palais / Roger-Viollet.

 


1709_breve-histoire audio
Interview de Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo et co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 21 septembre 2015, durée 5'48". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires de l’exposition :
Dominique de Font-Réaulx, conservateur général au musée du Louvre, directrice du musée national Eugène-Delacroix,
Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo,
avec la collaboration de Sandra Adam-Couralet et Martin Kiefer.
Conseiller scientifique : Jacques Attali.




« Pour comprendre ce que peut être l’avenir, il me faut raconter à grands traits l’histoire du passé. On verra qu’il est traversé par des invariants et qu’il existe comme une structure de l’Histoire permettant de prévoir l’organisation des décennies à venir. » Jacques Attali

Événement majeur de la programmation de l’automne du musée du Louvre, cette exposition est inspirée du livre éponyme de Jacques Attali, Une brève histoire de l’avenir (Fayard, 2006. Nouvelle édition août 2015).

Pluridisciplinaire, elle fait dialoguer des oeuvres insignes du passé avec des créations contemporaines afin de retracer au présent un récit du passé susceptible d’éclairer notre regard sur l’avenir. Le parcours se déroule autour de quatre thématiques : l’ordonnancement du monde, les grands empires, l’élargissement du monde et le monde d’aujourd’hui. Deux cents oeuvres sont ainsi réunies dans une lecture subjective et poétique du passé, imaginée et portée par la création artistique des millénaires précédents mais aussi par quinze oeuvres d’artistes contemporains du monde entier, dont des commandes spécifiques. Mark Manders, Tomás Saraceno, Wael Shawky, Camille Henrot, Isabelle Cornaro, Chéri Samba et Ai Weiwei ont ainsi répondu à l’invitation du Louvre.

Une brève histoire de l’avenir associe les contemporains et les anciens, les artistes, les sciences, l’architecture ou encore le cinéma, pour discerner ce qui, dans l’histoire des sociétés disparues, nous renseigne sur les chances et les périls du futur. Au coeur de sa conception figure le dialogue, continu ou discontinu, qu’entretient la pensée de notre temps avec l’avenir, ainsi qu’avec les arts de différentes époques et civilisations. Ces oeuvres illustrent la succession de moments historiques d’expansion et de repli, la construction d’échanges entre individus ou communautés, et la création de divers moyens de communication pour rendre possibles ces échanges. Conçue par Juan-Felipe Alarçon, architecte muséographe au Louvre, la scénographie offre de valoriser un récit thématique, autour de grandes scansions. Elle ménage aussi des temps de respiration, comme autant de chemins de traverse, créant ainsi des contrepoints poétiques et méditatifs. La mise en lumière, le choix des couleurs, valorisent œuvres anciennes et créations contemporaines. Une place particulière sera donnée à la médiation des oeuvres et à leur mise en perspective, notamment grâce à la création d’un lieu de débats au sein de la dernière salle.

Au même moment, à Bruxelles, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique interprètent le même essai dans l’exposition « 2050. Une brève histoire de l’avenir » (11/09/2015 - 24/01/2016). Celle-ci s’attache à l’actualité de la création artistique pour interroger une série de thématiques sociétales ─ de la globalisation à la marchandisation du temps, de la surconsommation au devenir de la planète. Indépendantes mais complémentaires, les deux expositions interrogent donc l’avenir ─ par un regard sur le passé et le présent à Paris, par une approche prospective à Bruxelles ─ et analysent les grandes dynamiques qui traversent et animent les sociétés, depuis les origines jusqu’à l’horizon 2050.




Votre histoire, notre avenir
par Dominique de Font-Réaulx et Jean de Loisy


L’art ancien n’existe pas. Les trésors de la pensée, de la virtuosité, les signes des dévotions passées, les hommages des hommes aux anciens dieux, la représentation des légendes ou des récits fondateurs des cités, la gloire dont les artistes admirés ont su vêtir ou les puissants, ou les martyrs, ou les héros d’autrefois ne nous sont rien, s’ils ne nous sont pas présents.

L’art contemporain n’existe pas. L’artiste d’aujourd’hui entraîne, dans les signes qu’il emploie, les quarante mille ans qui l’ont précédé. Pas une vidéo qui ne se souvienne de la peinture, pas une installation qui n’attire dans son dispositif un peu de l’efficacité des scénographies cérémonielles d’autrefois, pas une performance qui ne corresponde, malgré elle peut-être, aux rituels initiatiques du passé. Ce sont les mêmes voix, les mêmes inquiétudes, les mêmes désirs, les mêmes aspirations qui résonnent dans les formes diverses et parfois nouvelles que les artistes inventent.

Le souhait de Jacques Attali de voir son essai devenir une exposition constitue une démarche paradoxale et significative. Pourquoi désirer qu’à la clarté du texte répondent les oeuvres, par nature toujours ouvertes, indirectes, plus obscures que les mots, chiffrées parfois ? Pourquoi accepter que les commissaires rendent approximatif le scénario réfléchi et démonstratif qui les inspire ? Serait-ce parce que celui qui, comme lui, se passionne pour la musique trouve dans l’art plastique une fluidité, une célérité suggestive, qui animent la pensée et enrichissent, par la rêverie que les oeuvres engendrent, les réflexions raisonnées auxquelles son travail nous conduit ? Ou encore est-ce la responsabilité active que le visiteur engage, quand il s’approprie les significations des objets et des rapprochements historiques que l’exposition a composés et qu’il en déduit ses propres conclusions pour l’avenir, qui l’intéresse ? Très probablement, mais, soutenant cette proposition, c’est l’idée même du musée qui est précisée, l’utopie de sa fondation révolutionnaire renouvelée.

La naissance du musée moderne est à la fois déjà ancienne – environ deux cent vingt ans – et récente, au regard de l’histoire de la création artistique. L’établissement du Muséum central au sein du Louvre, l’ancien palais des rois de France, fut révolutionnaire, tant par son contexte de fondation – il ouvrit ses portes en 1793 – que par son ambition, donner à voir à tous les chefs-d'oeuvre de l’art, dans une double perspective d’éducation et de délectation esthétique. Le plaisir et l’émerveillement étaient ainsi au coeur de l’invention muséale. Le musée offre de comprendre, rapproche, les grandes oeuvres. Il compose un ou plusieurs récits, permettant par là de tracer, selon un projet cher à Goethe, le cheminement de l’humanité. En déplaçant les oeuvres d’art de leur contexte originel – collections royales ou aristocratiques, églises, monastères, bâtiments publics –, il compose un nouveau discours, que leur réunion en un même lieu suggère. De fait, leur regroupement leur donne une signification nouvelle, les lie au présent qui les a réunies, autant qu’au passé de leur conception.

Le musée devient ainsi un magnifique terrain d’aventures, propice au développement de l’imagination et de la rêverie. Rassemblement d’oeuvres d’art, il devient le berceau d’un art nouveau. Il est, en effet, depuis sa propre naissance, un endroit privilégié pour les artistes, qui viennent y puiser modèles et inspiration, dans une liberté constante et renouvelée.

Musée de la nation, le Louvre est un musée pour la nation, aujourd’hui comme hier, et, nous l’espérons, comme demain. Il est ouvert à tous et ne doit pas être un espace dédié à la seule érudition, ni au seul divertissement fugace d’un tourisme de masse, mais un espace ouvert, accueillant, donnant des clés de lecture des oeuvres présentées, offrant à chacun une liberté de visite, l’invitant à élaborer sa réflexion personnelle, lui donnant ainsi la possibilité d’une triple rencontre : avec les oeuvres, avec soi, avec les autres.

Modestement, Une brève histoire de l’avenir permet de rappeler ces missions fondatrices du musée, en associant art ancien et création contemporaine dans un même ensemble, en proposant au visiteur de composer son propre parcours, en le conviant au débat et à l’échange. Le contexte de sa présentation est – ce n’est pas fortuit – favorable ; quelques semaines après son inauguration s’ouvriront les salles de la Petite Galerie, dévolues à l’éducation artistique. La mise en oeuvre, depuis plusieurs années, du projet « Pyramide » verra son achèvement en 2016, renouvelant les conditions d’accueil des visiteurs. En 2016, également, ouvrira, dans le pavillon de l’Horloge, au coeur du musée comme du palais des rois de France, un espace d’interprétation du Louvre, dédié à son histoire comme à son actualité. […]