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“Wifredo Lam” article 1713
au Centre Pompidou, Paris

du 30 septembre 2015 au 15 février 2016



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, séance de tournage, le 28 septembre 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Wilfredo Lam, Umbral, 1950. Huile sur toile, 185 x 170 cm. Centre Pompidou, musée national d’art moderne. Dist. RMN-GP. Achat de l’État 1969, attribution 1976. Photo : Centre Pompidou, Georges Meguerditchian. © Adagp, Paris 2015.
2/  Jesse A. Fernandez, Wilfredo Lam, Cuba, 1956. Photo : Jesse A. Fernandez. © Estate Jesse A. Fernandez. Collection France Mazin Fernandez.
3/  Wilfredo Lam, La Jungla, 1943. Huile sur papier marouflé sur toile - 239,4 x 229,9 cm. The Museum of Modern Art, New York, 2015. Digital Image, The Museum of Modern Art,New York / Scala, Florence. © Adagp, Paris 2015.

 


1713_Wifredo-Lam audio
Interview de Catherine David, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 28 septembre 2015, durée 17'24". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat : Catherine David, directrice adjointe musée national d’art moderne



Le Centre Pompidou consacre une ample rétrospective à l’oeuvre et à la trajectoire du peintre Wifredo Lam (1902 - 1982), des années 1930 aux années 1970. L’exposition s’attache à replacer l’oeuvre de l’artiste cubain (1902 -1982) dans une histoire internationale de l’art moderne, dont il est l’un des acteurs essentiels, tant en Europe qu’aux Amériques.

Une exposition de grande envergure
À travers plus de 400 oeuvres - peintures, dessins, photographies, revues et livres rares, l’exposition propose une traversée inédite de l’oeuvre de l’artiste dans un parcours chronologique : Espagne, 1923-1938 ; Paris-Marseille, 1938-1941, Cuba et les Amériques,1941 - 1952, Paris, Caracas, La Havane, Albissola, Zurich, 1952-1961, Paris et Albissola, 1962-1982. Cette rétrospective bénéficie du prêt exceptionnel de La Jungle, 1943, oeuvre phare de l’artiste, conservée au MoMA de New York.

Traversant toutes les périodes, l’exposition retrace le parcours original de l’artiste.
Des toutes premières années cubaines et du séjour espagnol (1924-1938) - dont nombre d’œuvres ont été retrouvées tardivement à Madrid - à l’éblouissante séquence des gravures des années 1960 et 1970, l’exposition apporte un nouvel éclairage sur les oeuvres capitales du «Retour au pays natal» (1942 -1952), dans le contexte politique et culturel de l’époque. Le parcours de l’exposition suit les différentes séquences de la vie et du travail de l’artiste au gré de ses rencontres avec des intellectuels et des poètes qui ont marqué le siècle.

Une itinérance internationale
Après le Centre Pompidou, l’exposition sera présentée au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, Madrid, du 12 avril au 15 août 2016, puis à la Tate Modern, Londres, du 14 septembre 2016 au 8 janvier 2017.

Un ouvrage de référence
Un catalogue publié aux éditions du Centre Pompidou, sous la direction de Catherine David, commissaire de l’exposition, comportant 240 pages, accompagne la manifestation. Avec des textes inédits de Kobena Mercer, Mathew Gale et Catherine David et une anthologie incluant les textes de Michel Leiris, Pierre Mabille, Fernando Ortiz, Alain Jouffroy et de Lowery Stokes Sims.




Parcours de l’exposition

Le parcours de l’exposition s’articule en cinq séquences qui ponctuent la vie et le travail de l’artiste au gré de ses rencontres avec des intellectuels et des poètes qui ont marqué sa vie :

- ESPAGNE 1923-1938
- PARIS, MARSEILLE 1938-1941
- CUBA, LES AMÉRIQUES 1941-1952
- PARIS, CARACAS, LA HAVANE, ALBISSOLA, ZURICH 1952-1961
- PARIS ET ALBISSOLA 1962-1982



ESPAGNE 1923-1938

Dès les années 1920, Wifredo Lam s’affranchit progressivement de la pratique académique qui lui a été enseignée à La Havane puis à l’Académie des Beaux-arts de Madrid dès 1923. Ses oeuvres, d’abord classiques, sont imprégnées de son regard sur les grands maîtres exposés au musée du Prado. Progressivement, il substitue à cet héritage celui des avant-gardes, de Gauguin aux expressionnistes allemands, mais surtout de Gris, Miro, Picasso et Matisse qu’il découvre en 1929. Au contact de leurs oeuvres, il épure ses formes, abolit les effets de perspective et couvre d’aplats de couleurs de larges surfaces de papier, qui deviendra son medium de prédilection. Sensible aux inégalités économiques et sociales qui font écho à celles de son pays d’origine, il s’attarde sur les figures de paysans espagnols et s’engage dès 1932 en faveur des républicains, après la mort de sa femme et de son fils victimes de la tuberculose. Ses oeuvres espagnoles constituent un témoignage poignant de ces années d’apprentissage, de précarité et de lutte qui s’achèvent en 1938, lors de son départ précipité pour Paris à la suite de la victoire des armées franquistes.

PARIS, MARSEILLE 1938-1941
À son arrivée à Paris, Lam est frappé par l’influence de la statuaire africaine sur l’art européen, revendiquée par les avant-gardes qu’il côtoie. Ses visages se dépouillent pour devenir des masques géométrisés. Il tire cette violence expressionniste du drame intérieur qui l’habite depuis son récent exil et le décès de sa famille. L’apport de l’art roman, de l’Égypte antique et des Cyclades s’y conjugue à l’impact du cubisme tardif et de la connaissance des arts de l’Afrique, découverts au musée de l’Homme et dans l’atelier de Picasso, qui deviendra très vite son ami et soutien. En 1940, face à l’entrée des troupes allemandes à Paris, il est à nouveau contraint à l’exode et rejoint Marseille, où il retrouve André Breton et les surréalistes. Lam réagit alors à l’inquiétude ambiante en participant à la réalisation d’oeuvres collectives – cadavres exquis et autres pratiques automatiques. Il remplit de dessins à l’encre de petits carnets, peuplés de figures hybrides où l’érotisme et le monstrueux révèlent la libération psychique et formelle à laquelle il aspire.

CUBA, LES AMÉRIQUES 1941-1952
Après dix-huit ans passés en Europe et deux exils, Lam débarque en Martinique aux côtés de Breton et autres compagnons de voyage. Il y rencontre Aimé Césaire, poète de la négritude, qui partage le même refus des rapports de domination raciale et culturelle l’aune de ses lectures marxistes et de son engagement dans le siècle. Son retour à Cuba l’affecte douloureusement. Il est frappé par la corruption, le racisme et la misère qui sévissent sur l’île où la culture locale ne semble subsister que sous la forme d’un folklore de pacotille qu’il exècre. Lam produit alors une oeuvre peuplée de figures syncrétiques alliant le végétal, l’animal et l’humain faisant écho à l’énergie et aux mondes spirituels propres aux cultures caribéennes. Il est guidé dans cette quête de « cubanité » par les ethnologues Lydia Cabrera et Fernando Ortiz ainsi que par l’écrivain Alejo Carpentier qui interrogent les traditions, l’esthétique et l’histoire complexes de la culture afro-cubaine.

PARIS, CARACAS, LA HAVANE, ALBISSOLA, ZURICH 1952-1967
Durant cette période, de très nombreux voyages éloignent souvent Wifredo Lam de son l’atelier. Les formes sont simplifiées et les oeuvres se construisent sur des rythmes internes. En 1952, il met fin au séjour cubain et s’installe de nouveau à Paris. Les expositions internationales se multiplient, notamment aux côtés des artistes CoBrA que lui a présentés son ami Asger Jorn. La spontanéité, la dimension collective ainsi que l’intérêt du groupe pour l’art populaire l’amènent à se confronter à de nouveaux matériaux, comme la terre cuite, et à expérimenter des formes nouvelles. Pour la série des Brousses de 1958, il fait sien le dynamisme de l’abstraction gestuelle américaine, rappel épuré des compositions à la végétation foisonnante des années 1940. Ses dessins à la fois incisifs et oniriques illustrent de nombreux textes d’amis poètes et écrivains, tels René Char et Gherasim Luca.

PARIS ET ALBISSOLA 1962-1982
A l’invitation d’Asger Jorn, il découvre la lumière italienne d’Albissola en 1954 et s’installe en 1962 dans cet important centre de céramique où il séjournera régulièrement jusqu’à la fin de sa vie. Il enrichit sa collection d’arts extra-occidentaux, exposée dans son atelier et révélatrice de la pluralité de ses sources d’inspiration. Séduit par la libération spontanée que procure le travail de la terre cuite et par l’intervention du hasard dans le processus de création « selon la durée, ou l’intensité de cuisson, les réactions de couleurs, leurs mutations », il produit près de trois cents céramiques durant l’année 1975, dont les symboles renvoient à ses oeuvres plastiques. Ces années sont aussi occupées par de nouveaux voyages – Égypte, Inde, Thaïlande, Mexique – et une reconnaissance institutionnelle croissante autant que par la conception de son ouvrage autobiographique : Le nouveau Nouveau Monde de Lam, véritable cartographie de ses affinités poétiques et géo-politiques. Travailleur infatigable, Wifredo Lam s’éteint en 1982 après avoir achevé, chez lui , les gravures pour son ultime livre d’artiste, L’Herbe sous les pavés, sur un texte de Jean-Dominique Rey.


Un court film de montage réalisé par Fabrice Maze* à partir des très nombreuses heures de rushes enregistrés par Wilfredo Lam à l’occasion de ses expositions et voyages à partir de 1946 et conservés dans les archives familiales, sera présenté à l’extérieur de l’exposition.

* auteur du film Wifredo Lam, production Aube & Oona Elléouët-Breton – Seven Doc, 2011.