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“Matthieu Paley” Hadza – derniers des premiers hommes (Prix photo du Museum)
au Jardin des Plantes - Muséum National d’histoire Naturelle, Paris

du 30 septembre 2015 au 31 janvier 2016



www.mnhn.fr

www.paleyphoto.com

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation de l'exposition avec Matthieu Paley, le 30 septembre 2015.

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1/  2/  3/  Matthieu Paley, Hadza. © M.N.H.N. - Matthieu Paley.

 


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Interview de Matthieu Paley,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 30 septembre 2015, durée 5'59". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Aux origines de l'exposition

Tout a commencé… dans le nord-est de l’Afghanistan, sur le plateau du haut Pamir. Pendant 12 ans, Matthieu Paley y a suivi les Kirghizes nomades, se familiarisant au cours des années avec la géographie, la langue, la culture, développant ses contacts… dans des lieux isolés où aucun étranger n’était venu en hiver depuis les années 1970. Il y a notamment pris conscience que pour cette communauté aux conditions de vie extrêmement difficiles et vivant en autosuffisance, tout le quotidien tourne autour de la procuration de la nourriture. En 2012, il part faire son premier reportage pour National Geographic dans le Pamir Afghan.

Au vu de ces images, National Geographic US décide de confier à Matthieu Paley un autre sujet, cette fois-ci global, sur les régimes alimentaires à travers le monde. Il s’agira de photographier des communautés auto-suffisantes, qui ne consomment aucun aliment provenant de l’extérieur donc complètement dépendantes de leur environnement. Ils déterminent les communautés à visiter en fonction de leur environnement caractéristique : désert, arctique, savane, méditerranée, montagne, océan et jungle.

Pour la partie sur la savane, il décide bien évidemment de partir en Afrique. Après de nombreuses recherches, il décide d’aller documenter le mode de vie des Hadza, qui vivent en Tanzanie et qui ont probablement le plus ancien régime alimentaire du monde : celui des chasseurs-cueilleurs.

7 pays, 44 vols et 5 mois plus tard, Matthieu Paley a terminé son reportage (« The Evolution of Diet », National Geographic, septembre 2014). Suivre le quotidien des Hadza en a constitué l’expérience la plus intense, aussi souhaitait-il ardemment la prolonger. Ce qu’il a pu réaliser grâce à la bourse professionnelle du Prix photo du Muséum : il est ainsi retourné en mars 2015 au pays des « derniers des premiers hommes ».




L’aventure de Matthieu Paley chez les Hadza

Les Hadza vivent comme nos ancêtres il y a des dizaines de milliers d’années, avant l’invention de l’agriculture : ils ne consomment que les aliments qu’ils trouvent dans leur environnement : gibier, miel, plantes. Seuls quelques produits « de confort » sont échangés auprès des tribus environnantes : vêtements, tabac et ornements, qu’ils troquent contre des peaux et du miel.

Matthieu Paley, immergé dans leur quotidien, les a suivis à la chasse, qu’ils pratiquent avec arcs et flèches. Il participe alors à de longs treks sur la piste des animaux sauvages, les chasseurs devant composer avec un handicap inédit : l’odeur exotique du photographe, facilement détectable par leurs proies potentielles… Ces marches de plusieurs jours leur a toutefois permis de rencontrer la faune environnante : des dik-diks (antilopes naines), des phacochères, des zèbres… ou encore une girafe !

Mais les Hadza ont souvent peu de succès à la chasse. Leur régime alimentaire repose donc essentiellement sur la cueillette, qui peut représenter jusqu’à 70% de leur apport énergétique annuel. Comme ils ne stockent aucun aliment, il n’y a rien à manger au campement le matin. Ils partent donc chaque jour dans la savane pendant quelques heures afin de trouver ce dont ils ont besoin : baies, miel, tubercules, fruits du baobab... et parfois un animal.

Les Hadza sont des nomades qui vivent dans des campements faits de branchages recouverts d’herbe. Quand ils quittent leur campement, branches et herbes retournent à la terre ; aucune trace n’est laissée derrière eux. Ils vivent depuis des milliers d’années en harmonie avec la nature. Mais ce qui a le plus marqué Matthieu Paley, c’est avant tout le bonheur et la joie de vivre des Hadza. Suivant leur mode de vie ancestral, ils vivent complètement dans le présent, se concentrant uniquement sur leur survie quotidienne. Pas de projection dans le futur ni de regard vers le passé… ils ne s’inquiètent pas. D’ailleurs, dans leur langue, ce concept n’existe pas.

Le mode de vie libre et intransigeant des Hadza est admirablement rendu à travers la soixantaine de photographies de Matthieu Paley. L’exposition « Hadza – Derniers des premiers hommes » immerge le visiteur dans une culture aux antipodes de ce qu’il peut connaître aujourd’hui et montre des paysages et des hommes empreints de sérénité et de beauté.




« Petit groupe d’un millier d’âmes, les Hadza, des savanes du nord de la Tanzanie, sont l’une des quelques populations africaines vivant de la chasse et de la collecte, sans élevage ou agriculture. Les Hadza forment un isolat et parlent une langue à clicks, différente de toutes les langues parlées par leurs voisins agriculteurs ou éleveurs, et qui n’est rattachée à aucune autre langue africaine. Leur mode de vie nomade se voit constamment contesté par l’administration de l’État qui souhaite les sédentariser, en même temps que leur territoire est menacé par l’expansion de l’agriculture et de l’élevage, et même par le développement des lois de protection de la nature ou le tourisme. En Afrique, quelques centaines de milliers de gens pratiquent encore une économie dominée par la chasse et la collecte, les plus connus étant les divers groupes de Pygmées dans la forêt équatoriale, et les San ou Bushmen des steppes arides d’Afrique australe. Les Hadza sont l’un de ces peuples, qui témoignent d’une interrelation particulièrement riche avec le milieu naturel et la biodiversité. »

Serge Bahuchet, ethnobiologiste et directeur du département de recherche « Hommes, nature et sociétés » au Muséum national d’Histoire naturelle.




Biographie

Matthieu Paley est né à Rouen et a passé une grande partie de ses vacances dans le camping-car familial, sur les routes d’Afrique du Nord, d’Europe et d’Asie mineure. Après des études en photographie à New York, Matthieu Paley s’installe en 1999 dans les vallées de l’extrême Nord Pakistan qu’il sillonne pendant quatre ans. Se prenant de passion pour ces régions montagneuses lointaines, il y a suivi pendant 12 ans les Kirghizes nomades, qui ont fait l’objet de son premier sujet pour National Geographic Magazine en 2012.

Photographe depuis plus de 15 ans, Matthieu Paley a été envoyé en reportage par les plus grands magazines, du Tadjikistan au Bhoutan et de la Mongolie jusqu’à Nauru, île perdue au milieu du Pacifique et plus petite république au monde. Il a réalisé en 2014 un grand reportage pour National Geographic sur l’ethnologie alimentaire, pour lequel il est parti à la rencontre de communautés isolées à travers le monde, comme les Inuits, les Hunzakuts, les Bajau ou encore les Hadza.

Matthieu Paley a collaboré à de nombreux livres dont une monographie sur la Mongolie, un livre sur l’Amérique nomade, un ouvrage sur le haut Pamir afghan. Son prochain livre « Man & Food – The Origins » (éditions 180°C, ouvrage bilingue français-anglais, www.180c.fr/man-food) sort en septembre 2015. Son travail a été exposé dans des galeries à Hong Kong, Paris et Istanbul et présenté dans de nombreux festivals. Il donne également des conférences internationales et est membre de la Photo Society. Au cours de sa carrière, il a appris à parler six langues, ce qui lui permet d’instaurer une certaine intimité qui transparaît à l’image.

Matthieu Paley réside actuellement dans un village sur la mer Egée, en Turquie.