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“Cosmos\Intime” La collection Takahashi
à la Maison de la culture du Japon, Paris

du 7 octobre 2015 au 23 janvier 2016



www.mcjp.fr

www.takahashi-collection.com

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 6 octobre 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Kumi Machida, Le visiteur, 2004. © MACHIDA Kumi, Courtesy of Nishimura Gallery.
2/  Manabu Ikeda, Histoire de grandeur et de décadence, 2006. Photo by MIYAJIMA Kei, © IKEDA Manabu, Courtesy of Mizumi Art Gallery.
3/  Yoshitomo Nara, In the Deepest Puddle II, 1995. © NARA Yoshitomo, Courtesy of the Artist.

 


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Interview de Caroline Ha Thuc, critique d’art,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 6 octobre 2015, durée 5'20". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire, Toshio Yamanashi, Directeur du National Museum of Art, Osaka (NMAO)
Coordination et assistance curatoriale, Yayoi Kojima, Curator indépendante, Tokyo
Avec le concours spécial de Ryûtarô Takahashi




Le psychiatre Ryûtarô Takahashi est l’un des plus influents collectionneurs d’art au Japon. Les 2000 oeuvres qu’il a acquises depuis 1997 composent une collection reflétant les tendances et évolutions de l’art japonais de ces trente dernières années. L’exposition Cosmos \ Intime – La collection Takahashi est un véritable événement puisque c’est la première fois qu’une quarantaine d’oeuvres de cette collection incomparable est présentée hors du Japon. Parmi les 23 artistes de cette sélection effectuée en collaboration avec Ryûtarô Takahashi figurent des stars internationales telles que Yayoi Kusama, Yoshitomo Nara ou Makoto Aida, ainsi que de nombreux représentants de la génération née après les années 60.

Lorsqu’il commence sa collection dans les années 90, Ryûtarô Takahashi n’a pas de critères de choix clairement déterminés. Ses premiers achats sont des toiles de Kusama, idole psychédélique de sa jeunesse, mais aussi du sulfureux Makoto Aida. Ses goûts se portent sur la jeune création à une époque où les musées de l’archipel, confrontés à la récession économique, s’en désintéressent. Takahashi affirme que les Japonais nés après les années 60, bien qu’arrivés à l’âge adulte, sont encore socialement immatures, ont une sensibilité à fleur de peau, et sont incapables de dépasser le cadre d’une réflexion autocentrée. Autant de traits de caractère qui, selon le psychiatre, imprègnent fortement les créations des artistes de cette génération, majoritairement représentés dans sa collection. Toujours selon Takahashi, « la scène artistique japonaise contemporaine, avec face à elle le miroir de l’art européen et derrière elle une tradition millénaire, se situe à égale distance de ces deux miroirs ». La plupart des artistes de l’exposition Cosmos \ Intime n’ont pas conscience de refléter dans leurs oeuvres des traditions ou des particularismes japonais ; ils ne cherchent pas non plus à se rallier à un style occidental. Leurs aînés, à commencer par Murakami, incarnaient les malaises sociaux du Japon d’après l’éclatement de la bulle financière des années 90. Eux s’attachent à développer un univers basé sur l’observation minutieuse de situations de leur quotidien, d’expériences très personnelles. Leurs oeuvres ouvrent cependant un passage vers le dehors, vers le monde illimité qui s’étend au-delà. Elles attestent que l’exploration de soi poussée à l’extrême est de même nature que l’immensité du monde. L’intime ouvre sur le cosmos.




À la recherche du passage entre soi et le monde.
Ce que nous dit la collection Takahashi.
par Toshio YAMANASHI,
Directeur du National Museum of Art, Osaka (NMAO)

La situation de l’art contemporain japonais évolue au gré des télescopages entre norme occidentale et norme propre à la culture japonaise. Au cours des trente dernières années, l’équilibre entre sources internes et externes, ou encore caractères étrangers et spécifiques au pays semble avoir changé de nature. En termes plus directs, on constate qu’on attache plus d’importance à ses propres particularités, à soi-même. (…) Les artistes présentés dans l’exposition Cosmos \ Intime sont bien conscients que leur sentiment d’isolement trouve son origine dans l’état général de la société et que leur sensibilité très personnelle est partagée par de nombreuses personnes, si bien qu’ils ne sont finalement pas isolés sur ce plan-là. (…) À leurs yeux, la volonté de comprendre le monde ou d’analyser des situations globales à travers l’art appartient déjà au classicisme. Conscients qu’il est désormais difficile d’avoir foi en son époque, ils intègrent à leurs créations des constatations très personnelles concernant leur propre condition. Entièrement préoccupés par cette condition mais voulant éviter de sombrer dans l’autisme, ils cherchent à se relier à leurs semblables de manière souterraine en creusant toujours plus profond en eux-mêmes. (…) Ceux qui partagent cette caractéristique sont au centre de l’attention dans le milieu de l’art contemporain japonais, qui englobe des tendances diverses. En ce qui concerne la jeune génération, cette tendance est d’ailleurs le phénomène le plus visible surnageant à la surface de l’art d’aujourd’hui. La collection Takahashi est solidement ancrée dans cette tendance. Il serait sans doute trop péremptoire d’alléguer que les antennes du collectionneur, médecin psychiatre de son état, lui ont permis de capter cette tendance avant quiconque. Mais on peut tout du moins affirmer que M. Takahashi est doté d’un sixième sens empathique qui lui donne un accès privilégié à la problématique de cette génération d’artistes, et que son flair lui permet de détecter immédiatement la qualité de leur travail. Il a ainsi pu être touché par le travail d’artistes de premier plan avant même qu’ils n’occupent le devant de la scène, et sélectionner leurs oeuvres dès leurs premières expositions. Ce point résume à lui seul la principale particularité de la collection Takahashi qui se compose de 2 000 pièces et révèle une caractéristique à l’oeuvre dans l’art japonais d’aujourd’hui.