extrait du communiqué de presse :
Directeur, Fabrice Hergott Commissaires de l’exposition : Angeline Scherf, Toke Lykkeberg et Jessica Castex
Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente COWORKERS - Le réseau comme artiste, une sélection d’artistes internationaux formés dans les années 2000 qui renouvellent les processus de création autour d’une pratique essentiellement en réseau. Mise en scène en collaboration avec le collectif new-yorkais DIS et avec la participation curatoriale de 89plus, cette exposition fait émerger un langage inédit inspiré des ressources d’Internet. À l’initiative du Musée d’Art moderne, CO-WORKERS se déploie sur deux lieux, selon deux propositions : Le réseau comme artiste à l’ARC et Beyond Disaster à Bétonsalon - Centre d'art et de recherche.
Dans un monde bouleversé par la troisième révolution industrielle, l’utilisation d’Internet et des supports de téléphonie mobiles a engendré un nouveau mode de communication lié à un flux constant d’informations. L’individu est à la fois indépendant et relié à des réseaux multiples : professionnels, techniques, artistiques, culturels, au-delà de toute limite géographique. Cette organisation est symptomatique de ce que le sociologue Barry Wellman appelle « l’individualisme connecté ».
Ce qu’on nomme aujourd’hui The Internet of Things (l’Internet des choses), renvoie à l’idée que l’être humain n’est plus le seul sujet pensant mais que les objets qui l’entourent, composent un environnement intelligent qualifié d’Ambient Intelligence (Intelligence Ambiante).
Au travers d’installations, de vidéos, de sculptures, de peintures, les artistes explorent cette complexité d’échanges qui dépasse l’échelle humaine. Ils s’intéressent à la manière dont l’intelligence et la conscience peuvent s’étendre aux machines, aux animaux, aux organismes vivants.
Dans une société caractérisée par l’accélération des données et l’omniprésence de l’image, les artistes s’inscrivent dans une culture de la visibilité, où les limites entre sphères privées et publiques s’estompent, où l’intimité devient « extimité ».
Pour concevoir la mise en scène de l’exposition, le collectif DIS, connu notamment pour leur plateforme liftestyle DIS Magazine, s’inspire des espaces de travail collectif, des centres commerciaux, des zones de transit d’aéroport. L’exposition prend ainsi la forme d’un réseau associant oeuvres, installations interactives et performances. Elle inscrit le musée dans un monde de flux et de circulation.
Les thèmes abordés dans l’exposition feront l’objet de conférences et de rencontres au sein de The Island (KEN) créé en collaboration avec Dornbracht, co-designé par Mike Meiré, installation entre cuisine et salle de bain, spécialement conçu par DIS et coproduit avec le New Museum de New York.
Artistes invités : Sarah Abu Abdallah & Abdullah Al-Mutairi, Aids-3D, Ed Atkins, Trisha Baga, Darja Bajagić, Ian Cheng, Douglas Coupland, DIS, David Douard, Cécile B.Evans, Valia Fetisov, GCC, Parker Ito, Christopher Kulendran Thomas, Mark Leckey, Clémence de La Tour du Pin & Agatha Valkyrie Ice, Shawn Maximo, Nøne Futbol Club, Aude Pariset & Juliette Bonneviot, Pin-Up, Bunny Rogers, Rachel Rose, Bogosi Sekhukhuni & Tabita Rezaire, Timur Si-Qin, Jasper Spicero, Hito Steyerl, Ryan Trecartin.
Parcours de l’exposition
Circulation et rematérialisation des images Les artistes s’approprient une banque de données illimitée fournie par le réseau pour créer leurs propres oeuvres. L’image circule, passant de l’atelier au musée, du smartphone à l’ordinateur, de Photoshop à Instagram, de Facebook, à Youtube. Elle se propage à une échelle inédite pour se re-matérialiser à travers différents supports. L’objet réel, sa reproduction, son simulacre, sa copie, ses contrefaçons se côtoient, liant tout à la fois le réel et son imitation. Cette réutilisation réduit la distinction entre le producteur et le consommateur, l’artiste et le public. Mark Leckey, Parker Ito, Aude Pariset et Juliette de Bonneviot.
Coworking Chacun se définit aujourd’hui comme un individu connecté et le travail personnel s’organise dans des espaces publics. Les bureaux, les centres commerciaux, les zones de transit dans les aéroports sont des lieux familiers, considérés comme un prolongement de la vie privée. La fluidité numérique efface les distances entre sphère professionnelle et privée. Les co-workers passent facilement d’un réseau à l’autre, que celui-ci soit en ligne ou non, et collaborent au-delà des méthodes managériales et des frontières culturelles, économiques, et géographiques. DIS, Pin-Up, Christopher Kulendran Thomas, Cécile B. Evans
L’extimité La notion d’extimité est développée par Jacques Lacan dans les années 60 pour définir la relation intime de l’analyste et de l’analysant. Elle est reprise pour caractériser le mode extraverti du dévoilement de la vie intime dans les réseaux sociaux et les médias. L’individu contemporain se multiplie, s’expose, se met en scène, se dédouble en autant de personnages que de situations à inventer. Nøne Futbol Club, Ryan Trecartin, Timur Si-Qin, Clemence de la Tour du Pin
La biotechnosphère L’avènement d’Internet et des avancées technologiques contemporaines, de la bionique à la cybernétique, crée de nouveaux contextes. Cette accélération engendre des sociétés aux opportunités considérables et aux risques élevés. La biosphère (l’écosystème naturel) et la technosphère (l’infrastructure numérique) coexistent et se développent à des rythmes différents. Des géologues envisagent l’effondrement de l’une ou de l’autre. David Douard, Ian Cheng, Rachel Rose
L’Intelligence Ambiante Le développement rapide de l’intelligence artificielle invite à évoluer dans un environnement doué de sensations et de conscience. Plus les objets tendent aux progrès, plus ils se rapprochent d’une notion prémoderne ancestrale, celle d’une conscience animiste, magique des choses inanimées. L’installation The Island (KEN) de DIS matérialise cette dimension. Elle combine en un seul module deux espaces domestiques, une cuisine et une salle de bain, qui s’active de manière autonome et fait référence à « l’Internet des objets », l'extension d'Internet aux objets du monde physique. The Island(KEN) est aussi une plateforme pour des rencontres et des conférences. DIS – The Island
La fin des antagonismes Le réel est localisé autant dans la nature physique des objets que dans tout ce que nous projetons sur eux, les fantasmes qu’ils suscitent, les souvenirs qu’ils font renaître. Dans un monde marqué par la fluidité et le fonctionnement en réseau, les distinctions binaires disparaissent : espace réel et virtuel, humanité et animalité, information et voyeurisme, individu et avatars, opposition Orient-Occident. GCC, Ed Atkins, Trisha Baga, Hito Steyerl
89plus
Le programme 89plus présente le travail d’artistes nés après 1989, date de la naissance du World Wide Web et du début de la démocratisation de l’accès universel à Internet.
Expositions dans l’exposition, six propositions d’artistes de 89plus se succèdent à intervalles réguliers au sein de l’Aquarium, transformé en vitrine activée électriquement, passant de la transparence à l’opacité. Ce dispositif renforce le caractère prospectif lié à la démarche expérimentale du projet.
Artistes invités : 9 - 25 octobre : Bogosi Sekhukhuni et Tabita Rezaire 27 octobre – 15 novembre : Sarah Abu Abdallah et Abdullah Al-Mutairi 17 novembre - 6 décembre : Darja Bajagić 8 décembre – 27 décembre : Jasper Spicero 29 décembre- 17 janvier : Bunny Rogers 19 – 31 janvier : Valia Fetisov
Parallèlement, un programme intitulé « Entracte », dédié à la vidéo et à la performance, est diffusé dans The Island (KEN) de DIS Artistes invités : Josh Bitelli, Max Hawkins, Nicholas Korody, Felix Melia, Santiago Villanueva, Zou Zhao
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