contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Lena Gudd” La trace invisible des gens
à la Maison de la Photographie Robert Doisneau, Gentilly

du 16 octobre 2015 au 17 janvier 2016



www.maisondoisneau.agglo-valdebievre.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Lena Gudd, le 15 octobre 2015.

1733_Lena-Gudd1733_Lena-Gudd1733_Lena-Gudd

Légendes de gauche à droite :
1/  2/  Lena Gudd. cc-by-sa Lena Gudd / Tumuult.
3/  Lena Gudd. Fermont, 2015. cc-by-sa Lena Gudd / Tumuult.

 


1733_Lena-Gudd audio
Interview de  Lena Gudd,
par Anne-Frédérique Fer, à Gentilly, le 15 octobre 2015, durée 10'37". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaire : Michaël Houlette, Directeur de la Maison de la Photographie Robert Doisneau



Comment concrétiser en une simple image cette alchimie de sensations fragiles et simultanées qui constituent un moment présent ?

Lena Gudd est née en 1986 à Lilienthal en Allemagne. Elle mène de brillantes études européennes en sciences politiques à Maastricht, Bath et Paris puis décide aussitôt de devenir photographe. En s’écartant d’une voie professionnelle qui semblait déjà tracée, elle se tourne vers un projet essentiel : utiliser la photographie comme expérience concrète du monde, aller à la rencontre des autres et tâcher, à sa façon, de pénétrer le coeur des choses.

Les choix et les aspirations profondes de Lena Gudd sont indissociables. Le rituel photographique – son dispositif, ses procédures- est pour elle une évidence. Elle promène un vieil appareil argentique 6x6, une mécanique pataude et anachronique qui renvoie à une pratique du siècle passé. L’attitude photographique de Lena Gudd n’est pas celle de sa génération : sa photographie est faite d’aléas, de latence et de parcimonie. L’image est rare, précieuse, incertaine aussi. Elle parle volontiers de cet appareil comme d’un coéquipier, d’un troisième personnage avec qui il faut composer pour réaliser des portraits. Et tant pis si la mécanique de son appareil se bloque, le cliché se fera un autre moment, un autre jour peut-être.

Car l’image est avant tout un lieu de rencontre, le déclenchement presqu’un prétexte. C’est une question d’éthique et d’implication. Lena Gudd n’opère qu’après de longs échanges, un temps nécessaire et incompressible pour faire qui va finalement guider sa manière de voir. Lena Gudd ne photographie pas, elle consacre le lien dans l’instant.

La Maison de la photographie Robert Doisneau interroge la photographie, son histoire et ses pratiques actuelles, à travers le prisme de l’humanisme. Sans le savoir, Lena Gudd cultive cette tradition photographique délibérément tournée vers autrui. Mais sa démarche ne vise pas à témoigner de qualités humaines ni à rendre compte d’une quelconque universalité de comportements. Son empathie, loin d’être démonstrative, relève de la coïncidence subtile. Ses images révèlent l’enchantement discret et savoureux d’une présence. Elles conservent les traces de l’indicible relation qui unit un être vivant à un autre…humain ou animal.

Cette exposition et l’ouvrage qui l’accompagne présenteront pour la première fois l’oeuvre de cette jeune artiste. La scénographie signée du collectif franco-allemand Tumuult proposera une installation de 90 épreuves argentiques noir et blanc et permettra de suivre la photographe à Berlin mais aussi dans les régions les plus septentrionales de l’Europe et du Canada. Il y a l’Islande mais aussi et surtout Fermont, cette ville minière de l’extrême nord canadien où Lena Gudd se rend régulièrement : « J’ai le Nord en moi. Ce qui m’attire, ce sont les gens qui habitent ce type de paysage, leur vie et leur symbiose avec la nature. Dans la région de Fermont par exemple, il n’y a que quelques collines. Le peu de relief créé un infini quotidien. Là-bas, la neige ajoute de l’isolement à l’éloignement. Là-bas, les individus jouissent d’une étonnante liberté dans une forme d’exil. »

Michaël Houlette




Un livre accompagne l’exposition
Lena Gudd, Traces.
Catalogue d’exposition publié par Tumuult Éditions, Berlin, 2015 .

Préface de Michaël Houlette, directeur de la Maison de la Photographie Robert Doisneau.
Textes d’Hélène Gaudy, écrivain et de Sophie Jacquot, docteur en science politique, chercheuse au Centre d’études européennes de Science Po.