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“Sepik” Arts de Papouasie-Nouvelle-Guinée
au musée du quai Branly, Paris

du 27 octobre 2015 au 31 janvier 2016



www.quaibranly.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 26 octobre 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Masque. Bois sculpté, pigments blanc, rouge et noir. 35,5 x 7 x 12 cm, 893 g. Pays: East Sepik (province) Océanie. Ethnie: Iatmul (population). © musée du quai Branly, photo Claude Germain.
2/  Récipient, spatule à chaux. Section de bambou gravé, os de casoar sculpté et ajouré, fibres végétales. 36 x 8,3 x 8,3 cm, 395 g. Pays: Indigai (village) Océanie. © musée du quai Branly, photo Claude Germain.
3/  Figurine, milieu du 20e siècle. Bois, pigments, coquillages, fibres végétales. 24,5 x 10 x 10 cm, 445 g. Pays: East Sepik (province) Océanie. © musée du quai Branly, photo Thierry Ollivier, Michel Urtado.

 


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Interview de Philippe Peltier, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 26 octobre 2015, durée 12'44". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire : Philippe Peltier, Conservateur général du patrimoine, Responsable des collections Océanie-Insulinde au musée du quai Branly.
Commissaire associé : Markus Schindlbeck, Conservateur honoraire des collections Océanie et Australie de l’Ethnologisches museum, Berlin.
Conseiller scientifique : Christian Kaufmann, Conservateur honoraire, ancien responsable de la collection Océanie du Museum der Kulturen, Bâle.




Première exposition en France consacrée aux arts des populations du fleuve Sepik en Papouasie-Nouvelle-Guinée, l’exposition du musée du quai Branly rassemble 230 oeuvres en provenance de ses propres collections et de celles de 18 musées d’Europe.

Le Sepik est le plus long cours d’eau de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il se situe au nord de l’île et s’étend sur 1 126 km avant de se jeter dans l’océan Pacifique. Immense marais, sa vallée abrite depuis le premier millénaire avant notre ère des populations qui vivent sur les berges ou dans des zones proches du fleuve et de ses affluents. Ces sociétés évoluent dans un monde où tout objet est susceptible d'être sculpté, gravé ou peint de figures animales, humaines ou de motifs abstraits.

Sculptures, crochets, colliers en coquillage d’huître perlière, tambours à fente, flûtes en bambou, coiffes en vannerie, coupes en coco, panneaux d’écorces peintes, cranes surmodelés, qu'ils appartiennent au quotidien ou apparaissent lors des cérémonies, les objets sont parés d'images ou de signes en lien avec la nature et les figures ancestrales humaines ou animales.

L'exposition évoque l'espace d'un village traditionnel avec ses lieux publics ouverts à tous et ses majestueuses maisons des hommes érigées sur des allées accessibles aux seuls initiés. Elle mène à la découverte des figures majeures des ancêtres et permet aux visiteurs d'appréhender les multiples formes et variations sous lesquelles les ancêtres se manifestent.

L’exposition présente les résultats de 35 ans de recherches menées par Philippe Peltier, Markus Schindlbeck et Christian Kaufmann. Les pièces présentées ont été choisies pour leurs qualités formelles et pour leur intérêt ethnographique. Certaines comptent parmi les icônes de l’art du Sepik. Toutes témoignent de la grande diversité des formes développées et de matériaux utilisés par les habitants des berges du fleuve.

Dans le Sepik, la société se caractérise par une séparation entre le monde des hommes et celui des femmes. L’organisation des villages reflète cette scission. Alors que les maisons d’habitation sont le domaine des femmes et sont regroupées en quartiers ou hameaux réunissant des familles appartenant à un même clan, les hommes passent la majeure partie de leur temps dans d’impressionnantes maisons construites au centre du village. Ces maisons des hommes sont les principaux lieux de cultes qui peuvent se déployer, pour certains, à l’abri des regards des femmes et pour d’autres publiquement.

Pour rendre compte de la densité de ce monde partagé entre ciel et eau, les commissaires d’exposition ont choisi de faire découvrir aux visiteurs les rapports étroits entretenus par les habitants de la vallée avec le monde des esprits et des ancêtres. Avec une scénographie immersive qui guident le visiteur à travers un village, l’exposition SEPIK, Arts de Papouasie-Nouvelle-Guinée donne à voir et à comprendre cette organisation sociale unique.

Alors que Paris accueille, en décembre, la Conférence mondiale sur le climat de 2015, COP21, l’exposition « Sepik, Arts de Papouasie-Nouvelle-Guinée » met en lumière la diversité des rapports qu’entretiennent les populations de la région du Nord de la Papouasie-Nouvelle- Guinée avec le fleuve Sepik.

« Sepik : ce mot bref, qui claque comme un coup de fouet dans l’air, a hanté, hante et hantera encore longtemps notre imaginaire. Il est l’un de ces noms qui évoquent des contrées lointaines, des lieux mythiques. Ici, une vallée du nord de la Nouvelle-Guinée. Il y a mille manières de découvrir le Sepik. Des générations entières l’ont abordé par la lecture de récits d’explorateurs et d’aventuriers ou de récits scientifiques comme ceux de Margaret Mead ou, plus pointus, de Gregory Bateson. D’autres l’ont découvert dans les musées et plus particulièrement dans les musées allemands, notamment le musée d’Ethnologie de Berlin. Là, au fil des vitrines d’une richesse insoupçonnée, elles découvraient, souvent incrédules, des objets aux formes inventives, imprévisibles des objets qui sont autant de provocations à l’imagination, où se mêlent, dans un débordement ininterrompu, agressivité, séduction et sexualité. » Philippe Peltier et Markus Schindlbeck




Repère géographique : le fleuve Sepik

Le Sepik est un lieu étonnant. Long de 1126km au nord-est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, ce fleuve nourricier est déterminant du mode de vie des habitants de la vallée. Source de richesse pour l’alimentation, moyen de transport, ses débordements annuels rythment la vie des villages installés dans un vaste marais. C’est le domaine de la pêche mais aussi des ancêtres.

Une immense diversité de cultures et de langues s’est développée au cours des millénaires dans la vallée du Sepik. Les régions du Moyen et du Bas Sepik comptent à elles seules 90 langues différentes.

Loin de vouloir couvrir le fleuve en son entier, l’exposition reprend un découpage familier dédié aux régions du Bas (incluant la région de l’embouchure du Ramu et le lac Murik) et du Moyen Sepik. Les groupes qui peuplent densément cette zone partagent de nombreux traits culturels. Ils sont souvent liés par d’intenses réseaux d’échanges de biens et d’idées.


Repère historique : découverte du Sepik

Si la vallée du Sepik est habitée depuis plusieurs milliers d’années par des groupes qui semblent avoir migré à différentes époques, pour l’Occident son histoire commence en 1886 - année qui suit l’annexion de la Nouvelle Guinée par l’Allemagne - avec la découverte de l’embouchure du fleuve par le capitaine Eduard Dallman et le naturaliste Otto Finsch. De nombreuses expéditions suivront cette première incursion.

Trois d’entre elles furent particulièrement importantes et à l’origine des exceptionnelles collections et documentations des musées allemands.

L’expédition de Hambourg parcourut le fleuve durant 13 jours en mai 1909 et l’un de ses membres, Otto Reche, publia en 1913 une étude qui fait toujours référence aujourd’hui. La collection est conservée au musée d’ethnographie de Hambourg.

La deuxième expédition, celle d’Otto Schlaginhaufen, dura 15 jours en juillet 1909. Elle enrichit les collections du musée d’ethnographie de Dresde.

Vient enfin, en 1912-1913, l’expédition commanditée par le musée ethnographique de Berlin. Y participèrent le chimiste et anthropologue Adolf Roesicke, le géographe Walter Behrmann et le juriste et ethnologue Richard Thurnwald. Hélas Roesicke mourut peu après la Seconde guerre mondiale et n’a jamais publié ses notes de terrain. A l’occasion de l’exposition, son journal de terrain vient d’être publié par Markus Schindlbeck.


Parcours de l’exposition : la traversée d’un village Sepik

L’exposition mène le visiteur à la découverte des différents espaces d’un village en l’invitant à un cheminement fictif dont le but est d’expliciter les différents niveaux d’usage des objets qui peuvent varier en fonction des lieux et des groupes à qui ils appartiennent. Ce cheminement repose sur une idée : révéler progressivement les significations de plus en plus raffinées que les hommes donnent à leurs créations.

A l’entrée de l’exposition, la visite commence à bord de deux immenses pirogues en forme de crocodiles. Une fois débarqué sur les rives du grand fleuve, le visiteur pénètre au coeur d’un village. Au fil du parcours, les oeuvres invitent à la découverte des lieux strictement hiérarchisés : espace des femmes, espace des hommes, espace des initiés. Progressivement, le parcours dévoile la figure majeure commune à toutes les cultures du Sepik : les ancêtres fondateurs. Créateurs du monde, ils sont omniprésents dans les cérémonies rituelles au cours desquelles ils peuvent apparaître sous la forme de crocodile, comme dans chaque acte du quotidien.