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“Images du Grand Siècle” L’estampe française au temps de Louis XIV (1660 - 1715)
à la BnF François-Mitterrand, Paris

du 3 novembre 2015 au 31 janvier 2016



www.bnf.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 2 novembre 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Michel Mosin, d’après Jean-Baptiste Corneille, Vanité au squelette dans : la mort est la solde et le paiement du péché, vers 1680. Burin. BnF, Estampes et photographie.
2/  Antoine Trouvain, Mademoiselle d’Armagnac en robe de chambre, 1695. Eau-forte et burin, sergé de laine imprimé au bloc et rehauts verts. BnF, Estampes et photographie.
3/  Etienne Picart, d’après Gaspard Marsy et Balthazard Marsy, Les Chevaux d’Apollon, 1675?, Paris, Imprimerie royale. Eau-forte et burin. BnF, Estampes et photographie.

 


1753_Images audio
Interview de Vanessa Selbach, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 2 novembre 2015, durée 15'26". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Vanessa Selbach et Rémi Mathis, conservateurs, département des Estampes et de la photographie, BnF




En présentant plus de 160 pièces, issues en majorité de ses collections de gravures exceptionnelles, la BnF offre la première exposition d’envergure consacrée à l’âge d’or de cette technique en France. L’art de l’estampe est à son apogée sous le règne de Louis XIV : supplantant Rome, Anvers ou Amsterdam, Paris s’affirme alors comme le centre de production le plus important en Europe, à une époque où la gravure est le seul moyen de diffuser l’image.

L’exposition présente un panorama de l’estampe en France – essentiellement à Paris – qui connaît un développement sans précédent sous le règne personnel de Louis XIV, de 1660 à 1715 : à travers un parcours thématique, elle propose de faire découvrir toute la variété de la production gravée de cette période, de ses grands chefs-d’oeuvre à ses expressions les plus populaires, et les multiples usages de l’estampe. C’est alors la vogue du portrait, des livres de fête, des recueils d’ornements et d’architecture, des gravures de mode, des estampes de grand format en plusieurs planches - vues topographiques, tableaux religieux, almanachs muraux illustrés ou placards de soutenance de thèses - dont les dimensions n’ont jamais été aussi grandes que durant la seconde moitié du XVIIe siècle.

C’est à cette époque que les graveurs parisiens comme Robert Nanteuil, Gérard Edelinck, Girard Audran, Sébastien Leclerc ou les Lepautre atteignent une véritable perfection technique dans l’art de la taille-douce, gravure au burin ou à l’eau forte qui devient le modèle de référence pour toute la gravure européenne des XVIIIe et XIXe siècles.

Cette extraordinaire production a été favorisée par les politiques officielles et leur souhait de promouvoir les beaux-arts et les arts décoratifs comme symboles du goût français qui s’impose alors en Europe, et au-delà comme reflet de la gloire du monarque absolu.

Signe révélateur, c’est pendant la première décennie du règne de Louis XIV que le pouvoir crée une chalcographie, le Cabinet du roi, entreprise de publication officielle d’estampes unique en son genre en Europe, glorifiant demeures, collections et conquêtes du Roi-Soleil. Au même moment, la bibliothèque royale en rachetant les oeuvres de grands amateurs contemporains, rassemble les premières collections d’estampes qui constituent le noyau historique de l’actuel département des Estampes et de la photographie de la BnF.




Présentation

La Bibliothèque nationale de France possède la collection de référence pour les estampes françaises, et sans doute la plus riche collection d’estampes anciennes au monde avec plus de deux millions de pièces.

Les estampes constituent les images les plus ordinaires du XVIIe siècle. Ce sont parfois des images artistiques et, dans ce domaine, l’estampe française a atteint une perfection technique inégalée, devenant un modèle pour toute l’Europe à un moment où fleurit l’industrie de la copie. Mais ce sont aussi des images du quotidien aux usages plus ordinaires, comme le sont les images aujourd’hui : portraits, modèles pour les artisans, support de la piété et usages religieux, souvenirs d’un voyage, écho d’un événement d’actualité, jeux et calendriers, proverbes et jeux de mots, etc. À travers ces collections, nous accédons au paysage visuel de l’homme ordinaire du XVIIe siècle.
La création de cette collection d’estampes a été voulue par le Roi Soleil lui-même, qui fonde le Cabinet des estampes au sein de sa bibliothèque royale en 1667 avec l’aide de Colbert. Cette exposition ne permet pas seulement de voir les documents produits à une époque glorieuse de l’histoire de France, mais aussi d’entrer directement dans les stratégies de représentations du roi. Grâce à ce Cabinet d’estampes, Louis XIV devient son propre éditeur, à des fins de propagande. Le roi avait compris toute l’importance de l’estampe comme support privilégié de la diffusion des idées – un média social avant l’heure.

Organisée à l’occasion du tricentenaire de la mort de Louis XIV, cette exposition met en valeur ces extraordinaires collections. D’un point de vue scientifique, il s’agit de la première exposition sur le sujet, alors que des expositions internationales avaient déjà été consacrées à l’estampe de la Renaissance, de la première moitié du XVIIe siècle ou du XVIIIe siècle. Elle est accompagnée d’un catalogue en anglais et en français, destiné à faire référence. L’essentiel des pièces provient des collections de la BnF, ce que permet l’extraordinaire richesse des fonds ; elles sont complétées par quelques emprunts à des collectionneurs particuliers, au musée du Louvre, au musée des Beaux-Arts d’Orléans et au château de Grignan.


Parcours de l’exposition

À travers le médium particulier de l’estampe, l’exposition touche en réalité à la question plus générale de l’image – ordinaire, reproductible à de multiples exemplaires, souvent peu onéreuse – à l’époque du Roi Soleil.

L’exposition adopte ainsi un plan thématique, qui permet de souligner la diversité des usages de l’estampe. Parce qu’on ne peut traiter de l’image sous le Roi Soleil sans parler de celle du roi lui-même, voire de celles qu’il commande pour sa plus grande gloire, l’exposition s’ouvre sur une première section, La gloire du roi, qui traite d’un sujet attendu mais central : la propagande et la propension du pouvoir monarchique à diffuser une histoire et des représentations qui le mettent en valeur.

Or, nous nous situons à une période où l’Europe tout entière a les yeux tournés vers Paris et Versailles. Les arts et la gravure d’interprétation montrent comment la culture française bénéficie d’une diffusion en dehors des frontières grâce aux copies gravées des principales créations d’alors : tableaux, sculptures, dessins, architecture ou arts décoratifs. Ces estampes sont achetées mais aussi copiées à l’étranger et servent d’inspiration pour de nouvelles créations locales. Certains des meilleurs graveurs au monde sont français et sont reconnus comme de véritables artistes dignes d’entrer à l’Académie à cette époque.

Dans les sections suivantes, Portraits et événements puis Religion et scènes de genre, on voit que l’estampe au XVIIe siècle n’est pas seulement artistique contrairement à ce qu’elle deviendra aux siècles suivants. Image ordinaire, elle se fait le support des activités des hommes. Les thèmes les plus souvent traités demeurent ainsi religieux : de la petite image de dévotion que l’on glisse dans son livre de messe à cette gigantesque pièce haute de plusieurs mètres qui sert de tableau d’autel. L’estampe est ainsi forcément prise dans son temps : ce n’est pas un hasard si certaines des plus belles gravures sont des portraits – souvent hommage d’un client à un haut personnage. La plupart des grands événements d’alors sont également représentés pour un public avide de connaître les actualités et deviennent témoignages pour l’historien de ce qui intéressait ou était considéré comme important.

L’estampe est un produit issu d’une élaboration complexe, comme le décrit la dernière partie, Techniques de l’estampe et collectionneurs. Ce n’est pas l’ouvrage d’une seule personne. Interviennent plusieurs artistes pour dessiner le motif et le graver puis des artisans pour imprimer et vendre ce qui est tout autant un produit manufacturé qu’une oeuvre d’art. Aussi, l’exposition se consacre-t-elle également à expliquer les techniques employées, de l’idée jusqu’à la réalisation de la gravure puis sa conservation jusqu’à nous.