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“Le Marais en héritage(s)” 50 ans de sauvegarde, depuis la loi Malraux
au Musée Carnavalet, Paris

du 4 novembre 2015 au 28 février 2016



www.carnavalet.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 3 novembre 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Roland Liot (Photographie de), La Place des Vosges, 20 décembre 1975. © Roland Liot.
2/  Marion Rivolier (Aquarelle de), Place des Vosges, acardes, SketchCrawl 14 février/8 mars 2015. © Marion Rivolier Urban Sketchers Paris.
3/  Jean Mounicq (Photographie de), Portrait d'André Malraux, ministre de la Culture, dans son bureau de la rue de Valois, Paris (Ier arr.). 1967. Paris, musée Carnavalet. © Musée Carnavalet / Roger-Viollet.

 


1756_Marais audio
Interview de Valérie Guillaume, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 3 novembre 2015, durée 10'56". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat
Valérie Guillaume, Directrice du musée Carnavalet – Histoire de Paris




« Sur la plupart de ces quais au-delà de Notre-Dame ne figure aucun monument illustre […]. Ils sont les décors privilégiés d'un rêve que Paris dispensa au monde, et nous voulons protéger ces décors à l'égal de nos monuments. » André Malraux. Intervention à l’Assemblée Nationale, 23 juillet 1962.

40 ans après la mort d’André Malraux et à l’occasion du 50e anniversaire du tracé du premier secteur sauvegardé parisien, le musée Carnavalet propose une exposition dédiée au Marais, quartier qui occupe une place singulière dans le coeur des Parisiens.

À la suite de la loi du 4 août 1962, instaurant les secteurs sauvegardés dont le caractère historique justifie « la conservation, la restauration et la mise en valeur », ce quartier bénéficie depuis 1964 d’un dispositif de protection patrimoniale spécifique, à l’instar des centres historiques des villes comme Lyon, Chartres, Clermont-Ferrand ou Aix-en-Provence.

La sauvegarde du Marais a suscité d’exceptionnelles aventures humaines, individuelles et collectives. À travers les récits où se croisent des décideurs, des aménageurs, des élus, des architectes, des urbanistes et des résidents émergent de multiples visions et controverses.

Quels ont été les défis, les succès et les revers de la valorisation ? Que révèlent-ils ? Vers quel renouveau tendent-ils ? La rétrospective évoque les questions patrimoniales et esthétiques que pose ce plan de sauvegarde mais aussi ses dimensions sociologiques, économiques et humaines. Riche de plus 300 oeuvres, elle met en perspective 50 ans de l’évolution d’un quartier exceptionnel par l’abondance de ses hôtels particuliers érigés aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles qui côtoient des architectures contemporaines et au coeur duquel se trouve le musée Carnavalet.

Témoignages, photographies, films, cartes, maquettes, instruments, échantillons, affiches, dessins in situ, prélèvements, éléments d’architecture rendent compte de ce quartier vivant en évolution permanente. Le visiteur est invité à une véritable « immersion sensorielle » à travers les couleurs et les matériaux du Marais.

À travers de nombreuses pièces inédites issues d’hôtels particuliers, de maisons de rapport ou de lieux de culte sauvés de la destruction, et provenant aussi de fouilles archéologiques récentes, un Marais secret s’offre au public qui redécouvre ainsi le savoir-faire, l’art de vivre et l’esthétique si spécifiques à ce quartier. Des prêts exceptionnels issus de monuments fermés au public comme l’hôtel Amelot de Bisseuil, actuellement en restauration, sont présentés pour la première fois.




Les principaux thèmes de l’exposition
Loin d’être figé, le secteur sauvegardé du Marais a considérablement évolué depuis la mise en place de la loi Malraux. Cette exposition pluridisciplinaire rend compte de ces 50 années de sauvegarde à travers des dispositifs innovants et des pièces rarement montrées au public, privilégiant un rapport sensible et poétique au territoire.

Une exposition qui préfigure la rénovation du musée Carnavalet
À la veille d’une rénovation de grande ampleur qui s’achèvera en 2019, le musée Carnavalet repense en profondeur la présentation de ses collections ainsi que sa médiation afin de devenir le musée incontournable pour comprendre Paris, son espace urbain, ses habitants, sa mémoire et son histoire. L’exposition « Le Marais en héritage(s) : 50 ans de sauvegarde, depuis la loi Malraux » est l’occasion d’expérimenter ces nouvelles clés de compréhension d’un territoire. L’approche inédite qui est proposée préfigure l’une des salles d’introduction du futur musée après sa rénovation.

Les habitants du Marais à l’honneur
L’exposition fait revivre le Marais à travers le regard et le témoignage de ses habitants : un dispositif numérique interactif propose ainsi aux visiteurs de se plonger dans deux rues familières du quartier, la rue des Rosiers dans le 4e arrondissement et la rue du Temple, dans le 3e arrondissement. C’est à partir de témoignages, de photos, d’extraits de presse qu’un portrait vivant est esquissé. Ce dispositif original a été réalisé spécialement pour l’exposition dans le cadre d’un partenariat entre le musée Carnavalet - Histoire de Paris avec les universités Paris I - Panthéon Sorbonne et UPEC Val de Marne, Institut d’urbanisme de Paris. Les étudiants de Paris 8 Vincennes Saint Denis, programme CréaTIC en ont conçu l’éditorialisation et l’interface numérique.

Une approche sensorielle du Marais
Le nom « Marais », appliqué spécifiquement à ce quartier, semble avoir émergé dans les années 1560. C’est au XVIIe siècle qu’il devient le quartier le plus élégant et le plus à la mode de la capitale. De magnifiques fragments collectés le plus souvent dans des espaces fermés au public font revivre cette élégance et forment une véritable « matériauthèque » du Marais constituée de lambris, portes, solives, balustres de rampes, sculptures, céramiques, boucles, monnaies, enseignes, documents, photographies, films, plans, maquettes…

Pour prolonger cette approche sensible et poétique du Marais, l’architecte-coloriste Guillaume de Monfreid propose une étude spécifiquement conçue pour l’exposition avec le Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement (CAUE) de Paris. Il établit ainsi de nombreux nuanciers des couleurs du Marais.

La loi Malraux à l’origine des secteurs sauvegardés
La sauvegarde du Marais inaugure un mouvement international de préservation et de mise en valeur des quartiers anciens qui émerge dans les années 1960.

Un secteur sauvegardé est une zone urbaine soumise à des règles particulières en raison de son « caractère historique, esthétique ou de nature à justifier la conservation, la restauration et la mise en valeur de tout ou partie d'un ensemble d'immeubles, bâtis ou non » (loi du 4 août 1962 dite « loi Malraux »). Il existe aujourd’hui 105 secteurs sauvegardés en France. André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, comptait en créer 400. D’une extraordinaire richesse patrimoniale, le Marais est le premier quartier parisien déclaré « secteur sauvegardé » en décembre 1964. Son territoire de 126 hectares, environ 1,2% de la surface de Paris, recouvre partiellement les 3e et 4e arrondissements. Nous célébrons en 2015 le 50e anniversaire de sa délimitation.

L’autre secteur sauvegardé à Paris est la partie Est du 7e arrondissement, il est délimité par un Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) établi en 1972 et approuvé en 1991.

La création contemporaine au coeur du Marais
La sauvegarde du patrimoine n’exclut pas les projets architecturaux contemporains. Bien au contraire, même dans un secteur sauvegardé, la ville se construit par strates temporelles successives. Trois propositions architecturales des années 2010, présentées en début d’exposition, témoignent de cet harmonieux dialogue entre le patrimoine et la création :
- les logements sociaux construits par les architectes Chartier-Corbasson à l’angle des rues de Turenne et Saint-Antoine (4e), avec leur audacieuse façade évolutive et mobile, en alignement de rue.
- la réhabilitation de l’ancienne Société des Cendres par l’architecte Pierre Audat au 39 rue des Francs-Bourgeois (4e),
- la future fondation des Galeries Lafayette conçue par Rem Koolhaas situé entre la rue du Plâtre et la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie (4e), actuellement en cours d’aménagement.

Les acteurs de la sauvegarde du Marais
Depuis l’établissement de son périmètre le 16 avril 1965, le secteur sauvegardé du Marais fait l’objet d’une politique de mise en valeur active qui mobilise politiques, architectes, urbanistes, historiens, archéologues mais aussi les bénévoles et les amoureux du Marais. L’exposition donne la parole à l’ensemble de ces acteurs passionnés.

Les ministres : André Malraux et Pierre Sudreau :
Dès 1959, le ministre des affaires culturelles André Malraux partage avec son collègue Pierre Sudreau, ministre de la Construction, la volonté de sauvegarder le patrimoine historique et esthétique. Ensemble, ils engagent le ravalement des monuments parisiens, que Malraux évoque en ces termes :
« Paris noir était une ville triste. C’est la saleté qui l’avait rendue triste. Le noir supprimait les ombres, donc le décor ».

André Malraux considère la sauvegarde comme une ressource imaginaire féconde :
« Dans notre civilisation, l’avenir ne s’oppose pas au passé, il le ressuscite ».

Son grand génie a été de réussir à personnifier la loi votée le 4 août 1962 et depuis communément appelée « loi Malraux ».

C’est exceptionnellement au Sénat que cette loi est d’abord présentée, en décembre 1961, par Pierre Sudreau. La loi a un double but, dit-il, « de protéger et d'essayer de restaurer des quartiers anciens ou historiques qui font partie de l'âme de notre pays ».

Le 23 juillet 1962, André Malraux prononce devant l’Assemblée nationale un discours dont cet extrait demeure particulièrement fameux :
« Les nations ne sont plus seulement sensibles aux chefs-d'oeuvre, elles le sont devenues à la seule présence de leur passé. Ici est le point décisif : elles ont découvert que l'âme de ce passé n'est pas faite que de chefs-d'oeuvre, qu'en architecture un chef-d'oeuvre isolé risque d'être un chef-d'oeuvre mort ».

Les amateurs
En 1970, la FNAC lance un concours à destination des photographes amateurs pour immortaliser Paris. Prêtées généreusement par la Bibliothèque historique de la Ville de Paris (BHVP), ces images témoignent de la vie populaire du Marais à cette époque : les amateurs entrent dans les cours et dans les ateliers, accèdent aux chantiers de construction et témoignent ainsi des transformations du quartier.

Les passionnés
Animés par la passion du quartier, des amateurs s’engagent bénévolement dans sa préservation et arpentent méthodiquement ses rues pour capturer ses singularités et ses trésors afin d’en dresser un plan exhaustif. De 1962 à 1968, Michel Raude met en place le Festival du Marais. Inspiré par le Festival d’Avignon, il propose des spectacles vivants dans les hôtels particuliers du quartier afin de faire connaître ce patrimoine. Roland Liot, photographe professionnel, est aussi spectateur de cette époque : il explore le Marais pour figer sur la pellicule les modifications qui l’affectent.

Les défenseurs
Le Marais a été également un territoire d’intense mobilisation militante contre l’expulsion de ses habitants et la rénovation par le privé de son patrimoine historique. Créé en 1975, l’inter-comité du Marais alerte l’opinion et les médias et contribue activement à modifier la réflexion en matière d’architecture et d’urbanisme.




Une invitation à la promenade
À la fin de l’exposition deux promenades, à travers le musée et le quartier, sont proposées.

Au sein du musée Carnavalet - Histoire de Paris le visiteur découvre les nombreuses oeuvres et décors intérieurs du Marais qui n’ont pas pu être déplacés dans les salles d’exposition temporaire : la maquette de l’ensemble décoratif provenant de l’hôtel Colbert de Villacerf, datant du XVIIe siècle évoque ces nombreux ensembles décoratifs des XVIIe et XVIIIe siècles remontés dans l’hôtel Carnavalet.

Enfin, l’exposition engage chacun à inventer sa promenade dans le quartier, sur les pas des artistes Kojiro Agaki, Françoise Schein, Michel Longuet ou encore de la communauté des Urban Sketchers Paris, réseau de dessinateurs qui a organisé spécialement pour l’exposition deux « marathons de dessins » (ou SketchCrawl) en février et mars 2015.