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“Varda / Cuba” article 1762
au Centre Pompidou, galerie de photographies, Paris

du 11 novembre 2015 au 1er février 2016



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition, le 23 novembre 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Agnès Varda, Cuba [Arrivée de l’órgano de Manzanillo, banlieue de Bayamo ], 1963. 18,3 x 23,9 cm. Épreuve gélatino-argentique. Collection Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne - Centre de création industrielle. crédit photographique : © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Georges Meguerditchian/Dist. RMN-GP/Dist. RMN-GP. © Agnès Varda
2/  Agnès Varda, Cuba [La Havane, le 2 janvier 1963, rassemblement à l’occasion du quatrième anniversaire de la révolution cubaine], 1963. 18,3 x 23,9 cm. Épreuve gélatino-argentique. Collection Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne - Centre de création industrielle. crédit photographique : © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Georges Meguerditchian/Dist. RMN-GP/Dist. RMN-GP. © Agnès Varda.
3/  Agnès Varda, Cuba [Fête à Cubanacan], 1963. 18,3 x 24 cm. Épreuve gélatino-argentique. Collection Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne - Centre de création industrielle. crédit photographique : © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Georges Meguerditchian/Dist. RMN-GP/Dist. RMN-GP© Agnès Varda.

 


1762_Varda audio
Interview de Clément Chéroux, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 23 novembre 2015, durée 11'28". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Clément Chéroux, conservateur, chef du cabinet de la photographie au musée national d’art moderne
Karolina Ziebinska-Lewandowska, conservatrice, cabinet de la photographie au musée national d’art moderne




Décembre 1962, Agnès Varda est à Cuba, à la Havane. L’exposition de la galerie de photographies du Centre Pompidou révèle pour la première fois au public les étonnantes photographies réalisées par Varda lors de ce séjour et qui sont récemment entrés dans les collections du Centre Pompidou.

Son périple s’inscrit dans la tradition des voyages d’artistes et d’intellectuels français à Cuba. Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Gérard Philipe ou Chris Marker y sont déjà allés ; Henri Cartier-Bresson et René Burri sont là en même temps qu’elle ; Michel Leiris, Marguerite Duras et quelques autres y séjourneront bientôt. Si Agnès Varda raconte volontiers qu’elle a eu trois vies : d’abord photographe, puis cinéaste, avant de devenir artiste plasticienne. De ces trois existences, c’est certainement la première qui est la moins connue.

Dans l’île caribéenne, Varda est fascinée par l’élan de mobilisation populaire que permet la révolution. Mais elle est loin d’être naïve et demeure critique face aux impasses et aux contradictions du régime. Cela fait, en effet, quatre ans que Fidel Castro et son Movimiento 26 de Julio ont renversé le dictateur pro-américain Fulgencio Batista. Après le débarquement avorté dans la baie des Cochons, la mise en place de l’embargo économique et la crise des missiles, la tension avec les États-Unis est à son paroxysme. En octobre 1962, les photographies prises par un avion de reconnaissance américain révèlent que les Soviétiques construisent sur l’île des rampes de lancement d’ogives nucléaires. Seules d’intenses négociations internationales permettront alors d’éviter que ce soudain « réchauffement » de la guerre froide en plein coeur des Caraïbes ne déclenche un nouveau conflit mondial.

À La Havane et dans ses environs, Agnès Varda découvre un étonnant cocktail de politique omniprésente et de sensualité débridée. Cuba représente à ses yeux la rencontre inédite « du socialisme et du cha-cha-cha ». Varda y réalise des milliers de photographies en vue d’en faire un film. Elle fixe l’atmosphère nerveuse de la ville, la démarche chaloupée des Cubaines, la coupe de la canne à sucre, les danses de rue improvisées et les discours interminables du Líder  Máximo devant une foule conquise. Ses images jouent avec la composition, la profondeur de champ et les premiers plans. Elles ont la qualité d’un regard aigu mais toujours en mouvement.

De retour à Paris, la cinéaste filme ses séries de photographies au banc-titre. Mises en séquences, les images fixes se trouvent ainsi réanimées au rythme des congas et d’un texte lu par Michel Piccoli et Varda elle-même. D’une durée de trente minutes, le film sort en mai 1964. Il porte le titre Salut les Cubains, en référence au magazine phare des yé-yé, Salut les copains, créé deux ans plus tôt. Il sera couronné d’une médaille de bronze au festival du film documentaire de Venise. Le choix de l’image arrêtée puis réanimée, l’adoption d’un langage documentaire novateur, le positionnement par rapport au cinéma direct mais aussi le point de vue féminin, le jeu avec les stéréotypes et l’habile positionnement politique qui permet d’éviter la censure, en fait assurément un film important du cinéma documentaire de cette décennie.

Les photographies utilisées pour le film sont loin d’être de simples notes de voyage, des vues documentaires de circonstance, ou les simples supports d’un commentaire en voix off. Elles révèlent un véritable oeil de photographe. L’exposition de la galerie de photographies met en dialogue ces photographies et le film créant, entre images fixes et images animées, une tension qui est au coeur de l’oeuvre d’Agnès Varda.




À l’occasion de l’exposition Varda / Cuba au Centre Pompidou
Cycle cinéma, du 11 au 20 décembre 2015, cinéma 2
Dix projections, des inédits, des rencontres, en présence d’Agnès Varda. À l’occasion de l’exposition, la cinéaste évoque son rapport à la photographie à travers ses propres films, à travers la série Une minute pour une image, diffusée pour la première fois en intégralité, et des films qu’elle présente elle-même au Centre Pompidou et qu’elle va faire découvrir au public. Parmi eux, De Cierta Manera, film inédit de la cinéaste cubaine Sarita Gomez, Fraise et chocolat, de Tomas Gutierrez Alea et El Otro Cristobal, d’Armand Gatti.




Publication, catalogue de l’exposition
Co-édition Éditions Xavier Barral et Centre Pompidou avec les textes : Clément Chéroux, François Hourmant, Valérie Vignaux et l’entretien avec de Agnès Varda par Karolina Ziebinska-Lewandowska.

Ce premier ouvrage sur le travail photographique d’Agnès Varda est consacré à la série qu’elle a réalisée à Cuba en 1963. Fascinée par l’énergie qui règne à La Havane et ses environs, entre socialisme et cha-cha-cha, Agnès Varda rapporte des milliers de photographies prises sur le vif avec l’idée de faire un film. L’artiste crée avec cette série une tension entre images fixes et images animées, c’est à dire entre photographie et cinéma, qui réside au coeur de son oeuvre.