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“Delacroix et l’antique” article 1779
au Musée national Eugène-Delacroix, Paris

du 9 décembre 2015 au 7 mars 2016



www.musee-delacroix.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 8 décembre 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Eugène Delacroix (Charenton-Saint-Maurice, 1798 – Paris, 1863), Léda et le cygne. 1834. Fresque. H. 62,5 ; L. 88 cm. Paris, musée national Eugène-Delacroix, MD 1992-3 © RMNGrand Palais (musée du Louvre) / Michèle Bellot.
2/  Roger Fenton (Bury, 1819 – Potters Bar, 1869), The Discusthrower. 1857. Épreuve sur papier salé à partir d’un négatif verre au collodion. H. 76 ; l. 71 cm. Londres, The British Museum, CE114/1009 © The Trustees of the British Museum.
3/  Eugène Delacroix (Charenton-Saint-Maurice, 1798 – Paris, 1863), Étude d’homme nu, dit aussi Polonais. Vers 1820. Huile sur papier collé sur toile. H. 80 ; l. 54 cm. Cachet en cire rouge de l’artiste au dos. Paris, musée du Louvre, département des Peintures, rf 1953-40 © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec.

 


1779_Delacroix audio
Interview de Dominique de Font-Réaulx,
commissaire de l'exposition et directrice du Musée national Eugène-Delacroix,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 8 décembre 2015, durée 15'35", © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire de l’exposition :
Dominique de Font-Réaulx, directrice du musée national Eugène-Delacroix,
assistée de Jessica Watson, en lien avec le département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre.




Ce qui caractérise l’antique, c’est l’ampleur savante des formes combinées avec le sentiment de la vie, c’est la largeur des plans et la grâce de l’ensemble. Eugène Delacroix, 1857

En prenant pour point de départ le décor de la façade de l’atelier, conçu par Eugène Delacroix lors de son installation rue de Fürstenberg, cette exposition, organisée en lien avec le département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du Louvre, explore pour la première fois la relation étroite que l’artiste entretint avec l’art antique ─ liens qui ont, jusqu’à aujourd’hui, fait l’objet de peu d’études. Ce décor intime, toujours conservé aujourd'hui, offre de souligner la permanence de son intérêt pour l'antiquité grecque et romaine, comme l'originalité du point de vue de Delacroix.

L’exposition présente des dessins et des peintures de Delacroix au regard des moulages choisis par le peintre pour le décor de la façade, des ouvrages et des textes qui sont à l’origine de ce choix. Un ensemble d’autographes et de manuscrits permettront de montrer la part théorique comme la part sensible prise par l’art antique dans la conception de cet artiste romantique. Le projet du Dictionnaire des beaux-arts, conduit à partir de 1857, année de la réception de Delacroix à l’Académie des beaux-arts et année de son installation place de Fürstenberg, est mis en valeur.

Grâce à des prêts exceptionnels de la Bibliothèque nationale de France, du département des Monnaies et médailles notamment, du British Museum, des musées français, des départements des Antiquités grecques, étrusques et romaines, des Arts graphiques, des Peintures du Louvre, cette exposition inédite offre de présenter un Delacroix moins connu, tout en valorisant les lieux du musée eux mêmes, derniers appartement et atelier du grand peintre.

Delacroix s’installa rue de Fürstenberg en 1857 ; il eut la possibilité de faire construire, dans le jardin dont il avait l’usage, un atelier de belles dimensions. Pour son seul agrément, il choisit d’orner la belle façade sur le jardin, rythmée à l’image de celles des demeures néoclassiques anglaises, de moulages d’oeuvres antiques.

Associant Athènes et Rome, les luttes menées par Thésée et l’harmonie offertes par les beaux-arts, l’instant du combat et l’éternité de la création artistique, cette façade du dernier atelier du peintre compose une sorte de programme intime, en hommage à l’Antiquité secrète de Delacroix. L’artiste avait, après six tentatives infructueuses, été élu à l’Académie des beaux-arts en ce début 1857. Le nouvel académicien, qui s’était formé hors du cursus académique, prit cette nouvelle position très à coeur et cette élection avait renouvelé son intérêt théorique pour l’art antique. Son installation place de Fürstenberg coïncida avec l’entreprise de la rédaction d’un Dictionnaire des beauxarts, fondé sur les réflexions antérieures du Journal et de ses articles.




Préface du catalogue par Dominique de Font-Réaulx et Françoise Gaultier

Cette exposition au musée Eugène-Delacroix est l’occasion, pour la première fois, de revenir sur les liens que l’oeuvre du grand artiste entretint avec les arts de l’Antiquité. Ces liens ont fait, jusqu’à aujourd’hui, l’objet de peu d’études. Il a semblé à beaucoup que le peintre, incarnation d’un esprit romantique affranchi des contraintes académiques, avait peu regardé l’antique. Il n’en fut rien, bien sûr. Dès ses premières visites au Louvre, Delacroix fut un fervent admirateur des oeuvres romaines qui y étaient exposées. Comme ses contemporains, il fut bouleversé par la présentation, à Londres et à Paris, des marbres du Parthénon. Citant un article de Ludovic Vitet, il écrivait en 1860 : « Des marbres incomparables, tels que n’en possédait aucun musée d’Europe, apparurent tout à coup à Londres et à Paris. […] Se rappelle-t-on bien l’étonnement, le trouble où ces chefs-d'oeuvre jetèrent les esprits ? Ce type de beauté contrariait toutes nos traditions. » Dès le milieu des années 1820, il s’était intéressé aux gravures des médailles, devenues un répertoire de modèles pour son talent comme pour son imagination.

L’Antiquité de Delacroix fut ainsi classique et moderne, conventionnelle et imaginative. Elle fut aussi, grâce à son voyage au Maroc, vivante et incarnée. Il crut alors avoir retrouvé intacts les héros de l’art antique, dans leur noblesse et leur hardiesse. Delacroix eut également, avant les découvertes en Crète ou en Asie Mineure, l’intuition d’une Grèce orientale, qu’il ne vit jamais. Peu de temps avant sa mort, devenu, enfin, académicien, il se mobilisa pour que la collection Campana fût installée au Louvre dans son ensemble, afin que fût gardé intact l’esprit de sa réunion et que l’on découvrît ainsi « la grâce et la vérité du génie antique ».

En remerciant tous ceux qui ont rendu ce projet possible, nous nous réjouissons des liens ainsi affermis entre le département des Antiquités grecques, étrusques et romaines et le musée Delacroix.

Dominique de Font-Réaulx, directrice du musée national Eugène-Delacroix
Françoise Gaultier, directrice du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre