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“De toi à la surface” article 1791
Le Plateau, Frac Île-de-France, Paris

du 21 janvier au 10 avril 2016



www.fraciledefrance.com

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage, le 20 janvier 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Jean-Pascal Flavien, Sequence (chair, table, chair, table, chair), 2014. Courtesy de l’artiste et galerie Esther Shipper, Berlin. Photo : © Andrea Rossetti.
2/  Camille Blatrix, Tosch 3, 2015. Courtesy de l’artiste et galerie Balice Hertling, Paris.
3/  Karl Larsson, The dangerous beauty of an empty room, 2010. Courtesy de l’artiste et galerie Nordenhake, Berlin.

 


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Interview de François Aubart, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 20 janvier 2016, durée 7'44". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire de l’exposition : François Aubart



Avec Camille Blatrix, Barbara Bloom, Christian Boltanski, Simon Dybbroe Møller, Jean-Pascal Flavien, Judith Hopf, Karl Larsson, Shelly Nadashi, Anouchka Oler, Stuart Sherman, James Welling.


L’accessoiriste place sur le plateau des objets essentiels à l’histoire qui va s’y dérouler, mais doit-on nécessairement la raconter ? Les éléments du décor sont là pour composer un environnement et créer les conditions d’une action, ceci même sans la présence des acteurs. Une scène et une narration se mettent en place à partir d’éléments placés les uns après les autres, les uns sur les autres, les uns derrière les autres. On les décrypte comme les éléments d'une histoire teintée de leur utilisation (Jean-Pascal Flavien), comme une syntaxe langagière (Karl Larsson), comme un tour de magie (Stuart Sherman). Quoi qu’il en soit, les frontières entre ces catégories sont poreuses, dès lors que les accessoires prennent la place des acteurs.

La scène sur laquelle ils se produisent (Barbara Bloom), ou les effets qui entourent leur apparition (James Welling) peuvent aussi leur donner littéralement un rôle à jouer et une histoire à raconter. La compréhension de cette histoire dépend de notre capacité à interpréter les accessoires comme on le ferait de pièces à conviction ou de collections. On pourrait nommer cela « l’esprit de l’étagère » : contrairement à celui de l’escalier, on ne retrouve pas une idée trop tard, on découvre un trait de caractère dans des objets qui en sont pourtant physiquement dépourvus. Qui sait les voir reconnaîtra le portrait de leur propriétaire (Christian Boltanski) ou les désirs contradictoires qui hantent ces choses banales (Simon Dybbroe Møller).

En somme, ces suppléments d’âme qu’on accorde aux objets sont les nôtres. Nous y investissons nos intuitions et nos affects. Parfois au point que sujets et objets semblent indissociables (Judith Hopf) ou incompréhensibles l’un sans l’autre (Shelly Nadashi). Il arrive même que l’on constate qu’ils ont pris une sorte d’autonomie, qu’ils ont une existence qui leur est propre (Camille Blatrix) ou sont mus par des sentiments (Anouchka Oler).

Nous sommes donc habitués à ce que les objets remplissent d’autres fonctions que celles pour lesquelles ils ont été fabriqués. C'est ce constat qui réunit les artistes de cette exposition. Tous présentent des objets reconnaissables en tant que tels et évoquant aussi une narration ou des sentiments. Ce « et », ce chevauchement, est important. C’est là que s’invente une relation toute singulière, où nos affects fournissent aux objets leur puissance d’évocation. On peut voir ces oeuvres comme autant de moments où, de façon aussi irrationnelle qu’inattendue, nos sentiments s’accordent avec notre environnement.

François Aubart


François Aubart est critique d’art et commissaire d’expositions. Certains de ses textes ont été publiés dans les revues May, Flash Art, Art Press, Art21, 2.0.1, 02, 04. Il a organisé plusieurs expositions dont les plus récentes sont : L’appropriationniste (Contre et avec) et Joe Scanlan, Classism (Villa du Parc, Annemasse), L’écho des précédents (Cneai, Chatou), On ne connaît les chiffres que d’un côté du plan (Art3, Valence), An Ever Changing Meaning (Walter Phillips Gallery, Banff, Canada) et Profonde surface (Shanaynay, Paris). Il enseigne l’histoire et la théorie de l’art à l’Ensba Lyon. Il est co-fondateur de la revue ∆⅄⚙ et du projet éditorial <o> future <o>.