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“Persona” étrangement humain
au musée du quai Branly, Paris

du 26 janvier au 13 novembre 2016



www.quaibranly.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 25 janvier 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Galukoji, accordéon divinatoire, 1920-1950, Culture pende, Congo. Bois, plumes, patine, 30 × 30 cm environ. © musée du quai Branly, photo Claude Germain. Surnatéum, Bruxelles.
2/  Deux sculptures haïtiennes représentant le loa Ogoun, XIXe siècle, Haïti. Matériaux composites, 40 et 20 cm environ. © musée du quai Branly, photo Claude Germain. Surnatéum, Bruxelles.
3/  Love Doll. © Doll Story.

 


1796_Persona audio
Interview de Anne-Christine Taylor et Emmanuel Grimaud, commissaires de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 25 janvier 2016, durée 14'00". © FranceFineArt.
(de gauche à droite : Emmanuel Grimaud, Anne-Christine Taylor et Thierry Dufrêne)

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire : Emmanuel Grimaud, Anthropologue, chargé de recherche au CNRS
Conseiller scientifique : Anne-Christine Taylor, Directeur de recherche émérite, CNRS




Les avancées technologiques des dernières décennies ont donné à nos sociétés occidentales un scénario digne des plus grands films de science-fiction. Nombreux sont les objets qui ont un statut plus proche de celui d’une personne ou d’une créature que d’un simple objet. Objets d’art – occidental ou non occidental, populaire ou contemporain –, ou produits high tech – robots, machines, etc. – se voient régulièrement attribuer, dans leur utilisation, des capacités d’action insoupçonnées, qui en font des quasi-personnes.

Le chamane qui convoque les esprits à travers une statuette prenant les traits des dieux, l’enfant qui voue une passion à son doudou, tous ceux qui conversent avec l’animal de compagnie, ami commun du quotidien… partout, les frontières entre l’humain et tout ce qui l’entoure semblent de plus en plus perméables, soulevant des questions plus larges de cohabitation entre l’homme, l’objet, l’animal et la machine.

À l’heure des grands débats sur le transhumanisme et l’intelligence artificielle, le musée du quai Branly propose une exposition qui permet de comprendre les mécanismes par lesquels les cultures, des plus ancestrales au plus contemporaines, « injectent de la personne » dans les objets. À travers un ensemble exceptionnel de 230 oeuvres : statues, amulettes, marionnettes, masques, robots, automates, l’exposition fait la lumière sur ces « étranges humains ».

Analysant le processus de transformation de la matière inerte à l’objet incarné voir animé, elle explore les raisons contextuelles, les émotions provoquées (malaise, répulsion, fascination…), les relations tissées (solidarité, empathie, attachement…). Réunissant des objets de toute nature, souvent surprenants, parfois perturbants, l’exposition PERSONA, Étrangement humain devient un véritable laboratoire d’anthropologie, invitant le visiteur à une expérience de la rencontre, autant déstabilisante qu’enrichissante.




Quand les arts premiers rencontrent la robotique

L’un des domaines où les effets de personnification sont le plus discutés et où ils constituent une pièce majeure du débat est sans nul doute la robotique. De nombreuses questions se posent en effet à ceux qui cherchent à concevoir des créatures artificielles. Faut-il que nos artefacts nous ressemblent et jusqu’à quel point ? Sinon, de quelle manière doivent-ils différer ? Les robots sont-ils des personnes “non humaines” comme les autres ? La question vaut pour les robots, mais aussi pour toutes les créatures artificielles.

L‘exposition PERSONA, Étrangement humain du musée du quai Branly propose de reprendre autrement ce débat sur les créatures artificielles, de l’élargir grâce à ce que nous savons de l’expérience d’autres cultures qui ont, au contraire de la nôtre, laissé proliférer les quasi-personnes ; car la question : « de quoi voulons-nous nous entourer ? » ne s’est jamais posée avec autant de force qu’aujourd’hui.

« L’exposition décompose le problème des effets de perception de personne en s’interrogeant sur les paramètres qui font que l’on perçoit une personne plus qu’un objet dans tel ou tel artefact (sculpture, marionnette, robot, etc.) et que l’on peut développer avec elle une relation particulière ou personnalisée. L’objectif n’est pas seulement de donner à voir ces artefacts, mais de permettre aux visiteurs de se rendre compte par eux-mêmes de la manière dont on peut être conduit à attribuer à des objets une forme de personnalité, dès lors qu’ils possèdent certaines caractéristiques ou sont pris dans des dispositifs particuliers. » Emmanuel Grimaud




Parcours de l’exposition

En puisant aussi bien dans l’art occidental ou non occidental que dans l’art populaire ou contemporain, en confrontant le visiteur à des objets empruntés aux domaines des nouvelles technologies, du design ou de la robotique, l’exposition PERSONA, Étrangement humain rend compte de l’extraordinaire hétérogénéité des supports, des formes ou des “fréquences” au moyen desquels des effets de personne se rendent identifiables. Elle illustre la diversité des domaines, parfois inattendus – de la religion à l’astrobiologie en passant par la robotique – dans lesquels ils peuvent se manifester. Par la nature même des pièces présentées et le parti-pris scénographique, l’exposition devient un terrain d’expérimentation inédit, proposant à chacun de « tester » ses propres réactions face aux différents objets habités.

En guise d’introduction, le visiteur est accueilli dans l’exposition par une vidéo qui propose un dialogue avec l’homme invisible imaginé ici en anthropologue dialoguant sur la notion de « personne ». L’exposition se répartie ensuite en quatre grandes sections : Il y a quelqu’un ? (Présences non identifiés) ; Il y a personne ! (Manière d’identifier) ; La Vallée de l’Étrange ; Maison-témoin (De quoi voulons-nous nous entourer ?). Le parcours se clôt par le point d’orgue de l’expérimentation, la visite d’une maison-témoin, peuplée de créatures artificielles, parmi lesquels chacun peut choisir ses amis, désigner ses ennemis, et ainsi composer sa propre famille.