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“En route ! Dessins néerlandais de paysage” & “Capturer la lumière”1801
à la fondation Custodia, Paris

du 30 janvier au 30 avril 2016



www.fondationcustodia.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 29 janvier 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Josephus Augustus Knip (1777-1847), Paysage près de Galloro, avec un voyageur et une fontaine. Lavis gris et aquarelle, sur un tracé au crayon, 273 x 430 mm. © John and Marine van Vlissingen Art Foundation.
2/  Lodewijk Toeput, dit Pozzoserrato (c. 1550-1603/5), Paysage panoramique d’une rivière avec des voyageurs, un homme coupant du bois et une ville au loin. Plume et encre brune, lavis brun, sur un tracé à la pierre noire, 142 x 205 mm. © John and Marine van Vlissingen Art Foundation.
3/  Jozef Van Ruyssevelt, Derrière la maison, 1963. Eau-forte et aquatinte, 317 x 445 mm. © Collection particulière, Belgique.

 


1801_Dessins-paysage audio
Interview de Ger Luijten, directeur de la Fondation Custodia,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 29 janvier 2016, durée 11'51". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

En route ! Dessins néerlandais de paysage. Collection John et Marine van Vlissingen

La Fondation Custodia accueille à Paris l’exposition consacrée à l’impressionnante collection de dessins anciens de John et Marine Fentener van Vlissingen – Comtesse de Pourtalès. Présentée au Rijksmuseum pendant l’été 2015, cette exposition sera dévoilée au public français dès le 30 janvier 2016 : 100 dessins de voyage, des feuilles d’artistes allant du XVIIe siècle, avec Rembrandt et Jacob van Ruisdael, jusqu’au XIXe siècle avec la génération de Josephus August Knip (1777-1847).

Durant 50 ans, John et Marine van Vlissingen ont minutieusement bâti cette collection de paysages d’artistes néerlandais et flamands représentant la nature aux Pays-Bas, mais aussi en France, en Italie, en Angleterre ou en Afrique.

Les artistes néerlandais ont toujours eu la réputation d’être d’avides voyageurs. À cheval, en diligence, en barge ou à pied, ils ont sillonné le monde durant les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Ils ont à chaque fois témoigné, dans leurs dessins, de la variété des paysages traversés. Pour ceux n’ayant pas l’inclination, le courage ou l’argent pour entreprendre de tels voyages, le travail des autres artistes voyageurs était précieux. Ainsi pour la première fois dans l’histoire de l’art, les paysages n’étaient plus considérés comme arrière-plan de scènes bibliques ou mythologiques, mais comme un sujet en tant que tel.

Bien qu’il n’ait sans doute jamais quitté les Pays-Bas, Rembrandt (1606-1669) a fréquemment dessiné la nature et plus particulièrement celle autour d’Amsterdam. La feuille dans l’exposition à la Fondation Custodia, Rempart près de la St. Anthonispoort à Amsterdam, provient du magnifique ensemble de paysages réalisé par Rembrandt entre 1648 et 1652, ayant appartenu à la collection du Duc de Devonshire à Chatsworth. Comme dans bien d’autres œuvres de la même période, Rembrandt restitue ici parfaitement la scène usant tout simplement de la plume et de l’encre brune, avec un lavis brun sur papier beige, ce qui confère à l’œuvre une luminosité rare et une harmonie tout à fait remarquable.

À ses côtés se trouve une Vue du pont de l’Amstel (Hogesluis) à Amsterdam de Jacob van Ruisdael (1628/29-1682). Il s’agit d’un splendide exemple du style raffiné de l’artiste. Trois autres feuilles de cette série sur l’Amstel sont parvenues à la postérité ; deux d’entre elles sont conservées à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, la troisième à la Kunsthalle de Brême. Le dessin fait forte impression avec son horizon bas et son imposant ciel nuageux. Le pont-levis, celui en pierre au loin, et les cinq moulins sont typiques du paysage hollandais, mais le fait de les réunir dans une telle concentration au sein d’une même composition, reste exceptionnel.

Comme bon nombre de ses compatriotes du Sud des Pays-Bas, Lodewijk Toeput, dit Pozzoserrato (1550-1603/5), a quitté les Flandres pour l’Italie afin de fuir l’occupation espagnole. Il arrive à Venise vers 1573 puis s’installe à Trévise où il passe le reste de sa vie. Le Paysage panoramique a été réalisé par Pozzoserrato peu après son arrivée à Trévise. Il est probable qu’il a été conçu pour une série de représentations des mois de l’année ou des quatre saisons. Le thème, la technique et le style sont ici fort similaires au dessin, plus large, de l’Allégorie de l’Hiver conservé à la Yale University Art Gallery à New Haven, Etats-Unis.

L’aquarelle représentant des Vaisseaux sur une mer calme de Hendrick Avercamp (1585-1634) apparaît comme l’illustration littérale du titre de l’exposition : En route ! Dessins néerlandais de paysage. Avercamp était très doué pour obtenir des effets magistraux malgré une économie de moyens.

Deux dessins sont tout récemment venus enrichir la collection de dessins de John et Marine van Vlissingen. La Vue de la ville de La Valette sur l’île de Malte est un dessin panoramique de Willem Schellinks qui provient de la vente I.Q. van Regteren Altena, tandis que l’Intérieur d’église de Pieter Saenredam est issu de l’Atlas Munnicks van Cleeff qui contient essentiellement des représentations topographiques de la ville et de la province d’Utrecht.

L’un des plus importants aquarellistes du XVIIIe siècle aux Pays-Bas était Hermanus Numan (1744-1820). Il a représenté un grand nombre de manoirs et de parcs, faisant de ce thème sa spécialité dans les années 1780. Les deux aquarelles de l’exposition sont des exemples raffinés de son art. Elles représentent une orangerie dans un parc avec un point d’eau. Ces feuilles devaient appartenir à une série plus large comme en témoigne une troisième aquarelle de mêmes dimensions, conservée à l’Albertina de Vienne, sur laquelle Numan montre une vue de face de la même orangerie. Une quatrième vue est par ailleurs apparue récemment ; il s’agit de l’esquisse préparatoire faite en plein air par l’artiste. Dessin et aquarelle seront présentés ensemble dans l’exposition.

C’est à nouveau l’Italie qui est représentée avec le Paysage près de Galloro, avec un voyageur et une fontaine de Josephus Augustus Knip (1777-1847). Aux XVIIIe et XIXe siècles, les artistes étrangers résidant à Rome quittaient la ville durant les mois d’été, attirés par la douceur de la campagne romaine aux collines pittoresques et aux bois ombragés. Knip a réalisé un grand nombre d’études d’après nature, révélant ses dons d’aquarelliste. Il dessine ici le chemin menant au sanctuaire de Santa Maria di Galloro, dans la région des lacs Albano et Nemi, au sud-est de Rome. Contrairement à la majorité des paysages et des panoramas de Knip, parfois exécutés sur plusieurs feuilles et laissant des parties inachevées, le Paysage près de Galloro est entièrement aquarellé.

En écho à l’exposition Paysages de France organisée par la Fondation Custodia en 2006, l’exposition actuelle présente également des dessins néerlandais réalisés en France au XVIIe siècle. Parmi eux, ce dessin de maisons sur une falaise en contrebas du Château de Francheville, près de Lyon, attribué à Jan ou à son fils Joan Wils.

La France est représentée également avec la Vue du quartier Vertais à Nantes de Lambert Doomer (1624-1700) et la spectaculaire grande Vue de Cambrai exécutée en couleur par le spécialiste des dessins topographiques Adam Frans van der Meulen, mort à Paris en 1690.

L’exposition de la Fondation Custodia se tient du 30 janvier au 30 avril 2016. Elle est accompagnée d’un catalogue en anglais, édité à l’occasion de l’exposition au Rijksmuseum d’Amsterdam en 2015 : Home and Abroad. Dutch and Flemish Landscape Drawings from the John and Marine van Vlissingen Art Foundation.




Capturer la lumière. L’oeuvre sur papier Jozef Van Ruyssevelt (1941-1985)

Parallèlement à cette exposition du premier étage, est présenté dans le sous-sol de l'hôtel Lévis-Mirepoix un choix d'œuvres sur papier du peintre et graveur flamand Jozef Van Ruyssevelt (1941-1985).

La Fondation Custodia a pu acquérir une douzaine d'eaux-fortes, un carnet d’esquisses et une série de gouaches provenant de sa succession, alors que le cabinet d’arts graphiques du Rijksmuseum à Amsterdam détient l'œuvre graphique presque complet de l'artiste. À l’occasion de cette exposition, les deux institutions ont travaillé en étroite collaboration.

L'accent sera mis sur les eaux-fortes de Van Ruyssevelt. Ou comment donner un caractère dramatique aux sujets qui le sont moins : vues fortuites, intérieurs avec chaises et armoires, natures mortes aux bouteilles et aux plantes en pot. Dans sa Vue de l’atelier datée de 1979, un peu de lumière du jour perce encore et vient mollement se refléter sur la surface du meuble vernis. La pièce est plongée dans une épaisse pénombre de hachures. Il faut plisser les yeux pour espérer distinguer quelque chose entre ces traits toujours plus rapprochés, menant vers des recoins toujours plus obscurs.

On trouve parfois, au cœur de cette étendue noire, une surface aussi blanche que le papier sur lequel est gravée l'eau-forte. Le plateau en verre de Verre sur verre (1980) par exemple. Devant cette zone de lumière émerge, tapie dans l'ombre, une corbeille à trois fruits avec une feuille silhouettée sur le blanc dans une noirceur impénétrable. La lumière fait ainsi toujours face à quelque chose de sombre. Un examen plus attentif montre que cette feuille noire ne possède pas de contour précis : on dirait une forme coupée dans un tissu, aux bords effilochés. Et à quel fruit cette petite feuille appartient-elle ? Une pomme ? Une mandarine ? L’art graphique de Van Ruyssevelt est tout en suggestion. On reconnaît dans ses grandes lignes une nature morte ou un intérieur, mais les détails demeurent indéfinis.

L’exposition présente non seulement un choix de l’œuvre graphique de l’artiste, mais aussi de nombreuses créations en couleur : gouaches, pastels, une esquisse à l’huile. Car le monde intime capturé par Van Ruyssevelt dans ses eaux-fortes était en réalité multicolore et il a fait preuve d’une grande sensibilité pour ces tonalités chaudes et intenses. La juxtaposition avec les œuvres en couleur enrichit la perception des feuilles en noir et blanc et montre aussi comment le graveur a traduit toutes ces gradations colorées dans des contrastes clair-obscurs.

L'exposition s'accompagne de la publication d'un catalogue raisonné de l'œuvre graphique de Van Ruyssevelt, avec des reproductions de la totalité des 200 gravures et des œuvres apparentées exécutées dans d’autres techniques. Le catalogue, dans une édition néerlandaise et française, est publié par la Fondation Custodia.