contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Noémie Goudal” Cinquième Corps
au Bal, Paris

du 12 février au 8 mai 2016



www.le-bal.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 10 février 2016.

1811_Noemie-Goudal1811_Noemie-Goudal1811_Noemie-Goudal

Légendes de gauche à droite :
1/  Noémie Goudal, Observatoire IX, 2014. © Noémie Goudal. Courtesy Noémie Goudal / Galerie Les filles du calvaire / Galerie Edel Assanti.
2/  Noémie Goudal, Station VI, 2015. © Noémie Goudal. Courtesy Noémie Goudal / Galerie Les filles du calvaire / Galerie Edel Assanti.
3/  Noémie Goudal, Observatoire VIII, 2014. © Noémie Goudal. Courtesy Noémie Goudal / Galerie Les filles du calvaire / Galerie Edel Assanti.

 


1811_Noemie-Goudal audio
Interview de Noémie Goudal,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 10 février 2016, durée 9'08". © FranceFineArt.

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Il se pourrait finalement que la question que pose Noémie Goudal avec son travail puisse se résumer simplement à « comment habiter l’espace ». Avec ses installations photographiées dans des environnements naturels, l’artiste française scénarise des lieux de solitude dans lesquels sont réinjectés une nouvelle réalité, faite de factices. Ce sont des immensités marines (Observatoires, Station), des immeubles esseulés (In search of the first line) où Noémie Goudal vient déposer de curieuses constructions.

Structures recomposées à partir de photographies d’architectures existantes, elles rappellent un peu les assemblages de l’enfance. Des morceaux d’édifices imbriqués les uns avec les autres finissent par former une nouvelle structure. Un bâti assez énigmatique apparait au milieu de l’espace, et donc, plus tard de l’image finale. Discret, l’artifice d’assemblage-il s’agit de feuilles A3 grossièrement jointes et contrecollées sur du carton - n’est pas tout de suite perceptible. Il peut même échapper à l’œil si l’on y regarde trop rapidement. Pourtant, le factice n’est pas masqué. Nous sommes bien devant une image composée et assumée comme telle, celle d’une construction fictionnelle (bâtiments ou même sphères solaires avec Station). Elle est placée dans un paysage réel. Central et frontal, ce bâti fait oublier la ligne d’horizon ou même le délaissement de l’immeuble. Une nouvelle composition s’offre au regard.

Les deux zones, celle de l’image construite et celle de l’espace investi, s’agglomèrent dans une harmonie troublante presque angoissante. A la limite du trompe-l’œil abyssal et du faux-semblant masquant un vide, l’image est bien là pour habiter l’espace, presque pour en cacher la vue. Derrière des recherches fouillées sur les modes de représentations et son histoire ou encore sur les liens entre le ciel et la terre, entre la nature et les hommes, Noémie Goudal nous met devant ce constat déroutant d’une image qui comble et qui obstrue à la fois.

Avec sa dernière expérimentation (Study on perspective), à partir d’un dispositif de stéréoscopie géant, elle parvient à nous faire prendre conscience que la structure de l’artifice se loge dans le fonctionnement de notre cerveau qui peut même inventer du relief qui n’existe pas. Une expérience que l’on doit faire in situ dans le lieu d’exposition du Bal. Cela serait l’occasion de se confronter aux très grands formats de Noémie Goudal, confrontation indispensable à une connaissance de son travail.

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

LE BAL présente la première exposition monographique en France consacrée à Noémie Goudal. Dans l’exposition Cinquième Corps, les séries In Search of the First Line (2014), Observatoires (2014) et Southern Light Stations (2015) côtoieront des pièces inédites produites spécifiquement pour l’espace du BAL.

Noémie Goudal crée des sculptures photographiques ambigües, fabriquées de toutes pièces. Elle installe ces édifices, souvent faits de papier, dans des paysages naturels, recréant ainsi de nouvelles perspectives. Ces éléments architecturaux (escaliers, dômes, tours…) ou cosmiques (ellipses…), sont placés dans des océans vierges ou des étendues désertes. En s’attardant sur ces formes, le regard décèle aisément la trace d’artifices (plis, imperfections, cordes, câbles…) caractéristiques d’objets en deux dimensions conçus pour l’unique finalité de la photographie.

Dans In Search of the First Line, c’est la contradiction temporelle qui est à l’oeuvre : l’architecture d’édifices anciens se mêle aux enchevêtrements de béton des ruines industrielles.
Dans Observatoires, des bâtiments, usines ou entrepôts, photographiés en Allemagne, en France et au Royaume-Uni, semblent flotter dans un espace indéterminé, non sans évoquer les architectures cosmiques indiennes érigées à Delhi ou Jaipur au XVIIIe siècle.

Dans Southern Light Stations, Noémie Goudal explore l’espace céleste, longtemps considéré à la fois comme le miroir des dérèglements terrestres et la manifestation du sacré. De l’Antiquité au Moyen Âge, on y observe un emboîtement de sphères tournoyantes, un soleil de cristal éclairé par une grande torche ou de fulgurantes apparitions de boules de feu. La Terre est souvent décrite comme reposant sur l’eau, et le ciel, comme une voûte posée au-dessus d’elle, la limitant de toute part.

L’oeuvre de Noémie Goudal se nourrit du regard interrogateur de l’homme sur l’univers, espace de recréation où l’imaginaire s’étend à l’infini, comme un cinquième corps fait d’éther (ou cinquième élément). À la fois images et objets, les installations de Noémie Goudal se jouent de ces spéculations. Brouillant à dessein nos repères, elles oscillent entre hallucination et fait, miroirs de nos vies modernes où s’exercent simultanément d’insaisissables et contradictoires régimes de vérité.

Exposition organisée avec la participation de la Galerie Les filles du calvaire, Paris et de la Galerie Edel Assanti, Londres.


À l’occasion de l’exposition, LE BAL co-édite avec RVB Observatoires de Noémie Goudal.
La publication présente dix photographies de la série Observatoires et un essai inédit, The View from Here, de Cliff Lauson. Commissaire à la Hayward Gallery, il revient sur l’interaction entre perception et observation au coeur du travail de Noémie Goudal. Comment l’approche de la perspective et de la scénographie permet-elle à l’artiste de construire des espaces singuliers dans ses photographies, images stéréoscopiques ou installations ?


Noémie Goudal, née en 1984, diplômée de la Royal College of Art (2010), a reçu de nombreux prix dont le Prix HSBC pour la Photographie (2013), ainsi que le RCA Sustain Award (2010). Elle a participé à plusieurs expositions collectives, comme à la Saatchi Gallery à Londres (2012) et au Pavillon de l’Azerbaïdjan lors de la Biennale de Venise (2015). Noémie Goudal a également fait l’objet d’expositions personnelles, notamment à la New Art Gallery Walsall (2014), au FOAM d’Amsterdam (2015) et à la Photographers’ Gallery de Londres (2015).