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“Louidgi Beltrame” El Brujo
au Palais de Tokyo, Paris

du 19 février au 16 mai 2016



www.palaisdetokyo.com

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 18 février 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Louidgi Beltrame, repérages El Brujo, photo smartphone, 2012.
2/ et 3/  Louidgi Beltrame, repérages El Brujo, photo argentique tirée sur papier cybachrome, 2012, Courtesy of the artist & Jousse Entreprise Gallery.

 


1822_Louidgi-Beltrame audio
Interview de Louidgi Beltrame,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 18 février 2016, durée 12'06". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Saison Arpenter l’intervalle – du 19 février au 16 mai 2016



L’art n’a pas seulement une histoire, il a aussi une géographie. Ses territoires ont les noms des grandes disciplines : sculpture, peinture, cinéma par exemple. Certains artistes explorent les richesses de ces techniques, d’autres arpentent les intervalles entre ces savoirs. Ce sont ces artistes liminaux que cette saison rassemble, ceux qui renouvellent leur champ en prenant, depuis l’ailleurs, leur élan.

Le politique, la littérature, le cinéma permettent à Jean-Michel Alberola, comme à Stéphane Calais, d’affirmer la nécessité pour le peintre d’une « extension de la vision latérale ».

L’intérêt de Florian et Michael Quistrebert pour les aberrations de la perception leur permet de dissoudre le pictural dans le mental. Sara Favriau fait de ses sculptures des instruments d’optique pour percevoir autrement les mondes des autres. Louidgi Beltrame contraint les actions passées à devenir véritables et vécues. Simons Evans enregistre rigoureusement les évènements de sa vie intérieure.

Afin d’apporter au visiteur une intensité renouvelée, des artistes ont conçu des œuvres dispersées dans les intervalles du Palais. Ce sont, sur le mode de l’anémochorie – la dispersion des graines par le vent - des forces qui essaiment : ainsi des oeuvres de Stéphane Calais, Vivien Roubaud, Shana Moulton, Babi Badalov et Martin Soto Climent.

Jean de Loisy




Louidgi Beltrame - El Brujo
Lauréat du Prix SAM pour l’art contemporain 2014
Commissaire : Julien Fronsacq




« Je filme ces architectures fantômes – aujourd’hui désactivées – dans leur matérialité, comme des sculptures monumentales. Ces formes vides sont néanmoins habitées par des histoires stratifiées. Celles des conditions de production, des idéologies qui ont motivé ces chantiers, des hommes qui les ont bâtis et exploités. » 1

Louidgi Beltrame (né en 1971 à Marseille, vit à Paris) présente un film inédit dans la salle de cinéma historique du Palais de Tokyo, la salle 37. Intitulé El Brujo (le sorcier en espagnol), il réactive dans un paysage archéologique du littoral péruvien le motif de la fuite du jeune Antoine Doinel vers la mer dans la scène finale des Quatre Cents Coups (1959). A la course vers le rivage de José Levis Picón, le curandero (guérisseur) qui incarne Antoine, répond la dérive dans les rues de Paris de Jean-Pierre Léaud, son interprète original.

Les films de Louidgi Beltrame font appel à la fiction comme une manière possible d’envisager l’Histoire. Reposant sur l’enregistrement du réel, ils sont souvent habités par des personnages « sans histoires » qui hantent des lieux vides. De Hiroshima à Rio de Janeiro, Brasilia, Chandigarh ou Tchernobyl, l’artiste conçoit le film comme un entre-deux, ici notamment entre deux personnes (José Levis Picón et Jean-Pierre Léaud), et deux contextes (El Brujo et Paris).

Après avoir abordé des thématiques liées à la catastrophe nucléaire (Energodar, 2010 ; Les Dormeurs, 2006) ou à l’utopie architecturale et urbaine (Brasilia/Chandigarh, 2008), Louidgi Beltrame est parti au Pérou sur les traces de l’artiste minimaliste américain Robert Morris. Le film qui en résulte (Nosotros también somos extraterrestres, 2014) déroule un récit visuel et sonore autour des relations entre architecture, sculpture minimale et Land Art.

« Depuis Brasilia/Chandigarh, je travaille beaucoup la position de la caméra par rapport aux formes architecturales. Cela revient à placer le spectateur dans une position pour regarder un objet. Ce n’est pas étranger à la façon dont Robert Morris problématisait la position du spectateur dans une exposition d’art minimal, et à la façon dont l’oeuvre se créait, à travers la relation du regard et de la présence du spectateur. » 2

Intitulés El Brujo (le sorcier), le film inédit et l’installation présentés par Louidgi Beltrame au Palais de Tokyo ont été réalisés en lien avec un décor archéologique, une nécropole dont le paysage s’organise en pyramides et en excavations. À ces jeux de lignes géométriques, qui peuvent être rapprochés de celles de la structure du montage filmique, répond une musique modulaire et synthétique, celle du morceau « Triangle » composé par le musicien Jacno en 1979. Selon une mécanique temporelle et géométrique, loin d’un repli nostalgique, Louidgi Beltrame semble élaborer une dramaturgie de l’ombre dont les fantômes nous rappellent à l’histoire autant qu’au temps présent.

« Louidgi Beltrame réalise des films d’architecture qui s’appuient sur la fiction, à l’inverse de ce qui se pratique généralement au cinéma où le décor est censé servir l’intrigue. L’argument narratif est prétexte à faire bouger des corps et leurs déplacements orientent le cadrage et la lecture des bâtiments ou des espaces urbains. » 3

Lauréat du Prix SAM pour l’art contemporain en 2014, Louidgi Beltrame a étudié à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Marseille et à la Villa Arson de Nice.

De 1999 à 2004, il fut résident au Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains à Tourcoing, puis au Pavillon Neuflize OBC, laboratoire de création du Palais de Tokyo.

Depuis 2003, ses oeuvres sont présentées dans de nombreuses expositions. Son travail a notamment fait l’objet d’expositions personnelles au FRAC Basse-Normandie (Caen, 2015), au Kunstverein de Langenhagen (Allemagne, 2015), à la Fondation d’entreprise Ricard (Paris, 2010), au centre d’art Les Églises (Chelles, 2010) et au Jeu de Paume (Paris, 2006). En 2013, il a participé au programme de films conçu par Apichatpong Weerasethakul dans le cadre de la 11e Biennale de Sharjah.

1. Citation de l’artiste extraite du texte de présentation de son exposition personnelle Gunkanjima, Centre d’art Les Églises, Chelles, 2010.
2. Louidgi Beltrame cité par Frédéric Bonnet, « Une idée du progrès poussée jusqu’à une sorte de collapse », Le Journal des Arts, numéro 322, du 2 au 15 avril 2010.
3. Patrick Javault, « Coïncidence des plans », in Louidgi Beltrame, Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg, 2008.