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“Exotic Stranger” article 1835
à la Galerie Paris-Beijing, Paris

du 12 mars au 30 avril 2016



www.galerieparisbeijing.com

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse avec Bao Dong, commissaire de l'exposition, le 11 mars 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  He Xiangyu, Wisdom Tower, 2013. Tooth, gold, copper, bamboo, stick, 2,1 x 2,1 x 12 cm. © He Xiangyu / courtesy of Galerie Paris-Beijing.
2/  Gong Jian, Portrait of a tree, 2016. Acrylic on canvas 111 x 150 cm. © Gong Jian / courtesy of Galerie Paris-Beijing.
3/  Yang Maoyuan, Camel n°2, 2014. Mixed media, 270 x 190 x 190 cm. © Yang Maoyuan / courtesy of Galerie Paris-Beijing.

 


1835_Exotic-Stranger audio
Interview de Bao Dong, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 11 mars 2016, durée 15'28". © FranceFineArt.
(traduction : He Jinzi)


extrait retranscrit de l'interview audio de Bao Dong par FranceFineArt :

FranceFineArt :

Pensez vous que les artistes chinois contemporains sont influencés par l'occident et comment cet art est-il perçu par les chinois qui peuvent le trouver éloigner de leur culture ?

Bao Dong :
Il n'y a pas vraiment de public chinois en Chine pour leurs œuvres. Les artistes chinois sont plus facilement reconnus en occident et considérés comme artistes chinois avant tout justement, alors qu'en Chine, leur art fait appel à de nombreuses références existant dans l'art contemporain occidental.

FranceFineArt :
Peut-être en donnant des exemples des œuvres de l'exposition... dans la pratique, comment cela se concrétise-t-il ?
Comment les artistes chinois contemporains se nourrissent des deux mondes, de leur origine et de l'extérieur, pour un art universel ?

Bao Dong :
En premier exemple Xu Zhen et son Tank.
Le tank de Xu Zhen, réalisé à partir de billets de 1 RMB ressemble, de par sa taille, à un jouet d'enfant. Ainsi, l'artiste joue avec la représentation du tank comme jouet tout autant qu'objet dévastateur. En effet, il fait référence aux sérieuses menaces que peuvent représenter l'économie, le RMB, etc… et montre à quel point il peut d'un coup tout détruire. Ceci ne concerne pas que la Chine, bien au contraire, il s'agit d'une problématique à l'échelle mondiale.

Mon deuxième exemple sera le chameau de Yang Maoyuan.
Son chameau fait appel à l'imagerie des territoires ouest de ce qu'en occident on appelle Asie. En réalité, pour nous, chinois, l'Asie est un terme inventé par les occidentaux, auquel les chinois ne se sentent pas appartenir. Les symboles qui figurent sur les petits dessins dont référence à l'imagerie de pays d'Asie centrale comme l'Afghanistan, ou de la Turquie, mais aussi de la Mongolie, d'où vient l'artiste.

Pour finir, je citerai l'arc en ciel de Li Jinghu.
Pour cet artiste qui a toujours vécu prés de Canton, où on trouve de nombreuses usines et de nombreux ouvriers, desquels il est très proche, Li Jinghu veut casser l'image triste que l'on a de ces ouvriers et le cliché qui veut que les ouvriers ont des vies difficiles et sont tristes. C'est pourquoi il utilise l'arc en ciel et le compose à partir d'objets fabriqués par ces mêmes ouvriers.


extrait du communiqué de presse :

 

commissaire : Bao Dong



Avec Cai Lei | Chen Xiaoyun | Chen Yujun & Chen Yufan | Gong Jian | He Xiangyu | Jiang Zhi | Li Jinghu | Liu Qingyuan | Shi Qing | Song Kun | Weng Yunpeng | Xin Yunpeng | Xu Zhen | Yang Maoyuan.

En avant-première en France et sous le commissariat du brillant critique d’art contemporain chinois Bao Dong, la Galerie Paris-Beijing accueille l’exposition collective Exotic Stranger. Réunissant quatorze artistes nés pour la plupart dans les années 70, cette génération de l’enfant unique participe au renouveau de la scène contemporaine chinoise.

À partir du regard d’un critique d’art de la même génération que les artistes présentés, l’exposition rassemble un ensemble audacieux d’oeuvres - allant de la vidéo à la peinture, de la photographie à l’installation - témoignant de la diversité formelle qui caractérise la scène artistique chinoise actuelle.



Aux marges de l’inconnu

Dans Stranger Shores, recueil publié en 2001, J. M. Coetzee exprime ses dilemmes et ambivalences : être descendant d'Occidentaux, tout en étant également africain du sud ; reconnaître l'héritage littéraire occidental, mais sans pouvoir faire abstraction de l'ancrage local de la littérature ; poursuivre la transcendance inhérente de la littérature, sans pouvoir faire l'économie de sa fonction politique. De ce dilemme, il a tout de même fait ressortir distance et détachement. Cette ambivalence apparaît dès le titre de l'ouvrage, dans les multiples sens du mot « Stranger », qui désigne à la fois ce qui est « moins familier », mais également « un inconnu », cet «  nconnu » peut faire référence aux quelques auteurs qu'il a analysés, mais aussi à lui-même.

Pour les artistes contemporains chinois, le dilemme identitaire de J. M. Coetzee existe également à tous les niveaux. En effet, même si l'art contemporain chinois a été très influencé par l'outre-mer, ses images culturelles, toujours unilatérales et dépassées, n'arrivent pas à s'affranchir d'une lecture basée sur des symboles orientaux et des symboles politiques. C'est pourquoi il a toujours été considéré comme autre. D'autre part, s'agissant d'une forme artistique née sous l'influence de la culture occidentale, dès le commencement, l'art contemporain n'a obtenu reconnaissance et n'a été diffusé qu'au sein d'un microcosme, mais n'a pas complètement suscité de sentiment d'appartenance parmi la société et le public chinois. En bref, l'art contemporain chinois est à la fois considéré comme un étranger par l'Occident, mais également comme venant de l'extérieur par les autochtones.

Dans ce contexte, beaucoup d'artistes chinois s'efforcent de relier leur travail à l'expérience locale, tout en évitant que cette territorialité ne réduise leurs oeuvres à une sorte d'échantillon du multiculturalisme. C'est pourquoi, ils évitent les symboles orientaux classiques et rejettent également les caractéristiques politiques rigides. En ce qui concerne le public occidental, les possibilités qu'offre le travail des artistes chinois constituent des différences inconnues, une sorte d'altérité sortant du cadre des différences reconnues du multiculturalisme. C'est justement là que réside l'énergie de la culture et de l'art chinois contemporains.

Bao Dong, Janvier 2016