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“Miquel Barceló” Sol y sombra
au Musée national Picasso, Paris

du 22 mars au 31 juillet 2016 (prolongation jusqu’au 30 septembre 2016)



www.museepicassoparis.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 21 mars 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Miquel Barceló. LA SUERTE DE MATAR. 1990. 200 x 203 cm. Technique mixte sur toile. Photo © Galerie Bruno Bischofberger, Männedorf, SUISSE. Courtesy Galerie Bruno Bischofberger, Männedorf SUISSE. © ADAGP, Paris, 2016.
2/  Miquel Barceló. GRAND MUR DE TÊTES. 2015. Céramiques. Collection de l’artiste. Photo © François Halard, 2013. © ADAGP, Paris, 2016.

 


1843_Miquel-Barcelo audio
Interview de Emilia Philippot, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 21 mars 2016, durée 10'58". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Violette Andres, responsable des fonds photographiques
Emilia Philippot, conservateur des peintures (1895-1921) et des arts graphiques




La Bibliothèque nationale de France et le Musée national Picasso-Paris s’associent pour proposer un double évènement consacré à Miquel Barceló. Fortes de nombreuses pièces inédites, deux expositions permettent au public une immersion dans l’univers de l’artiste majorquin. Aux peintures et céramiques présentées par le Musée national Picasso-Paris fera écho à la riche production gravée proposée par la BnF. Deux lieux et deux expositions pour une oeuvre exceptionnelle à découvrir au printemps 2016 à Paris.


Au Musée national Picasso-Paris

Miquel Barceló est le premier artiste contemporain invité au musée depuis sa réouverture en 2014. Conçue comme une plongée dans l’univers singulier de l’artiste, l’exposition occupe l’intégralité du sous-sol de l’Hôtel Salé et présente un ensemble de peintures, sculptures, céramiques et oeuvres sur papier des années 1990 à aujourd’hui. Le parcours se développe autour des divers domaines de création de l’artiste et met en avant les affinités de son oeuvre avec les attitudes, les motifs et les processus créatifs de Pablo Picasso. Le thème de l’atelier constitue le fil rouge de l’exposition : de la représentation picturale qu’en donne Barceló dès les années 1990, jusqu’à la présentation d’ensembles de plâtres - modèles pour les fontes à venir ou fragments d’études qui évoquent l’atelier du sculpteur - en passant par la fabrique de céramiques, domaine dans lequel le visiteur pourra découvrir les dernières expérimentations menées autour de pièces fumées au charbon de bois. OEuvre maîtresse de l’exposition, un grand mur de briques spécialement réalisé par l’artiste, permet d’aborder la thématique récurrente chez lui de l’autoportrait, tout en évoquant la dimension monumentale de son travail.

En contrepoint de la centaine d’oeuvres de Barceló, quelques pièces de Picasso choisies dans la collection du musée, ainsi qu’une sélection de photographies de ses divers ateliers, ponctuent le parcours et donnent à voir les correspondances existant entre les oeuvres des deux artistes. Ces rapprochements relèvent à la fois d’une attitude commune vis-à-vis de la matière - processus créatif faisant la part belle à l’expérimentation permanente - que d’une perméabilité des techniques qui transparaît sur tous les supports. « Sol y sombra », évocation directe du monde de la tauromachie, renvoie aussi bien à l’iconographie chère au maître andalou qu’à cette approche propre à « l’animal » Barceló qui inscrit son travail dans un jeu permanent entre la densité d’une matière, superposée, triturée, grossièrement façonnée, et la délicatesse d’un geste d’effacement, d’un trait creusé en négatif qui fait surgir une lumière éclatante.


À la BnF, l’oeuvre imprimé et une monumentale fresque de terre et de lumière inédite

L’oeuvre imprimé de Miquel Barceló, rarement exposé, représente cependant une part majeure du travail de l’artiste. Peintre, dessinateur, sculpteur et céramiste, il expérimente également depuis ses débuts les techniques d’impression. Foisonnant, profondément original, son oeuvre imprimé représente à ce jour près de deux cent cinquante gravures sur cuivre, sur bois, lithographies, sérigraphies et estampages. Bien qu’autonome, ce travail reste indissociable, par sa dimension foncièrement expérimentale, de l’ensemble de la production protéiforme de l’artiste majorquin. C’est tout naturellement que la BnF a choisi de faire découvrir cette part méconnue de son oeuvre en dialogue avec des dessins, des sculptures, des céramiques et des peintures, dans un parcours thématique construit autour d’une sélection de soixante estampes, travaux récents ou très anciens, qui rend compte de la cohérence et de la singularité de sa démarche.

Une monumentale fresque de terre et de lumière est créée in situ sur toute la hauteur des vitres de l’allée Julien Cain que l’artiste a couvertes d’une fine couche d’argile avant d’y dessiner en grattant la glaise séchée. Spectaculaire introduction à l’exposition, cette fresque de 190 mètres de long sur 6 mètres de haut immerge le visiteur dans l’univers envoûtant de Barceló et rend hommage au philosophe majorquin Ramon Llull. Le parcours se déploie ensuite sur les thèmes de l’empreinte, la trace et la griffure, de la métamorphose, des tauromachies et des littératures. Vases et briques de terre cuite, portraits à l’eau de Javel, sur parchemin ou oreille d’éléphant, livres embossés et bronzes patinés, peintures et carnets font écho aux estampes. Estampes dans lesquelles l’artiste, tirant parti de toutes les ressources du medium, joue avec les textures, les couleurs et les subtiles nuances des noirs et des blancs pour, de l’ombre, faire naître la lumière.

A l’occasion de cette exposition, Miquel Barceló a complété par de belles donations le fonds de ses estampes et de ses livres d’artistes à la BnF.




Parcours de l’exposition au Musée national Picasso-Paris

Hall d’accueil


Un tableau de grand format marque le début du parcours qui se poursuit dans les huit salles d’exposition du sous-sol : Floquet de neu, le gorille albinos (1999).

« Ce gorille albinos que j’ai souvent peint était un gorille qui vivait au zoo de Barcelone. Je trouvais que sa cage ressemblait beaucoup à mon atelier. À l’intérieur, il y avait plein d’objets détournés, comme on en trouve dans les ateliers de peintres où les objets servent toujours à quelque chose d’autre que ce à quoi ils sont destinés. Et puis, voir un peintre, c’est un peu comme voir un singe dans un zoo : il agit bizarrement ou de manière imprévisible. C’est très sexuel aussi, comme dans mon atelier. J’y voyais beaucoup de points communs. Et puis il y avait cette idée de séparation des autres. C’est une image assez mélancolique. »1

1.« Dans l’atelier, entretien de Miquel Barceló par Émilia Philippot », in cat. exp. Miquel Barceló. Sol y sombra, sous la direction d’Émilia Philippot et Cécile Pocheau Lesteven, Actes Sud / Bibliothèque nationale de France / Musée national Picasso-Paris, 2016, p. 136


Salle 1. Dans l’atelier comme dans l’arène

Une sélection de peintures d’ateliers dévoilent différentes techniques abordées par Miquel Barceló : peinture mais aussi sculpture et céramique. L’image de l’atelier se fond ici avec celle de l’arène annonçant le thème de la tauromachie.

« J’ai fait, par exemple, un tableau qui représente plusieurs tableaux de tauromachies et des taureaux, dans lequel tout l’atelier devient comme une arène de tauromachie. Parce qu’à force d’empiler les tableaux au mur, et aussi dans les angles tellement il y en a, l’atelier commence à se structurer autour d’un espace vide central, comme une arène. Alors, tous les tableaux font comme le public, ou les burladeros, ces planches qui dans l’arène protègent le torero des taureaux. Les tableaux fonctionnent comme ça : tu peux te cacher derrière. J’aime bien cette image de l’atelier comme grand vide central, surtout parce que je travaille par terre. Et puis le tableau actif est celui qui est posé au mur. »2

Les volumes et les textures des tableaux soulignent l’aspect physique et matériel de la peinture qui prendra forme dans l’espace tridimensionnel de la sculpture et la céramique.

2. Miquel Barceló, « Dans l’atelier, entretien d’Émilia Philippot », Sol y sombra. Miquel Barceló, 2016, Catalogue sous la direction d’Émilia Philippot et Cécile Pocheau Lesteven, Actes Sud / Bibliothèque nationale de France / Musée national Picasso-Paris, p 127


Salle 2 : L’atelier de sculptures

Des plâtres, maquettes de sculptures à venir ou fragments laissés inachevés, sont posés sur une table située au centre de la salle. Cet ensemble évoque le processus de travail de Miquel Barceló dans son atelier en ville, lieux qu’il privilégie pour travailler ce matériau.

Une sélection de photographies, notamment de Brassaï, Dora Maar et André Villers, montrent les ateliers de Picasso et entourent la table de sculptures. Les rapports entre la sculpture et la peinture, l’intérêt pour l’assemblage et le bricolage ainsi que l’expérimentation directe sur les matériaux, sont quelques points de rencontre dévoilés par cette mise en regard des photographies des ateliers de Picasso et l’évocation de l’espace de travail de Miquel Barceló.

« Pour moi, le plâtre est l’art urbain : on l’utilise pour la construction, pour les maisons. Et l’argile, c’est beaucoup plus lié à la campagne, parce que les cuissons se font avec du feu, ça fait de la fumée. Je ne pourrais pas faire de céramique en ville : avec des fours électriques, ça ne marcherait jamais. C’est la grande différence entre le plâtre et l’argile. À Majorque, je ne fais jamais de plâtre. »3

3. Miquel Barceló, « Dans l’atelier, entretien d’Émilia Philippot », Sol y sombra. Miquel Barceló, 2016, Catalogue sous la direction d’Émilia Philippot et Cécile Pocheau Lesteven, Actes Sud / Bibliothèque nationale de France / Musée national Picasso-Paris, p 129


Salle 3 : L’atelier de céramique

En 1994, Miquel Barceló découvre les techniques traditionnelles des potières Dogon au Mali où il séjourne pendant des longues périodes. Ensuite à Arta, chez un potier traditionnel majorquin, il commence sa production de céramiques et une exploration de la terre cuite qu’il développe jusqu’à présent. À la fois sculpture, peinture et dessin la céramique relève un travail direct avec des éléments premiers : la terre, le feu et l’eau si chers aux recherches de l’artiste.

Cette salle est consacrée à ses productions récentes : ensemble de vases au noir de fumée et groupe de céramiques polychromes. Deux masques en plâtre de Picasso introduisent une réflexion sur la figure de l’artiste et ses multiples visages et annoncent le Grand mur de têtes de la salle suivante.


Salle 4 : Le grand mur de têtes

Le mur est un élément qui apparaît fréquemment dans le travail de Miquel Barceló. Il se présente comme support ou comme frontière dans l’idée d’une peau perméable et vivante. Dans Paso doble, performance crée en 2006 avec le chorégraphe Josef Nadj, un mur en argile crue sert de toile sur laquelle l’action a lieu.

Se déployant entre les trois piliers centraux de la salle, le mur, construit à base de briques en terre cuite, révèle une multiplicité de visages qui sont autant d’autoportraits de l’artiste. La brique, module de base utilisé pour la construction se métamorphose, sous ses mains en véritables figures uniques.

C’est entre 1948 et 1955 que Picasso s’installe à Vallauris et débute une importante production de céramiques. Son atelier était alors voisin de celui du céramiste Robert Picault qui a réalisé un magnifique reportage photographique témoignant du travail de Picasso. Un album de 240 photographies est présenté autour du mur, révélant des affinités formelles mais aussi un appétit commun pour l’expérimentation.


Salle 5 : Tauromachies

Un tableau de grand format, visible depuis l’espace consacré aux céramiques, est présenté dans cette salle. Il est entouré d’autres peintures de plus petit format et d’une gravure. Ces oeuvres consacrés à l’arène et la corrida servent de métaphores à Miquel Barceló pour parler des aspects fondamentaux de son travail : le geste, la couleur, le mouvement.

« Le plaisir et même la souffrance sont des principes fondamentaux de mon travail : ils sont liés à la couleur, au geste et au mouvement. La tauromachie en est la métaphore parfaite parce que, quand le taureau est mort et a été retiré, tu retrouves dans l’arène tous ces gestes : un vide central dans lequel tu peux lire tout ce qui s’est passé. »4

Une oeuvre en céramique et un carnet de dessin de Picasso rappellent la passion du maître andalou par la tauromachie et l’importance du thème dans son travail. Bien que la corrida soit un thème récurrent dans l’oeuvre des deux artistes, leur point de vue ne se situe pas dans le même lieu de l’arène.

« Pour Picasso, il s’agit essentiellement de représenter le combat taureau-cheval, l’opposition féminin-masculin, l’érotisme et la mort. Barceló, lui, s’intéresse à l’espace circulaire de l’arène, aux traces laissées dans le sable ; il assimile la corrida à une soupe, à un tourbillon vertigineux comme dans les récentes gravures où un taureau, de dos, regarde le centre vide et lumineux de l’arène. Cet espace est divisé entre ombre et soleil. Barceló passe ainsi constamment, dans son art, du blanc au noir, du soleil à l’ombre. »5

4. « L’encéphalogramme du geste, entretien de Miquel Barceló par Cécile Pocheau Lesteven » in cat. exp. Miquel Barceló. Sol y sombra, sous la direction d’Émilia Philippot et Cécile Pocheau Lesteven, Actes Sud / Bibliothèque nationale de France/Musée national Picasso-Paris, 2016, p 24
5. Marie-Laure Bernadac, « Sol y sombra, Barceló chez Picasso », in cat. exp. Miquel Barceló. Sol y sombra, sous la direction d’Émilia Philippot et Cécile Pocheau Lesteven, Actes Sud / Bibliothèque nationale de France/Musée national Picasso-Paris, 2016 pp 115, 116


Salle 6 : Autour du Grand Verre de terre

Une vidéo du photographe et vidéaste Agustí Torres montre l’atelier de céramiques de Miquel Barceló à Vilafranca (Majorque) où il réalisa une première maquette du Grand verre de terre. Une version monumentale de cette installation est présentée dans l’allée Julien Cain de la BnF à l’occasion de cette double exposition.


Salle 7 : Fragments et maquettes pour la cathédrale de Palma de Majorque

En 2007 est inaugurée l’intervention de Miquel Barceló dans la Chapelle Sant Pere de la Cathédrale de Palma de Majorque. La décoration interne consiste en plus de 300 m2 de panneaux en argile dont quatre maquettes sont présentées dans cette salle, ainsi qu’un ensemble d’essais de couleurs dans le couloir attenant. Il s’agit de fragments de terre cuite qui dévoilent un paysage marin propre à l’univers de l’artiste et son île d’origine. Ces éléments constitutifs de cette oeuvre monumentale ont été modelés et cuits en Italie avec le céramiste Vicenzo Santoriello. Ils couvrent les murs à la façon d’une peau et génèrent un réseau de fissures qui souligne le dialogue de l’oeuvre avec l’architecture gothique.

Le travail sur cette énorme peau en céramique, qui a nécessité plus de 15 000 kilos d’argile pour sa réalisation, est conçu par Miquel Barceló comme une prolongation de sa peinture, vivante et organique.


Salle 8 : Les figures de l’artiste

Le parcours de l’exposition s’achève par une sculpture à trois visages intitulée Tres Llulls qui est aussi une image de l’artiste.

« Ramon Llull est cet ancien philosophe de Majorque que j’ai aussi souvent utilisé comme image de la sagesse ou de l’alchimie, et qui rassemble l’amour et la raison. Il m’a toujours fasciné. […] C’est aussi Tiziano, Tintoretto, Michelangelo parce que je voulais faire une oeuvre à partir du motif de la barbe. Je l’imaginais comme la coupole de Genève, tu vois, les stalactites qui seraient comme les barbes des peintres : celles de Manet et des autres. Des courtes et d’autres très longues. Je voulais réaliser un plafond de barbes de peintres pour faire une histoire de la peinture par les peintres. Ça tenait sur une seule grosse tête. J’aimais bien cette idée de trois. »6

Face à cette sculpture une oeuvre sur toile bosselée évoque l’influence de l’art pariétal dans le travail de l’artiste ainsi que son goût pour le bestiaire préhistorique auquel il s’identifie de manière récurrente.

6. Miquel Barceló, « Dans l’atelier, entretien d’Émilia Philippot », Sol y sombra. Miquel Barceló, 2016, Catalogue sous la direction d’Émilia Philippot et Cécile Pocheau Lesteven, Actes Sud / Bibliothèque nationale de France / Musée national Picasso-Paris, p 136, 137


Jardin

Un ensemble de 14 sculptures en bronze prolonge l’exposition en salles et transforme le jardin du musée en une forêt zoomorphe exposée à la lumière du jour.



Voir l’article de l’exposition à la Bibliothèque nationale de France François-Mitterrand du 22 mars au 28 août 2016 :

1844_Miquel-Barcelo audio