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“Le Douanier Rousseau” L’innocence archaïque
au Musée d'Orsay, Paris

du 22 mars au 17 juillet 2016



www.musee-orsay.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 21 mars 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Henri Rousseau, dit Le Douanier Rousseau (1844-1910), La Noce (Une noce à la campagne), vers 1905. Huile sur toile, 163 x 114 cm. Paris, musée de l’Orangerie. © RMN-Grand Palais (musée de l’Orangerie) / Hervé Lewandowski.
2/  Henri Rousseau, dit Le Douanier Rousseau (1844-1910), L’Enfant à la poupée, 1904-1905. Huile sur toile, 67 x 52 cm. Paris, musée de l’Orangerie. © RMN-Grand Palais (musée de l’Orangerie) / Franck Raux.
3/  Henri Rousseau, dit Le Douanier Rousseau (1844-1910), La charmeuse de serpents, 1907. Huile sur toile, 167 x 189,5 cm. Paris, musée d’Orsay. © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski.

 


1845_Douanier-Rousseau audio
Interview de Claire Bernardi, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 21 mars 2016, durée 8'39". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat général :
Guy Cogeval, président des musées d’Orsay et de l’Orangerie
Gabriella Belli, directrice de la Fondazione Musei Civici di Venezia
Commissariat : Beatrice Avanzi et Claire Bernardi, conservateurs au musée d’Orsay
Scénographie : Daniela Ferretti




Peintre éminemment singulier, Henri Rousseau est un cas unique dans l’histoire de l’art européen. Son oeuvre s’inscrit pourtant dans son temps, au tournant du XXème siècle.

Loin d’être une énième célébration de la naïveté du Douanier Rousseau, l’exposition a comme intention de démontrer combien son travail appartient à une tendance de l’art occidental qui, de l’Amérique à l’Europe, à partir du XVIe siècle jusqu’aux deux premières décennies du XXe siècle, a adopté un modèle stylistique de type archaïque, en opposant - inconsciemment ou consciemment - une peinture « anticlassique » à la peinture « officielle » des différentes époques. En confrontant sa peinture à quelques-unes de ses sources d’inspiration, qui comptent l’académisme comme la nouvelle peinture, et aux oeuvres des artistes d’avant-garde l’ayant intronisé comme père de la modernité, l’exposition se veut une mise en lumière critique de son art autour d’une réflexion sur la notion d’archaïsme.

Des oeuvres de Paul Gauguin, Pablo Picasso, Carlo Carrà, Diego Rivera, Max Ernst, mais aussi des oeuvres anonymes ou d’artistes parfois méconnus permettent d’évoquer la richesse des liens qui se tissent autour du Douanier Rousseau, creuset d’une voie originale dans l’exploration de la modernité.

L’accent est mis sur le rôle essentiel du Douanier Rousseau dans l’affirmation de l’avant-garde parisienne et internationale : Picasso, Delaunay, et les artistes de l’avant-garde allemande, au premier rang desquels Kandinsky, ont non seulement admiré l’oeuvre de Rousseau, en faisant une source d’inspiration de leur propre travail, mais l’ont aussi collectionnée.

Moi-même, portrait-paysage (1889-1890, Prague, Narodni Galerie) et le Portrait de Monsieur X (dit Pierre Loti) (1906, Kunsthaus Zürich) annoncent, au début du parcours, la singularité de l’oeuvre de l’artiste qui affirme être l’inventeur du genre du « portrait – paysage » : celui-ci trouve en réalité ses antécédents dans le portrait des maîtres anciens, illustrés par le Portrait d’homme au bonnet rouge de Vittore Carpaccio (Venise, musée Correr) ; cette oeuvre influencera à son tour plusieurs générations d’artistes, tel Fernand Léger qui s’inspire du Portrait de Pierre Loti pour Le Mécanicien (Montréal, musée des Beaux-Arts).

Conçue autour de ce dialogue entre échos du passé et anticipations de l’avenir, l’exposition est organisée autour des thématiques récurrentes de l’oeuvre du peintre : les paysages immobiles, peuplés de figurines anonymes et d’ « hommages » à la nouvelle modernité des avions et de dirigeables, ou encore les natures mortes ou les portraits d’enfants solitaires et souvent inquiétants (Pour Fêter bébé !, 1903, Wintherthur, Kunstmuseum), qui ont laissé des traces profondes sur Picasso et Carrà notamment.

Cette dimension « familière » de son art se développe en parallèle à ses images oniriques du monde à l’état sauvage : des chefs-d’oeuvre tel Le Rêve (1910, New York, MoMA), vision fantastique qui annonce les atmosphères surréalistes, seront présentées à côtés des Jungles (Le lion, ayant faim, se jette sur l’antilope, Bâle, Fondation Beyeler). « Compositions immenses, où le grotesque s’associe au tendre, à l’absurde et au magnifique », comme l’écrivit Ardengo Soffici en 1910, elles demeurent le témoignage de cet artiste visionnaire, à « l’oeil innocent de l’enfant ».