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“SAFARIS / SAFARIX” article 1856
au musée de la Chasse et de la Nature, Paris

du 30 mars au 4 septembre 2016



www.chassenature.org

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 4 avril 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Dimitri Tsykalov, Skin XV, 2015. Caisses à munitions militaires, 368 x 248 x 54 cm, détail. © Dimitri Tsykalov, courtesy Galerie Rabouan Moussion.
2/  Christian Gonzenbach, La chapelle - à la girafe, 2016. Charpente bois, squelette de girafe - 840 × 480 × 560 cm - Coll artiste -Oeuvre produite avec le soutien du canton de Genève, de la ville de Genève et de la fondation Pro Helvetia. © Christian Gonzenbach.
3/  Eugène Disderi (1819-1889), portrait de monsieur Pertuiset, Vers 1870. Tirage photographique sur papier salé -16 × 23 cm - Paris, musée de la Chasse et de la Nature. © Musée de la Chasse et de la Nature, Paris - Photo Sylvie Durand.

 


1856_Safaris audio
Interview de Claude d’Anthenaise, commissaire de l'exposition Safaris,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 4 avril 2016, durée 6'48". © FranceFineArt.

 


1856_Safaris audio
Interview de Vincent Bernière, commissaire de l'exposition Safarix,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 4 avril 2016, durée 4'05". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires de l’exposition Safaris :
Anne Beauchef - de Bussac
et Claude d’Anthenaise, conservateur et directeur du musée de la Chasse et de la Nature

Commissaire de l’exposition Safarix : Vincent Bernière




Le musée de la Chasse et de la Nature consacre une exposition aux chasses fictionnelles et réunit un ensemble d’artistes et d’oeuvres inspirés par l’imaginaire des safaris. Avec cette proposition, il s’affirme encore comme un terrain d’exploration artistique et invite au voyage dans le temps et dans l’espace.

Les amateurs de safaris ont-ils jamais eu conscience de s’engager sur un terrain imaginaire ? En tournant le dos à la civilisation occidentale, ils espèrent aller à la rencontre d’un « monde sauvage », un univers qui serait miraculeusement indemne de l’action de l’homme. Ils imaginent ce territoire peuplé d’animaux étranges dont ils pourront faire la capture à l’aide d’un fusil ou d’un appareil photo. Dès l’époque romantique, l’esprit d’aventure engage certains chasseurs sur les pistes africaines. Ils sont à la recherche d’émotions primordiales que le territoire occidental, trop visiblement anthropisé, ne parvient plus à susciter. Aujourd’hui, les safaris aménagés pour les amateurs de chasse photographique ou pour les collectionneurs de trophées exotiques font la prospérité des tours opérateurs. Mais à mesure que se perfectionne la qualité commerciale de leurs prestations, c’est le caractère conventionnel de la « fiction » qui s’affirme. Les expositions Safaris/Safarix investissent cette fiction de l’espace et de l’animal sauvages. Elles invitent à la rencontre de personnages et d’artistes singuliers…

Entre installations, photographies, sculptures, peintures, et dessins, c’est au total une centaines d’oeuvres d’artistes contemporains qui seront présentées au public, auxquelles s’ajoutent plus d’une cinquantaine de planches de bandes dessinées.




L’exposition Safaris

En préambule à l’exposition, les visiteurs sont invités à débusquer un animal emblématique des safaris. Objet d’une « girafomania » initiée dès les années 1820 par la célèbre Zarafa, la girafe prête sa morphologie extravagante à de singuliers jeux formels où l’intérieur et l’extérieur font l’objet de détournement et de retournement. La cour du musée est investie par une oeuvre monumentale du suisse Christian Gonzenbach (né en 1975) composée d’un squelette de girafe revêtu d’une protection de bois invitant le visiteur à s’immiscer entre la peau et les os. D’autres souvenirs d’Afrique rapportés par l’artiste prenant place parmi les collections permanentes du musée à l’occasion de l’exposition.

Que serait la chasse sans les histoires de chasse ? Le récit de chasse est un genre littéraire à part entière avec son intrigue, ses conventions et la place qu’il laisse à l’imagination. Lorsqu’Alphonse Daudet écrit Tartarin de Tarascon, il a un modèle en tête : Jules Gérard (1817-1864), officier d’origine varoise et amateur de chasse au lion en Algérie. C’est un digne héritier de Jules Gérard qui introduit l’exposition : Eugène Pertuiset (mort en 1909) est un mythomane parfaitement assumé. Qu’il s’agisse de son activité d’artiste peintre, de marchand d’armes, ou encore de ses exploits cynégétiques, il cultive l’ambiguïté. Ses mémoires ne permettent pas de démêler la part de l’invention, de l’affabulation ou du rêve. Présenté dans la première salle de l’exposition, son portrait photographique par Eugène Disderi (1819-1889), en tenue de chasse et foulant au pied la dépouille d’un lion transformée en tapis, constitue l’archétype des souvenirs de safaris.

Le portrait de Pertuiset est accroché à proximité d’une photographie contemporaine de David Chancellor (né en 1961), extraite de la série « Safari club » : un chasseur poursuit sa chasse mentale, au gré d’un exercice de remémoration, au milieu d’une galerie de trophées africains accrochés aux murs. Cette antichambre photographique donne accès à la salle où l’américain Mark Beard (né en 1956) a réalisé l’installation d’une sorte de salle de chasse. Il l’a voulue saturée d’œuvres dues à cinq peintres qui célèbrent de différentes manières l’aventure et la faune africaines : le pompier Hippolyte-Alexandre Michallon (1849-1930), suivi par ses élèves Bruce Sargeant (1898-1938), Edith Thayer Cromwell (1893-1962), Brechtholdt Streeruwitz (1890-1973) et enfin par le peintre contemporain engagé Peter Coulter (né en 1948). A travers la diversité des tempéraments, des styles et des perceptions du même territoire de chasse, se dessine le condensé insolite d’un siècle de création picturale.

Dans un cabinet mitoyen Nicolas Rubinstein (né en 1964) livre son Souvenir d’Afriques à travers un étrange reportage photographique réalisé dans la jungle urbaine marseillaise.

Plus loin, l’artiste catalan Joan Fontcuberta (né en 1955) remet en question l’objectivité et la fiabilité de l’image photographique. Déjà présent dans les collections du musée à travers la documentation qu’il a réunie sur la découverte en Afrique d’un étrange mammifère unicorne de la famille des antilopinés, il vient cette fois rendre compte de certaines chasses occidentales sur le même continent. Réactivant un dispositif mis en place lors de son exposition à l’IVAM de Valence en 1992, il y adjoint un travail inédit sur les safaris du roi Juan Carlos au Bostwana. Il s’applique également à documenter le contexte et les circonstances d’un fait de chasse historique du duc Ernst II von Sachsen- Coburg-Gotha, figuré dans un tableau de l’allemand Carl Trost (1811-1884) récemment acquis par le musée de la Chasse et de la Nature.

Ailleurs, la girafe d’Agnès Rosse (née en 1970) déploie sa stature hors normes, à travers planchers et plafonds, sur plusieurs niveaux du musée. Les visiteurs sont invités à déchiffrer son hypothétique histoire à la lueur d’une lampe-torche (à même ses entrailles) ou à celle d’une vidéo (naturellement haut perchée).

La salle des Trophées du musée rassemble l’étonnante collection exotique réunie par les fondateurs du musée. Elle se prête naturellement à la réunion des souvenirs lointains collationnés par l’américain Daniel Horowitz (né en 1978), sous la forme d’un reportage graphique réalisé en détournant des gravures et des documents anciens. Les oeuvres de l’artiste colonisent les autres salles du musée, au gré d’un jeu de correspondances aimablement surréaliste.

Avec humour, Ghyslain Bertholon (né en 1972) utilise la taxidermie d’un lion pour subvertir la salle des Trophées.

Dans la même salle, une photographie de l’américain Richard Barnes (né en 1959) évoque les étonnants dispositifs qu’il convient de mettre en oeuvre pour préserver, encore et toujours, au gré de la naturalisation, l’illusion de la vie sauvage rencontrée dans la savane.

Dans un meuble de la salle d’Armes, la photographe allemande Sinje Dillenkofer (née en 1959) constitue un curieux arsenal où les armes nécessaires à une hypothétique expédition en terre inconnue sont présentes à travers le « fantôme » de la trace laissée en creux dans les coffrets destinés à les abriter.

Une peau de lion constituée avec des caisses de munitions par l’artiste russe Dimitri Tsykalov (né en 1963), vient clore l’exposition, renvoyant aux figures emblématiques des chasseurs Jules Gérard et Eugène Pertuiset qui initient Safaris.




L’exposition Safarix

Quels sont les liens visuels et fictionnels qui unissent la chasse et la bande dessinée ? De l’inventeur de la BD Rodolphe Töpffer aux bédéistes contemporains Ruppert et Mulot et Chris Ware, en passant par Alain Saint-Ogan, Enki Bilal ou Yves Chaland, de nombreux auteurs de bande dessinée sont un jour partis à la chasse aux bulles. Traque, safari, chasse à courre, braconnage, fauconnerie, chasseur chassé… l’ensemble des figures de la chasse sont au panthéon du 9e art. De la BD d’aventure au strip humoristique en passant par l’autofiction, les stéréotypes de la chasse n’ont cessé d’inspirer les artistes de bande dessinée.

Elles sont à l’origine d’images remarquables et de fictions narratives qui font partie de l’inconscient collectif. Qui n’a jamais voulu poser au côté d’un trophée de chasse pour une photographie à la chambre ? Qui n’a jamais rêvé de partir à la chasse au tigre ? Qui n’a pas souhaité connaître les secrets du cimetière des éléphants ?

L’exposition Safarix se propose d’établir un lien fictionnel entre la chasse et la bande dessinée, à travers une cinquantaine d’originaux remarquables, de l’illustration de couverture à la planche originale aux albums rares, qui agissent comme autant de trophées esthétiques. Trois chapitres sont envisagés.

Primo, des documents originaux exceptionnels, prêtés par le musée de la Bande dessinée d’Angoulême, produits au début du XXe siècle, à l’époque ou la chasse était largement pratiquée par la population française. Il s’agit de livres en version originale, de dessins d’humour et de bandes dessinées (Caran d’Ache, Gus Bofa, Henri de Sta, Benjamin Rabier, Alain Saint-Ogan).

Secundo, des planches en noir et blanc de facture exceptionnelle, représentatives du mouvement français de la bande dessinée d’aventure réaliste, apparu dans les années 1960 et suivantes (Raymond Poïvet, Eduardo Coelho, Paul Gillon, Jean-Claude Forest, Enki Bilal).

Tertio, une approche plus décalée, proche du revival, qui anime des artistes de bande dessinée contemporains (Kamagurka et Heer Seele, François Boucq, Jacques de Loustal, Yves Got et René Pétillon, Chris Ware). Avec également des pièces originales – bande dessinée et illustrations de couverture – du mangaka japonais Jiro Taniguchi, dont c’est seulement la troisième apparition en France dans le cadre d’une exposition.

L’exposition Safarix est une manière originale et souvent amusante de voir la chasse autrement. Elle permet également d’envisager un art jeune, dont la qualité muséographique est aujourd’hui établie.