contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Fashion Forward” Trois siècles de mode (1715-2016)
au Musée des Arts Décoratifs, Paris

du 7 avril au 14 août 2016



www.lesartsdecoratifs.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 6 avril 2016.

1863_Fashion-Forward1863_Fashion-Forward1863_Fashion-Forward

Légendes de gauche à droite :
1/  Elsa Schiaparelli, Cape « Phoebus », Haute couture hiver 1938. Drap de laine, velours de soie, broderies. © Jean Tholance, Les Arts Décoratifs, Paris, collection UFAC.
2/  Habit de singe, 1730-1750, taffetas de soie. © Jean Tholance, Les Arts Décoratifs, Paris, collection Mode et Textile.
3/  Hussein Chalayan, Robe, printemps-été 2000. Faille de soie, toile de coton et tulle synthétique. © Jean Tholance, Les Arts Décoratifs, Paris, collection Mode et Textile.

 


1863_Fashion-Forward audio
Interview de Pamela Golbin, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 6 avril 2016, durée 7'13". © FranceFineArt.

 


1863_Fashion-Forward audio
Interview de Jérôme Kaplan, scénographe de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 6 avril 2016, durée 10'19". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire générale :
Pamela GOLBIN, conservatrice générale Mode et Textile, 1940 à nos jours

Commissaires associés :
Denis BRUNA, conservateur, collections Mode et Textile antérieures au XIXe siècle
Marie-Sophie Caron de la Carière, Conservatrice en chef du patrimoine, Mode et Textile, 1800-1939
avec la participation des conservateurs du musée des Arts décoratifs




Le musée des Arts décoratifs célèbre les trente ans de sa collection de mode du 7 avril au 14 août 2016. C’est l’occasion de répondre à une attente très forte émanant du public : avoir enfin la possibilité d’embrasser l’histoire de la mode sur plusieurs siècles. C’est aussi l’opportunité d’en dessiner les forces et d’en rappeler ses particularités : une collection nationale de mode et de textile conservée au sein du musée en dialogue avec les autres départements du musée des Arts Décoratifs , musée de tous les objets . L’exposition « Fashion Forward , Trois siècles de mode (1715-2016) » réunit 300 pièces de mode féminine, masculine et enfantine du XVIIIe siècle à nos jours, issus de son fonds , assemblées, regroupées pour dessiner une frise chronologique inédite .

La mode aux Arts Décoratifs, c’est aujourd’hui plus de 150 000 oeuvres, textiles et costumes anciens, pièces de haute couture, silhouettes emblématiques du prêt-à-porter, mais aussi accessoires, chapeaux et souliers, sans compter d’importants fonds de dessins et photographies, d’archives de créateurs de premier plan, Elsa Schiaparelli, Madeleine Vionnet ou Cristobal Balenciaga. Ces collections, qui sont les collections nationales de référence, sont ainsi formées de la réunion de deux fonds admirables, celui du musée des Arts décoratifs, depuis sa création en 1864, et celui de l’Union française des Arts du Costume (UFAC), créé en 1948, aujourd’hui présidé par Pierre Bergé, et dont le musée des Arts décoratifs à la charge.

À l’occasion du 30e anniversaire de l’ouverture, en son sein, du musée des Arts de la Mode, fondé en 1986 à l’initiative de Pierre Bergé et de l’industrie française du textile, et avec l’appui décisif de Jack Lang, alors ministre de la Culture, le musée des Arts décoratifs se devait de rendre hommage à cette aventure collective et à ce grand « moment de mode », en remettant en lumière ces collections comptant parmi les plus importantes au monde, à travers une exposition, « Fashion Forward, Trois siècles de mode (1715-2015) », présentée pour la première fois dans les espaces de la Nef, libérée des vitrines de verre des galeries de la Mode.

Avec près de 300 pièces, l’exposition adopte le parti pris d’un voyage au fil du temps, en autant de scansions qui rappellent les moments-clés de l’histoire de la mode, de la toute fin du XVIIe siècle à la création la plus contemporaine, puisque la collection n’a jamais cessé de s’enrichir par dons et par acquisitions. En s’affranchissant des limites posées par les principes incontournables de la conservation des oeuvres et du caractère ponctuel et temporaire de leur exposition, le projet offre à voir un musée idéal de la mode, incarnant dans les plus beaux exemples de trois siècles de création ce qui fait habituellement l’illustration des livres de référence. Elle se propose aussi de dessiner de manière vivante l’évolution de la mode selon ses créateurs, selon ses clientes, selon ses époques, car plus que jamais la mode aux Arts Décoratifs c’est aussi un domaine artistique qui sait trouver écho dans les autres domaines de collection du musée. Au-delà des techniques, des matières et du dessin, la mode est aussi une histoire du temps et des attitudes, le reflet d’un art de vivre. La Mode est plus passionnante encore quand elle ne parle pas qu’à elle même, mais qu’elle dialogue avec les arts de son temps, à l’instar des figures majeures de l’histoire de la Couture, Charles-Frederick Worth, Jacques Doucet, Paul Poiret, Jeanne Lanvin, Madeleine Vionnet, Gabrielle Chanel, Christian Dior et Yves Saint Laurent. Ainsi, de manière inédite, il a été choisi de resituer chacun de ces « moments de mode » dans son contexte humain, artistique et social, non pas pesamment, mais par autant d’ellipses décoratives qui marquent les affinités électives que la mode entretient avec les arts du décor. Boiseries du XVIIIe siècle, papiers peints panoramiques de Zuber, dessins de Paul Iribe pour les « Robes de Paul Poiret », ou portes de marqueterie de paille imaginé par Jean-Michel Frank pour l’écrivain François Mauriac, forment les écrins sensibles et parfaits aux expressions stylistiques de la Mode et aux métamorphoses des corps et de l’allure depuis le XVIIIe siècle, pour s’épanouir au final dans les volumes généreux de la Nef, signe d’une mode contemporaine effervescente et singulièrement éclectique, sans frontières, où s’associent les noms de créateurs les plus libres à ceux des maisons les plus anciennes.

Parce que toute histoire de la Mode est aussi une histoire du corps et de l’allure, la direction artistique de l’exposition a été confiée au danseur et chorégraphe britannique Christopher Wheeldon, qui a compté parmi les étoiles du New York City Ballet avant de devenir l’auteur remarqué d’un Américain à Paris en 2014 d’après Vicente Minelli. Accompagné du scénographe Jérôme Kaplan, assisté d’Isabelle Vartan, Christopher Wheeldon a su donner à la collection ainsi présentée pour la première fois une empreinte sensuelle et poétique, redonnant vie à ces oeuvres insignes, faisant de chaque étape de l’exposition un monde en soi et une expérience sensible – chacun de ces moments donnant lieu à une collaboration inédite avec les danseurs de l’Opéra de Paris, la chorégraphie éclairant de sa grâce une silhouette, une posture, une attitude caractéristiques de cette évolution sociale et artistique du corps.




Extrait du catalogue : Le système de la mode par Pamela Golbin

« Pourquoi la toilette serait-elle donc toujours le plus éloquent des styles, si elle n’était pas réellement tout l’homme, l’homme avec ses opinions politiques, l’homme avec le texte de son existence, l’homme hiéroglyphé1 ? »
Honoré de Balzac

La mode possède autant de définitions pour la nommer que de facettes pour l’appréhender. (…) Tenter de la réduire, de la restreindre à une seule et unique définition, c’est aller contre sa nature la plus fondamentale : le mouvement, la vélocité, le perpétuel élan qui se doit de continuer, d’aller de l’avant, d’atteindre les sommets, coûte que coûte et sans relâche. (..) Gabrielle Chanel a essayé : « J’aimerais réunir les couturiers et leur poser la question : “Qu’est-ce que c’est la mode ?” Expliquez-moi. Je suis persuadée qu’il n’en y a pas un qui me donnerait une réponse valable… Moi non plus d’ailleurs2. » Christian Dior propose l’interprétation suivante : « Les gens les moins avertis des secrets de la couture devinent par instinct ce que ces folles collections représentent en fait d’effort, de conscience et de soin. Ils comprennent aussi – Français et étrangers – que la grande aventure de notre couture parisienne n’est pas seulement une Foire aux Vanités, mais la manifestation frivole et éclatante d’une civilisation bien décidée à se maintenir3. »

Positionnée sur un registre valorisant, transcendée par le rôle de faire-valoir d’un artisanat savant, la mode est souvent décriée pour son côté provocateur, ses poses glamour superficielles, ses outrances, sa surenchère médiatisée. Il n’empêche (…), diffusée planétairement, elle est respectée pour sa puissance de feu aussi créative que débordante, adoubée par une toute-puissante manne financière. Désormais, la mode semble être à la fois un des remparts de la civilisation et synonyme de passeport, de sésame multiculturel, afin de voyager dans le temps et par le monde, un don d’ubiquité qui a l’air de plaire et d’attirer les foules comme un aimant.

Mais avant d’en arriver là, il lui aura fallu (…) bâtir l’avenir de sa propre histoire, et (…) s’inventer une armure, pour s’ériger en système incontournable, fait de coups de théâtre et de glorieux levers de rideau.


1. Honoré de Balzac, Traité de la vie élégante, suivi de la Théorie de la démarche, Paris, Éditions Bossard, 1922, p. 104.
2. Coco Chanel parle. La mode qu’est-ce que c’est ?, LP record, sound engineer Hugues Desalle, coll. « Français de notre temps », n°80, sans date.
3. Christian Dior, Christian Dior et moi, Paris, Bibliothèque Amiot Dumont, 1956, p.236.