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“Matahoata” Arts et société aux îles Marquises
au musée du quai Branly, Paris

du 12 avril au 24 juillet 2016



www.quaibranly.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 11 avril 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Ornement de tête, Nuku Hiva (île), Océanie. Dents de cétacé, perles. 21x19,5x4,5 cm, 234g. © musée du quai Branly, photo Claude Germain.
2/  Wilhelm Gottlieb Tilesius von Tilenau [Graveur : Egor Skotnikov], Native of Nukahiva Island – Homme de Nuku Hiva, 1804. Gravure sur cuivre. Krusenstern, 1813, Atlas, pl. 8. Musée du quai Branly, Paris. © musée du quai Branly.
3/  Instrument généalogique, 19e siècle, Marquises (îles), Océanie, Ethnie : Marquisien (population). Fibres de bourre de cocotier tressées et nouées. 110x9x9,5cm Partie centrale : 34 x 9 x 9,5 cm. © musée du quai Branly, photo Claude Germain. Légende : Pelote oblongue de fibres de bourre de coco (kaha en marquisien) sur laquelle sont fixées, aux extrémités, des cordelettes à nœuds faites de fibres de coco également.

 


1865_Matahoata audio
Interview de Véronique Mu-Liepmann, conseillère scientifique de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 11 avril 2016, durée 4'32". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire :
Carol S. Ivory, professeur émérite à la Washington State University, spécialiste des îles Marquises

Conseiller scientifique :
Véronique Mu-Liepmann, conservateur du musée de Tahiti et des îles de 1982 à 2011




Depuis les premières explorations au 18ème siècle, les îles Marquises, au coeur de l’océan Pacifique, fascinent les voyageurs occidentaux et les plus grands artistes. Robert Louis Stevenson, Hermann Melville, Paul Gauguin ou Jacques Brel s’y aventurèrent, attirés par l’exotisme et la riche culture de cet archipel.

Pour la première fois en France depuis 20 ans, le musée du quai Branly rend hommage à la culture marquisienne à travers un ensemble de plus de 400 oeuvres issues de ses collections et de celles de prestigieux musées français et étrangers.

La créativité des artistes des Marquises, visible dans les objets les plus anciens, se lit également dans les productions qui ont suivi le contact avec l’Occident. Aussi l’exposition MATAHOATA, Arts et société aux îles Marquises présente l’évolution et la profondeur historique des arts marquisiens de la fin du 18ème siècle à nos jours. Elle montre l’ingéniosité et le talent d’adaptation des artistes des îles Marquises ainsi que la transformation de leur art au cours du temps.

Avec cet ensemble de dessins, sculptures, instruments de musique, peintures - dont des chefs-d’oeuvre de Paul Gauguin (peinture, dessins) réalisés dans l’archipel - le musée du quai Branly dresse un vaste panorama artistique des îles Marquises.


Matahoata
« Mata » est le mot qui désigne le visage et les yeux dans la langue des îles Marquises. Le visage – et en particulier les grands yeux très accentués – sont les motifs les plus importants dans toutes les formes d’art local marquisien, qu’il s’agisse de sculpture ou de tatouage. L’oeil a une signification symbolique particulière puisqu’il est associé directement aux ancêtres. Réciter sa généalogie, qui a établi la place ou le rang de chacun au sein de la société se dit « mata tateu », ou conter les yeux ou les visages. Il existe plusieurs traductions possibles de « hoata » : éclairé, brillant, clair, pur, miroir…




Parcours de l’exposition

Les îles Marquises selon les Marquisiens


Comme introduction à l’art et la culture de l’archipel, le parcours débute par une sélection de sculptures ou d’objets emblématiques de l’art des îles Marquises. Le visiteur y découvre le rôle central de la forme humaine, en particulier du visage et des yeux, et le rôle des ancêtres et de la transmission générationnelle.

Le mythe de la création
La création de l’archipel marquisien est narrée dans un mythe contant l’histoire de la construction d’une maison par le dieu Atea pour la déesse Atanua. Dans ce mythe, chaque île est métaphoriquement associée à une partie de la maison : « Ua Pou » signifiant littéralement « deux poteaux », « Hiva Oa » désignant la « longue poutre faîtière » etc.


Nature et vie quotidienne

Le parcours se poursuit par une découverte des éléments constitutifs de la vie dans l’archipel, aux sources de la conception marquisienne du monde. Cette section aborde les thématiques du vêtement, avec le matériau fondamental qu’est le « tapa » (étoffe en écorce battue), de la nourriture et de la boisson rituelle, le « kava », et enfin des arts liés à la mer.

Les pirogues et la pratique de la pêche et de la navigation qui relient les hommes et les îles entre eux, sont aussi symboles du lien avec le divin.


Cérémonies religieuses : Les dieux et les ancêtres

Le « meàe » est un site religieux et funéraire, particulièrement sacré pour les Marquisiens. Se limitant parfois à quelques terrasses, des arbres, un lieu ou une source remarquables, il était réservé aux prêtres et à leurs assistants et, à certaines occasions, au chef et aux membres éminents du clan.

Souvent des statues anthropomorphes surmontaient les « meàe ». On les appelle « tiki ». Ces « tiki », ont été sculptées dans différents matériaux (pierre, bois) et dans un style emblématique de l’art marquisien. Elles ont des têtes volumineuses avec de grands yeux, un nez épaté, une large bouche entrouverte qui laisse apparaître le bout de la langue, les mains posées sur l'estomac (ou qui touchent parfois le menton), les jambes massives avec les genoux légèrement pliés. Certains « tikis » représentent très clairement des hommes, d’autres représentent des femmes ; mais la plupart du temps, il est impossible de discerner le genre d'un « tiki ».

L’exposition présente également des « ivi’ipo », statues anthropomorphes de 3 et 5cm, qui ont été créées en os humain - provenant soit d'ennemis soit de parents. Ces petites sculptures s’attachaient à une grande variété d’objets : bols en noix de coco, conques, tambours, ou coiffes…


Festivals et cérémonies publiques

Dans les Marquises, le « tohua » est le lieu où la communauté se rassemble lors des représentations collectives de danses, de chants et des banquets.

L’exposition s’inspire de cette place publique pour y présenter les instruments de la fête, et leur rôle symbolique : tambours, trompes, échasses… Le visiteur rencontre le marquisien de haut rang paré de ses attributs qui témoignent de son statut dans la société, et découvre ses attributs témoins de la complexité de la culture visuelle marquisienne : ornements de la peau, avec l’art traditionnel du tatouage, mais aussi ornements de têtes, d’oreilles, de cou…

Egalement paré, le guerrier marquisien manie les armes puissantes que sont les frondes et les massues. L’exposition s’attarde particulièrement sur cette figure de la société et notamment sur celle du chef guerrier Pakoko dont plusieurs objets lui ayant appartenu sont présentés.


Les changements après le contact avec l’Occident

Tout au long du 19ème et au début du 20ème siècle, le contact avec l’Occident eut un impact important sur la culture et les arts marquisiens. Le début du 19ème siècle est marqué par le changement avec l’introduction de nouveaux matériaux, tels que le métal, les perles, le tissu, la technologie de la pyrogravure, les armes à feu et des produits tels que le tabac et l’alcool. Si ces éléments influencent l’art marquisien, la culture traditionnelle conserve sa force. A la fin du 19ème siècle, la culture marquisienne traditionnelle est profondément influencée par le Christianisme, le colonialisme et une importante chute démographique. Pourtant, les arts survivent sous la forme d’un artisanat commercial destiné à la vente. Un ensemble d’objets met en lumière cette évolution stylistique et son expression dans l’artisanat : maquettes de pirogues, de massues et de pagaies, ou encore sur des noix de coco ou des bols sculptés…

Cette présentation est contextualisée grâce à des vitrines documentaires consacrées respectivement aux militaires, aux missionnaires, aux scientifiques et aux écrivains, qui ont visité les îles Marquises et ont observé, documenté ou infléchi la culture et les arts marquisiens à cette époque. Ces vitrines rassemblent des ouvrages originaux, des gravures et des portraits de ces différents personnages qui ont été inspirés par l’archipel, qu’ils soient réels ou de fiction. Le visiteur est ici invité à se plonger, entre autre, dans les chefs-d’oeuvre réalisés par Paul Gauguin lors de ses séjours aux îles Marquises entre 1901-1903.


Les arts contemporains

L’exposition se conclut sur le renouveau des arts à la fin du 20ème siècle et sur leur rôle dans le maintien de la culture marquisienne au début du 21ème siècle, cultivant la fierté de l’appartenance aux traditions de l’archipel polynésien. Ce dernier temps évoque principalement la renaissance du tatouage, et l’importance des festivals de danse et d’arts traditionnels, qui démontrent la vivacité d’une tradition non acculturée.