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“Les Hugo” une famille d’artistes
à la Maison Victor Hugo, Paris

du 14 avril au 18 septembre 2016



www.maisonsvictorhugo.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage, le 13 avril 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Edmond Bacot, Adèle Hugo fille, 1862. © Edmond Bacot / Maisons de Victor Hugo / Roger-Viollet.
2/  Achille Mélandri, "L'Art d'Etre Grand-Père" : Victor Hugo, Georges et Jeanne, 1881. © Achille Mélandri / Maisons de Victor Hugo / Roger-Viollet.
3/  Anonyme, Jean Hugo devant ses dessins de costumes et décors pour Roméo et Juliette, tirage gélatino-argentique développé, 1924. © Maisons de Victor Hugo / Roger-Viollet.

 


1870_Les-Hugo audio
Interview de Gérard Audinet,
commissaire général de l'exposition et directeur des Maisons de Victor Hugo Paris/Guernesey,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 13 avril 2016, durée 15'03". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire général : Gérard Audinet, directeur des Maisons de Victor Hugo Paris/ Guernesey
Commissariat : Alexandrine Achille, Michèle Bertaux, Odile Blanchette, Martine Contensou, Ralph Grossman, Claire Lecourt-Aubry, Marie-Laurence Marco
Coordination : Alexandrine Achille



Une exposition…


Hugo écrivain, on connaît ! Hugo dessinateur et décorateur, on connaît un peu moins. Mais on ignore encore plus que la créativité de Victor Hugo s'est poursuivie sur cinq générations d'artistes.

Pour rendre hommage à cette famille de créateurs, le musée puise dans ses collections qu'il a à coeur de valoriser. Ainsi, de génération en génération, seront présentées les oeuvres de Victor Hugo bien sûr, autour de ses dessins et de ses décors, de son génie consacré à l'intimité, avec notamment la présentation exceptionnelle de la série des Souvenirs et du Burg à la croix ; celles de Mme Hugo et de sa belle-soeur Julie Duvidal de Montferrier (élève du baron Gérard) épouse d'Abel Hugo ; les dessins d'enfant et les daguerréotypes de François-Victor avec les photographies et enluminures de Charles ; les étonnantes gravures de l'étrange neveu Léopold, mathématicien et artiste, élève de sa mère Julie Duvidal ; les peintures et les dessins de Georges Hugo, le petit-fils célébré de L'Art d'être grand-père qui fut un observateur incisif de son temps ; les oeuvres de son fils Jean Hugo, une des personnalités de la Belle Époque, peintre et décorateur de théâtre. Ses enfants Marie et Jean-Baptiste, cinquième génération des Hugo, nous offrent leur vision de Hauteville House, maison d'exil aménagée par le poète pour sa famille…

Exceptionnellement, l’exposition se déploiera sur les deux étages et l’entrée du musée sera exclusivement payante.

Un arbre généalogique interactif vous permettra de découvrir la famille Hugo et plus particulièrement des artistes de cette famille Hugo. Pour chaque artiste, vous pourrez consulter une courte présentation biographique et 5 oeuvres. Présentée sur deux écrans tactiles, ce dispositif interactif vous donnera, en quelques actions, une large vision de la grande famille Hugo.



Un livre…

Car un tel projet entend maintenir vives les relations entre le musée et les descendants de Victor Hugo, auxquels il doit tant, depuis sa création en 1903 ou depuis la donation de Hauteville House, en 1927. Cette maison de Guernesey, maison d'exil et de famille, reste un souvenir très présent dans l'esprit familial. Cet attachement se traduit aujourd'hui par la publication du livre Hauteville House réalisé par Marie et Jean-Baptiste Hugo dont le projet est de nous montrer les décors créés par Victor Hugo, à travers un regard imprégné du souvenir familial que leur a transmis leur père Jean Hugo. Les dessins de Marie, les photos de Jean-Baptiste et les textes – extraits du livre de Charles Hugo, des lettres des membres de la famille - nous convient à une visite intime de cette maison, oeuvre d'art totale.




Parcours de l’exposition

Julie Duvidal de Montferrier (1797-1865)

Belle-soeur de Victor Hugo dont elle a épousé le frère ainé, Abel, en 1827, elle étudie la peinture avec le baron Gérard à partir de 1813, puis en 1820, devient l'élève de Gros. Elle travaille aussi dans l'atelier de David à Bruxelles et voyage en Italie. Peintre d'histoire et portraitiste, elle expose au Salon de 1819 à 1827, date de son mariage qui la contraint à interrompre sa carrière. Elle ne peint plus alors que les membres de sa famille. En 1821, elle enseigna le dessin à son amie de jeunesse, Adèle Foucher alors fiancée à Victor Hugo qui lui dédiera une ode "Tu devais être à nous". Plus tard, c'est elle qui donnera sa formation artistique à son fils Léopold.

Victor Hugo décorateur (1802-1885)
Avec l'achat de Hauteville House, durant l'exil à Guernesey, Hugo peut donner cours à sa passion de décorateur, créant un lieu à son image. Dasn le salon chinois (aujourd’hui place des Vosges) qu’il crée pour la maison La Fallue de Juliette Drouet à Guernesey Hugo opère une synthèse remarquable de sa propre invention et des oeuvres asiatiques. En même temps qu'il aménage Hauteville House, Victor Hugo réalise des meubles pour la maison de Juliette Drouet. Il acquière des coffres anglo-normands de l'île, ses fils chinent à Londres ou à Bruxelles du mobilier gothique et renaissance, puis, selon son procédé, il les fait démonter et réassembler les fragments, les combinant ensemble, voire les complétant, y ajoutant ses armoiries ou une citation latine, selon un dessin qu'il donne à Peter Mauger et Tom Gor, les artisans de ces meubles réinventés avec un esprit à la fois poétique et ludique. Adaptés à l'espace, avec parfois des allures architecturales, pratiques ou parfois inutilisables, ces meubles prennent toute leur dimension esthétique dans un jeu de contrastes orchestré par Hugo, avec les textiles, avec les faïences ou avec les panneaux peints (salle précédente) qui leur servaient d'écrin et apportaient couleurs et lumières à ces bois sombres. Hugo, décorateur poète, fait ainsi contraster l'ombre et la lumière, les continents et les époques, semblant poursuivre dans ses décors la rêverie commencée dans ses dessins.

Victor Hugo dessinateur
Victor Hugo pratique le dessin dès son adolescence. Dessinateur doué, il réalise durant ses voyages (France, Allemagne, Espagne ou Belgique) des relevés précis de monuments et sites pittoresques qu'il admire. Grâce à cette habileté, l'artiste développe dès 1830 un corpus dessiné plein d'imagination. En 1850, Hugo entreprend de décorer son appartement avec certains de ses dessins. Durant l'exil, lorsqu'il aménage Hauteville House, il reprend le projet et achève sa série des Souvenirs. Basés sur la réinterprétation de lieux vus et visités, ces Souvenirs sont nourris par l'imagination et pensés pour prendre place dans son décor quotidien comme des fenêtres sur le temps des voyages. Pour compléter cette rêverie, chaque cadre est orné d'un décor polychrome à base d'huile et de gouache sur le thème de la nature. Comme une fenêtre s'ouvrant sur un paysage ou les encadrements floraux des manuscrits enluminés, ces ornements peints sont un écrin au dessin qui est le centre d'attention.

Adèle Hugo (1803-1868)
Épouse de Victor Hugo, Adèle Foucher fréquente le poète et ses frères dès l'enfance. Après son mariage en 1822, elle met au monde cinq enfants. Un premier fils, né en 1823, meurt en bas âge. Elle donne ensuite naissance à Léopoldine (1824), Charles (1826), (François-)Victor (1828) et Adèle (1830). Mais en 1843, elle perdra sa fille aînée Léopoldine et en 1863, verra partir Adèle la benjamine et mourra en 1868 sans l'avoir revue. C'est dans l'atelier ouvert rue de Seine en 1819, par son amie et bientôt belle-soeur, Julie Duvidal de Montferrier, qu'elle a fait son apprentissage du dessin. Son fiancé s'en effarouche, jugeant inconvenant pour une femme de "descendre dans la classe des artistes", lui qui en fréquentait plus d'un… Devenue Madame Victor Hugo, Adèle n'est pas seulement la femme du poète ni la mère de famille, elle est aussi celle qui sait mettre à profit les leçons de dessin et signe les portraits au crayon les plus intimes que nous connaissions de tous ceux qu'elle aime. Celle aussi qui, à partir de ses souvenirs personnels et des matériaux fournis par son mari, écrit Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie, publié en 1863. Adèle Hugo cessera de dessiner, ou presque, après la mort de sa première fille, et elle cessera d'écrire après le départ de la seconde, laissant inachevé "un petit livre dédié aux morts commencé avant l'exil", qu'elle était en train de compléter.

François-Victor Hugo (1828-1873)
Fils de Victor Hugo, portant le prénom de son père, Victor, bientôt surnommé Toto, naît après Léopoldine et Charles. À 20 ans, devenu journaliste, il signe François-Victor Hugo ses articles politiques ce qui lui vaut d'être emprisonné en 1851. Rejoignant les siens en exil, débarquant à Jersey "avec l'enthousiasme d'artistes épris de soleil, de lumière, de poésie et de nature", il se passionne avec son frère pour la photographie mais très vite, il se jette dans l'entreprise littéraire colossale qu'il poursuit à Guernesey, la traduction et l'édition des OEuvres complètes de William Shakespeare, publiées en 18 volumes, de 1859 à 1866. Enfant, friand des dessins que son père joint à ses lettres, il manifeste un goût prononcé pour cette pratique largement répandue dans son entourage. Il s'y adonne joyeusement et, adolescent, exerce à la plume la verve satirique et l'humour que l'on retrouve chez "[s]on amour de papa", mais aussi chez les artistes de La Caricature ou du Charivari, Daumier, Grandville... Dessina-til davantage que ses frères et soeurs ? En particulier, pendant les deux graves maladies dont il souffrit à 14 et à 19 ans ? Il est en tout cas remarquable que les Hugo aient ainsi conservé ce que l'on n'appelait pas encore des dessins d'enfant…

Charles Hugo (1826-1871)
Fils aîné de Victor Hugo et journaliste engagé, Charles défend les mêmes valeurs politiques que son père, ce qui lui vaut d'être emprisonné en 1851 suite à un article contre la peine de mort. Au début de l’exil la famille arrive à Jersey en août 1852 et y restera jusqu'en en octobre 1855 date du départ pour Guernesey. Cette courte période est marquée par une activité photographique intense avec l'installation d'un atelier dans la demeure baptisée Marine Terrace qu'occupe le clan Hugo. L'Atelier de Jersey rassemble les frères Hugo mais aussi le fidèle ami Auguste Vacquerie ainsi que d'autres proscrits qui vont expérimenter les potentiels technique, artistique et politique du nouveau medium. Si François-Victor s'adonne à l'art du daguerréotype, Charles s'initie aux plaques de verre grâce au photographe et républicain Edmond Bacot. Il réalise la plupart des portraits de son père dans des mises en scène inattendues loin des représentations officielles de l'écrivain parisien. Il est également l'auteur de paysages de Jersey, où sa maîtrise du clair-obscur donne toute sa force expressive aux ruines et aux rochers, mais aussi d'un subtil travail d'enluminures et de dessins dans les albums et les collages. Charles qui se consacre ensuite à la littérature, se marie en 1865 à Bruxelles avec Alice Lehaene. Un premier fils Georges, né en 1867, meurt à peine âgé d'un an, un second aussi prénommé Georges, naît en 1868 puis une fille, Jeanne, en 1869, les seuls petits-enfants de Victor Hugo.

Adèle Hugo (1830-1915)
Fille cadette des Hugo, Adèle, dite Dédé, sort à peine de l'enfance quand elle perd sa soeur Léopoldine, qui l'associait à ses jeux, lui faisait partager ses goûts et l'avait initiée à la musique. L'exil va la couper de la vie mondaine et musicale intense de Paris : "Nous avons connu tous les musiciens célèbres de notre temps : Meyerbeer, Rossini, Berlioz, Liszt, Chopin", dit sa mère à Jersey, lors d'une des conversations entre proscrits qu'Adèle consigne dans son Journal de 1852 à 1855. Elle écrit beaucoup, projette un livre sur la libération des femmes, continue d'étudier la musique et passe des heures au piano. À Guernesey, l'achat de Hauteville House en 1856 signifie le prolongement certain de l'exil. Pour sa mère, "sa santé morale n'a pas besoin de ce remède héroïque". Cependant, elle redouble ses efforts pour la musique et compose des mélodies pour piano ou sur des poèmes de son père. Mais en juin 1863, se lançant à la poursuite d'un lieutenant anglais qu'elle aime sans retour, Adèle quitte l'île furtivement pour n'y plus jamais revenir. Après des errances au Canada et à la Barbade, elle est ramenée en France en 1872 pour être internée. Elle finit ses jours à Suresnes dans la maison de santé du docteur Magnan. Jules Claretie qui lui rend visite en 1908, note : "Elle ne parle plus de son opéra, Vénus exilée de sa patrie"…

Léopold Hugo (1828-1895)
Neveu de Victor Hugo, fils de son frère Abel et de Julie Duvidal de Montferrier, personnalité étrange, Léopold est à la fois scientifique et artiste. Après des études à l'École des Mines, il fait carrière au Ministère des travaux publics. Très tôt, sa mère lui donne une formation artistique qu'il a complétée auprès d'Horace Vernet. Il pratique la sculpture, mais aussi la peinture, le dessin et la gravure. Mathématicien, amateur éclairé, il publie de 1866 à 1876, plusieurs ouvrages de géométrie - sur les cristalloïdes - qui vont devenir au fil des ans, de plus en plus poétiques et délirants avec l'invention de la théorie Hugodécimale. Une même bizarrerie se lit dans son oeuvre plastique - peu étudiée et qui reste à découvrir – comme en témoigne la suite gravée d'autoportraits en double, chargés d'une symbolique obscure. Marqué par la fuite de sa femme avec un amant en 1869 et surtout la mort à vingt ans de sa fille Zoé, en 1876, Léopold se rapproche de son oncle dont il fréquente assidûment la maison avenue d'Eylau à Paris.

Georges Hugo (1868-1925)
Petit-fils de Victor Hugo, Georges, orphelin de père à trois ans, est élevé par son grand-père, avec sa soeur Jeanne (1847-1941). En 1890, il s'engage dans la Marine pour trois ans, publiant ses Souvenirs d'un matelot en 1896. Il épouse Pauline Ménard-Dorian en 1894, mariage dont naîtront Marguerite et Jean. Divorcé, il se remarie en 1901 avec Dora Dorian dont il aura un troisième enfant, François (qui sera orfèvre). Georges est très tôt tourné vers les arts et se forme auprès d'Ernest Duez (1843-1896). Le dessin et la peinture seront les compagnons de sa vie mondaine comme de sa vie de matelot et de soldat. Engagé volontaire pendant la 1ère guerre mondiale, il réalise de nombreux dessins sur le front qui sont exposés en 1917 au musée des Arts Décoratifs. Poilus, tranchées, terrain découvert sont rendus par quelques traits suggestifs avec une économie de moyens et une véracité qui leur vaut un grand succès. Si son talent s'exerce dans l'aquarelle et la peinture, Georges excelle dans ses dessins à capter les scènes de sociabilité d'un trait rapide avec l'esprit incisif de l'observateur qui sait son monde mais le regarde avec indulgence. Il laisse ainsi un précieux témoignage de la vie parisienne, de ses divertissements et de son art de vivre.

Jean Hugo (1894-1984)
Arrière-petit-fils de Victor Hugo, peintre, décorateur, illustrateur et écrivain, Jean est le premier de la lignée à s'être fait un nom sans que la gloire de l'aïeul ne le paralyse. Actif pendant tout le XXe siècle, il fut un observateur attentif de son temps remplissant nombre de carnets de croquis et de notes "sur le motif" qui ont nourri son oeuvre plastique et littéraire. Il participe à la vie mondaine du Paris d'avant-guerre puis des "Années folles" avec ses amis, Max Jacob, Jean Cocteau, Pablo Picasso, Christian Bérard, Erik Satie, Georges Auric ... et Valentine Gross qu'il épouse en 1920. Il prend sa part dans cette émulation artistique en se consacrant à la mise en scène (théâtre, cinéma, bals, ballets), à la décoration intérieure et à l'illustration. A partir de 1930 il quitte Paris pour le sud de la France, exil volontaire soufflé par la foi. Il participe à la Seconde Guerre mondiale, comme à 20 ans il avait participé à la Première, se marie avec Lauretta Hope-Nicholson en 1947, et fonde une famille de sept enfants. Tout en poursuivant son oeuvre de décorateur et d'illustrateur, son expression artistique se décline alors en centaines de gouaches aux formats souvent minuscules, où natures mortes, paysages, personnages et bestiaires oscillent entre réel et imaginaire. Il se met à l'écriture et publie ses Mémoires. La première rétrospective de son oeuvre a eu lieu au Canada en 1973.

Marie Hugo / Jean-Baptiste Hugo
Arrière-arrière petits-enfants de Victor Hugo, Marie est peintre, Jean-Baptiste, photographe. Pour les Hugo, Hauteville House à Guernesey n'est pas seulement la maison d'exil de Victor Hugo ; entre sa mort et celle de son petit-fils Georges qui en fut le principal occupant, elle fut aussi une maison de famille. Jean Hugo qui y vécut durant ses jeunes années, en a transmis le souvenir à ses propres enfants. Ainsi, sorte de décor du roman familial, c'est aujourd'hui la maison qui habite l'imaginaire de Marie et Jean-Baptiste Hugo. Ils ont souhaité, à travers la peinture et la photographie, réhabiter cette maison par leur regard, pour un livre publié parallèlement à l'exposition. Chacun avec sa sensibilité, et l'apport particulier de sa technique, ils nous font entrer dans l'intimité de la création et de l'esprit de Victor Hugo qui aménagea cette maison jusqu'en ses moindres recoins.