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“Charles Gleyre (1806 - 1874)” Le romantique repenti
au Musée d'Orsay, Paris

du 10 mai au 11 septembre 2016



www.musee-orsay.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 9 mai 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Sébastien Cornu (1804-1870), Portrait de Charles Gleyre, 1826-1827. Huile sur toile, 41 x 33 cm. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts. © Nora Rupp, Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne.
2/  Charles Gleyre (1806-1874), Le Déluge, 1856. Huile et pastel sur toile, 99,5 x 197 cm. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts. © Clémentine Bossard, Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne.
3/  Charles Gleyre (1806-1874), , 1834. Aquarelle, 23,7 x 32,1 cm. Boston, Museum of Fine Arts Photograph. © 2016. Museum of Fine Arts, Boston. All rights reserved.

 


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Interview de Paul Perrin, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 9 mai 2016, durée 16'04". © FranceFineArt.

 


1887_Charles-Gleyre_b audio
Interview de Côme Fabre, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 9 mai 2016, durée 20'04". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Côme Fabre, conservateur au musée du Louvre
Paul Perrin, conservateur au musée d’Orsay




A l’inverse de la Suisse qui a régulièrement entretenu son souvenir, aucun musée national français n’a jusqu’à présent consacré d’exposition à Charles Gleyre. Son rôle dans la peinture française au milieu du XIXe siècle est encore sous-estimé. La méconnaissance de sa biographie et de sa diversité créatrice, pourtant défendue par le critique et historien Charles Clément au lendemain de la mort de Gleyre, a longtemps laissé imaginer un esthète froid, conventionnel et sourd aux révolutions esthétiques de son temps, doublé d’un caractère solitaire, nostalgique et misanthrope. Les redécouvertes et les relectures de son oeuvre, au premier rang desquelles figurent l’analyse de Michel Thévoz dans L’Académisme et ses fantasmes (1980), le catalogue raisonné de William Hauptman (1996) et l’exposition organisée par Catherine Lepdor à Lausanne en 2006, ont fait réapparaître l’originalité et la puissance de son invention, ainsi que sa personnalité contradictoire, vagabonde, indépendante mais pleinement reliée à son temps.

On sait encore trop peu que Gleyre, citoyen suisse, fut probablement l’artiste de sa génération à avoir la connaissance la plus profonde et la plus intime du Proche-Orient et de l’Afrique du nord, où il a passé près de quatre années d’éblouissement comme de souffrance intense. Il fut également un acteur important de la scène artistique parisienne : humble et discret, il était toutefois pleinement reconnu, tant par ses pairs que par l’intelligentsia (Théophile Gautier, Gustave Flaubert, Gustave Planche, etc.) et par un public large. On a oublié en effet que Le Soir – plus connu sous le titre Les Illusions perdues – acquis par l’État en 1843 et conservé au musée du Louvre, est resté pendant un siècle l’un des grands favoris du goût populaire français. Républicain anticlérical et démocrate, Charles Gleyre a tenu pendant vingt-cinq ans l’atelier d’enseignement le plus tolérant et le plus fécond de Paris, où se rencontrèrent les futurs impressionnistes – Auguste Renoir, Alfred Sisley, Frédéric Bazille, Claude Monet – mais dont sortirent aussi les tenants de la peinture néo-grecque (Jean-Léon Gérôme, Henry-Pierre Picou, Auguste Toulmouche), ainsi que de nombreux peintres suisses, allemands, britanniques et américains, tel James Wistler.

La peinture de Charles Gleyre est tout aussi équivoque et profonde sous son apparente perfection : sous la glace des modelés et le raffinement précieux des détails bouillent les fantasmes juvéniles, la violence extrême et les cruelles désillusions. L’originalité de ses créations personnelles traduit une riche inspiration intérieure, bien distincte du conformisme académique, et qui rappelle le génie singulier et inventif de Pierre-Paul Prud’hon avant lui. Enfin, malgré sa posture misogyne et son éternel célibat, Gleyre a élevé par sa peinture un monument à la beauté et à la créativité de la femme, Minerve pétrifiante ou bacchante languide, annonciatrice des obsessions symbolistes.

Musée de référence pour l’art occidental de la seconde moitié du XIXe siècle, le musée d’Orsay propose une vision complémentaire à l’exposition monographique « Charles Gleyre. Le génie de l’invention », organisée en 2006 par le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne.

Le présent projet raconte d’abord la vie aventureuse d’un artiste tourmenté, exigent et sincère, sans en dissimuler les impasses, les doutes et les désillusions. Les étapes principales de sa carrière sont croisées avec des questions thématiques qui remettent en cause son prétendu académisme : seront évoqués le romantisme violent par lequel s’affirme le jeune artiste, la terrible épreuve physique et esthétique du voyage en Orient ainsi que la difficile réacclimatation du peintre à Paris, l’invention des grandes pages de l’histoire suisse, une surprenante approche archéologique du paysage, une nouvelle vision – orientale et sauvage – du monde grec antique, et enfin la réconciliation de l’artiste arrivé à maturité avec l’harmonie terrestre, l’abandon progressif d’une peinture narrative au profit de recherches sur le nu en lumière naturelle, au diapason de certains de ses élèves, futurs impressionnistes.

D’autre part, l’exposition élargit le contexte en plaçant les chefs-d’oeuvre de Gleyre en dialogue avec des toiles de ses maîtres (Léopold Robert, Horace Vernet, Louis Hersent,) et avec celles de jeunes artistes, qu’ils fussent ses élèves avérés (Auguste Renoir, Jean-Léon Gérôme, Henri-Pierre Picou) ou en connivence esthétique avec son art (Pierre Puvis de Chavannes, Gustave Boulanger). Ces rapprochements ont avant tout pour but de réinsérer l’artiste dans l’histoire de la peinture française, qu’elle soit de sensibilité romantique, néo-grecque, proto-symboliste ou impressionniste, et d’enrichir ainsi la lecture de ses oeuvres.

Dotée de 120 oeuvres, composées pour moitié de dessins où excelle l’art de Gleyre, l’exposition bénéficie de nombreux prêts exceptionnels du Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne. En y ajoutant la première présentation du Soir par le musée du Louvre à la suite d’une restauration spectaculaire, « Charles Gleyre. Le romantique repenti » rassemble pour la première fois l’intégralité des chefs-d’oeuvre de l’artiste.