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“Réouverture” article 1896
Musée national Jean-Jacques Henner, Paris

à partir du 21 mai 2016



www.musee-henner.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 18 mai 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Jean-Jacques Henner, La Source, 1881, huile sur toile, H. 100 cm, l. 73,5 cm. © RMN-Grand Palais / Franck Raux.
2/  Jean-Jacques Henner, Paul Henner à la médaille, avant 1867, huile sur toile, H. 36,5 cm, l. 29 cm. © RMN-Grand Palais / Franck Raux.
3/  Jean-Jacques Henner, Saint Sébastien, 1888, dépôt du musée d’Orsay, huile sur toile, H. 150,5 cm, l. 118,6 cm. © RMN-Grand Palais / Franck Raux.

 


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Interview de Marie-Cécile Forest, directrice du musée,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 18 mai 2016, durée 6'37". © FranceFineArt.

 


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Interview de Claire Bessède, conservateur du musée,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 18 mai 2016, durée 16'18". © FranceFineArt.

 


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Interview de Hubert Le Gall, muséographe,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 18 mai 2016, durée 9'02". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

L’équipe scientifique et culturelle
Marie-Cécile Forest, directrice du musée
Claire Bessède, conservateur du musée
Cécile Cayol, chargée des publics et de la communication




Le musée national Jean-Jacques Henner, en rénovation depuis 2014, réouvre ses portes le 21 mai prochain, à l’occasion de la Nuit européenne des musées. Ses nouveaux aménagements et son nouvel accrochage mettent en lumière une collection de 300 oeuvres, objets et documents, retraçant la vie et le parcours artistique du peintre Jean-Jacques Henner (1829-1905).

Un jardin d’hiver et un salon néo-Renaissance à redécouvrir
Les travaux décidés par le ministère de la Culture et de la Communication, d’un montant de 1,70 M€, ont été réalisés sous la maîtrise d’ouvrage déléguée de l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (Oppic) et la maîtrise d’oeuvre de l’architecte Sylvie Jodar. Cette seconde phase de travaux, exécutée entre 2014 et 2016, vient parachever une première campagne de réhabilitation menée de 2008 à 2009. Elle a notamment porté sur le réaménagement de l’entrée du musée, la réhabilitation du salon néo-Renaissance et du jardin d’hiver, ainsi que sur la construction d’une nouvelle verrière. L’amélioration du confort de visite, la mise en conformité et l’accessibilité de l’ensemble des espaces, et enfin la création de réserves, constituent la dernière étape de cette rénovation en profondeur. Aujourd’hui, la nouvelle muséographie conçue par Hubert Le Gall, propose une présentation enrichie des oeuvres de cet artiste représentatif de la peinture officielle du XIXe siècle.

De l’hôtel particulier au musée
Situé au coeur de la plaine Monceau (actuel 17e arrondissement), qui devient à la fin du XIXe siècle le quartier des artistes en vogue (Sarah Bernhardt, Alexandre Dumas fils, Edmond Rostand, Tristan Bernard, Charles Gounod, Gabriel Fauré, entre autres y éliront domicile), l’hôtel particulier, construit par l’architecte Nicolas Félix Escalier (1843-1920) au 43 avenue de Villiers, est l’un des rares témoignages de l’architecture privée sous la IIIe République. Habité par le peintre Guillaume Dubufe (1853-1909) qui en fit sa demeure et son atelier, il est acquis en 1921 par Marie Henner, nièce du peintre Jean-Jacques Henner, pour devenir en 1923 un musée national dédié à l’artiste. Une salle d’introduction à la visite présente cette histoire.

La carrière et l’atelier du peintre
Déployé sur trois étages, l’accrochage dense de 300 oeuvres, meubles et objets, développe, dans le goût du XIXe siècle, deux grands thèmes : la carrière d’un artiste officiel et son travail en atelier. Au premier étage, trois salles retracent l’itinéraire de Henner : l’une est consacrée à l’Alsace, l’autre à l’Italie, la dernière (l’atelier rouge) met en exergue son célèbre tableau L’Alsace, Elle Attend (incarnation du sentiment patriotique après la défaite de 1870). Le deuxième étage s’ouvre aux expositions thématiques et temporaires, à l’abri d’un moucharabieh, jadis installé par Dubufe. Au troisième étage, l’atelier gris permet de saisir le processus de création du peintre grâce aux esquisses, oeuvres inachevées, objets, meubles et plâtres provenant de son atelier place Pigalle. Ainsi, le musée Jean-Jacques Henner peut-il aujourd’hui restituer les grands axes de la production du peintre, égrenant au fil de ses salles ses lumineux paysages italiens, ses tableaux aux sujets religieux ou historiques, ses portraits au réalisme saisissant ou encore ses paysages alsaciens idéalisés, peuplés des femmes rousses qui ont contribué à la célébrité du peintre.

Un peintre honoré
Fils de cultivateurs alsaciens, Jean-Jacques Henner (1829-1905) a une carrière officielle couverte d’honneurs telle qu’un peintre pouvait la réussir dans la seconde moitié du XIXe siècle. Prix de Rome en 1858, membre de l’Institut en 1889, souvent médaillé au Salon où il expose chaque année et acheté par l’État, il est un artiste qui compte à la fin du XIXe siècle. Pourtant son oeuvre, et plus particulièrement ses esquisses d’une surprenante modernité, révèle un peintre souvent loin des standards de l’Académie.

Une programmation ambitieuse
Le salon néo-Renaissance et le jardin d’hiver du rez-de-chaussée seront dédiés à la programmation culturelle et accueilleront régulièrement concerts, spectacles, conférences, à l’instar de ses premiers occupants, la famille Dubufe, qui avait l’habitude d’y recevoir artistes et amis. Dans le cadre d’un partenariat avec l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, le musée accueillera également dès septembre 2016 un jeune artiste en résidence dans le petit atelier qui surmonte le jardin d’hiver. Son travail fera l’objet d’une exposition au musée à la fin de sa résidence en juin 2017.

Une mémoire ravivée
Si Jean-Jacques Henner n’a pas vécu au 43 avenue de Villiers, il était familier du quartier et des artistes qui y résidaient. L’éclairant d’un nouveau jour, le musée national Jean-Jacques Henner, entend traduire aujourd’hui, sur plus de 600 m2 et quatre niveaux, quelque 300 peintures et dessins (issus d’une collection de près de 2 300 oeuvres conservées), la vie d’un peintre du XIXe siècle, artiste témoin et acteur de son temps.



Jean-Jacques Henner : Une oeuvre, un artiste, une carrière

Henner et l’Alsace

Jean-Jacques Henner est né le 5 mars 1829 à Bernwiller dans le Sundgau, au sud de l’Alsace. Il est le sixième et dernier enfant d’une famille de cultivateurs mi-rurale mi-bourgeoise. Il a cinq frères et soeurs et fait à de nombreuses reprises leurs portraits, notamment de Séraphin, Grégoire ou Marie-Anne. Plus tard, il prendra plaisir à peindre ses neveux Paul, Jules et Eugénie, que l’on retrouve dans Alsacienne ou Eugénie Henner en Alsacienne tenant un panier de pommes.
C’est en Alsace que Henner débute sa formation. Il prend des cours de dessin au collège d’Altkirch, la ville la plus proche de son village natal, auprès de Charles Goutzwiller qui encourage sa vocation pour le dessin. Il suit ensuite l’enseignement de Gabriel Guérin à Strasbourg avant de poursuivre, en 1846, ses études à Paris grâce à l’aide financière du département du Haut-Rhin. Ses oeuvres de jeunesse sont surtout des portraits, qui peuvent être des commandes tel celui du Sous-préfet d’Altkirch, Montaubin, et des scènes réalistes de la vie quotidienne où il représente ses proches comme Marie-Anne Henner barattant le beurre.
Après l’annexion de l’Alsace par l’Empire allemand en 1871, Henner opte pour la nationalité française. Son tableau le plus symbolique, L’Alsace. Elle attend, est présenté dans l’atelier rouge. Il conserve cependant des liens forts avec sa région d’origine dans laquelle il séjourne chaque année entre août et octobre. Il aime y peindre des paysages du Sundgau où l’on retrouve presque invariablement les buissons, le petit étang, la colline et le ciel à la tombée du jour.

Cinq années à Rome
En 1858, Henner remporte le Grand Prix de Rome de peinture avec Adam et Ève trouvant le corps d’Abel. Ce succès lui permet de séjourner cinq ans à Rome, à la Villa Médicis. Il fait le portrait d’autres pensionnaires : le sculpteur Henri Chapu, le musicien Samuel David et l’architecte Georges-Ernest Coquart. Il s’inspire de son nouveau cadre de vie avec, en 1860, Rome, terrasse de la Villa Médicis et réalise plusieurs vues du jardin.
Il se consacre avant tout à la préparation des tableaux qu’il doit envoyer chaque année à Paris afin que l’on puisse juger de ses progrès. Des esquisses évoquent ces envois : Le Pêcheur et le petit poisson, Le Christ en prison et La Chaste Suzanne.
Le peintre voyage dans une Italie en cours d’unification : de juin à octobre 1860, il part pour Florence en passant par l’Ombrie puis, au retour, par Parme, Venise et Milan et entre août et octobre 1862, il séjourne dans la région de Naples où il retourne en juillet 1864. Dans les musées, Henner réalise de nombreuses copies peintes : à Venise, plusieurs détails du Retour des Ambassadeurs de Carpaccio et à Florence, la Vénus d’Urbin de Titien.
Il se découvre également paysagiste. De petites dimensions et souvent sur papier, ultérieurement collés sur toile, les paysages ont vraisemblablement été réalisés sur le motif, qu’il s’agisse des environs de Rome pour Paysage d’Italie. Coucher de soleil ou de Naples pour la Vue du Vésuve.
Il représente souvent les paysans du Latium en costume traditionnel (Femme debout, tricotant), parfois dans des scènes qu’il a observées dans les rues.

Une carrière officielle
Jean-Jacques Henner a mené une carrière officielle couverte d’honneurs telle qu’un peintre pouvait la réussir dans la seconde moitié du xlxe siècle. Prix de Rome en 1858, membre de l’Institut en 1889, souvent acheté par l’État et médaillé au Salon où il expose chaque année, il est un artiste qui compte à la fin du xlxe siècle.
Autour du tableau qui l’a rendu célèbre, L’Alsace. Elle attend (1871), sont présentés des tableaux exposés au Salon : Joseph Tournois (1865), Portrait de Mme *** dite La Femme au parapluie (1874), Le Sommeil (1880), Femme qui lit dite La Liseuse (1883), Solitude (1886), Saint Sébastien (1888) et Mme Séraphin Henner (1902). Sont aussi exposées des esquisses et répliques permettant d’évoquer d’autres oeuvres qui ont marqué sa carrière : Idylle de 1872, Églogue de 1879, La Fontaine de 1880, La Source de 1881 ou Nymphe qui pleure de 1884. Après une brève incursion vers le naturalisme dont témoigne le portrait de Joseph Tournois, Henner, qui reste peintre d’histoire, s’oriente vers un style plus allusif et vers des sujets sans référence à un contexte précis comme La Liseuse ou Le Sommeil.
Henner a réalisé plus de quatre cents portraits dont beaucoup sont des commandes. Ceux qui sont venus dans son atelier nous montrent la société de son temps : l’astronome Jules Janssen, le député Gaston Marquiset ou Valentine About, la fille d’un écrivain… La peinture de portraits correspond au goût d’un artiste qui aimait se concentrer sur la physionomie d’un modèle.

Les citations sont extraites des textes de la publication éditée aux Éditions Somogy à l’occasion de la réouverture du musée.