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“Merci Raymond par Bertrand Lavier” article 1902
à la Monnaie de Paris, Paris

du 27 mai au 17 juillet 2016



www.monnaiedeparis.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 25 mai 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Bertrand Lavier, Walt Disney Productions 1947-2015 N°4, 2015, acrylic on inkjet print on canvas. 208,5 x 208,5 x 4,2 cm. Photo crédit: HV-studio, Brussels. Courtesy: the Artist and Xavier Hufkens, Brussels.
2/  Bertrand Lavier, Triptyque des Parasols, 2003. Collection Frac Bretagne © ADAGP, Paris. Crédit photo : Hervé Beurel.

 


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Interview de Chiara Parisi, directrice des programmes culturels et commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 25 mai 2016, durée 6'25". © FranceFineArt.

 


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Interview de Bertrand Lavier,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 25 mai 2016, durée 7'12". © FranceFineArt.

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Jusqu’au 17 juillet, le calambour s’empare de la Monnaie avec un Merci Raymond que lance joyeusement Bertrand Lavier à son ami Raymond Hains, à présent décédé. Mais que l’on ne s’y trompe pas, l’entreprise n’est pas simple hommage à l’un des troublions de l’art d’après-guerre, un de ces « Nouveaux réalistes » qui nous amena au-delà du Modernisme. Car ces deux acolytes qu’une génération distinguait avaient trouvé langue. Et c’est ce dialogue entre les œuvres de ces deux artistes, cette connivence spirituelle et formelle, qui est mis en scène dans les salons de la Monnaie de Paris. Le visiteur d’ailleurs est immédiatement transporté dans des contrées loufoques avec un hommage de Lavier à Dard ouvrant le ballet de ce duo d’artistes : dans le grand escalier qui mène aux salons, les titres des San Antonio viennent graver la stèle d’un rose moqueur.

Tout au long des salles qui ouvrent sur la Seine, on joue avec la langue, les couleurs et l’histoire de l’art, toutes faites de ressemblances fortuites. Succulents jeux d’esprit, qui entrainent les mots et les formes dans des ricochets surprenants. Alors, la lettre se trouve prise dans une plasticité sonore et visuelle. Et quand les mots s’abiment dans la forme, on jubile. Lavier en comparse de Hains nous fait voyager dans la truculence d’un langage balancé entre métaphore et métonymie, un langage tressé avec des correspondances visuelles. Les jeux de mots qui reposent principalement sur l’homophonie - cette ressemblance fortuite qui gouverne notre inconscient et stimule la plasticité de la lettre - sont en écho dans les salons de la Monnaie. La mise en abîme combinatoire de formes et de lettres est prise dans l’insolence du calembour, de la contrepèterie, dans le piège du semblable, dans celui des faux-amis. La distance et le détournement duchampien sont bien là, mais le ready-made est souvent métamorphosé, emmené au-delà de sa définition primaire. L’objet manufacturé est assemblé avec d’autres, ou recouvert d’une touche Van Gogh. Ici, c’est avant tout l’art qui est mis à distance et qui se moque de lui-même, car tout sert la démystification du geste, de la prouesse et de la signature de l’artiste. On exulte devant l’amusement et la dérision d’un Bertrand Lavier non-dupe de son propre jeu.

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaire : Chiara Parisi, directrice des programmes culturels



A partir du 27 mai, la Monnaie de Paris accueille l’exposition Merci Raymond par Bertrand Lavier. Plus qu’une exposition, ce sont des histoires, des anecdotes, des sensations que Bertrand Lavier met en scène dans les salons XVIIIème de la Monnaie de Paris en créant des correspondances et des confrontations inattendues avec les œuvres de Raymond Hains. Cet artiste, figure du Nouveau Réalisme, connu notamment pour ses affiches lacérées, infatigable mixeur de mots, est ainsi présenté et mis en lumière par son ami et complice Bertrand Lavier. Le commissariat est assuré par Chiara Parisi, Directrice des Programmes Culturels de la Monnaie de Paris.

Les douze salons d’exposition de la Monnaie de Paris accueillent les chefs-d’œuvres de ces deux artistes qui établissent des analogies entre les mots, les noms, les images, tout en les détournant. Douze clins d'œil de Bertrand Lavier pour présenter différemment les œuvres de Raymond Hains à travers des face à face et des dialogues, en provoquant et en jouant avec son propre travail, comme une conversation entre amis – avec beaucoup de légèreté.

Produisant de nouvelles œuvres et revisitant ses pièces emblématiques, Bertrand Lavier joue avec les correspondances visuelles et verbales qui peuvent être établies entre ses ‘chantiers’ et ceux de Raymond Hains ; il vient éclairer l’œuvre de son ami tout en jouant du même humour.

Dès la façade où apparaîtra le titre de l’exposition Merci Raymond, Bertrand Lavier s’empare du palais sur la Seine, quai de Conti. Cette première intervention extérieure, en immenses lettres « verre cannelé » dorées, manifeste sa volonté de lier en un même lieu les œuvres du passé et les œuvres contemporaines. C’est un lumineux hommage, telle une gigantesque médaille autour du bâtiment qui l’accueille. L’installation à la Monnaie de Paris rassemble l’esprit de ces deux compagnons de route qui mêlent à la perfection leurs univers artistiques et leurs réflexions sur un ton décalé où l’on retrouve autant Picasso, Matisse, Frank Stella, Giotto,… que l’âne de Boronali.

Bertrand Lavier fait ainsi rejouer le grand match artistique Matisse-Picasso à travers… Chevrolet et Citroën, ou bien en associant aux Palissades de Skis de Raymond Hains, des œuvres d’artistes tels que Christian Boltanski, Claude Closky, Gérard Gasiorowski, Wassily Kandinsky, Piotr Kowalski, David Ostrowski, Petrushka by Igor Stravinsky, Piotr Uklański...

C’est dans l’idée de toujours réinventer de nouvelles formes d’exposition, que Bertrand Lavier conçoit au sein de la Monnaie de Paris un projet fait sur mesure dans le but de solliciter l’œil et l’esprit des visiteurs.