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“Josef Sudek” Le monde à ma fenêtre
au Jeu de Paume, Paris

du 7 juin au 25 septembre 2016



www.jeudepaume.org

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 6 juin 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Josef Sudek, Labyrinthe sur ma table, 1967, épreuve gélatino-argentique, 27,7 x 24,4 cm. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Don anonyme, 2010. © Succession de Josef Sudek.
2/  Josef Sudek, Rue de Prague, 1924, épreuve gélatino-argentique, 8,3 x 8,2 cm. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Don anonyme, 2010. © Succession de Josef Sudek.
3/  Josef Sudek, La dernière rose, 1956, épreuve gélatino-argentique, 28,2 x 23,2 cm. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Don anonyme, 2010. © Succession de Josef Sudek.

 


1911_Josef-Sudek audio
Interview de Ann Thomas, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 6 juin 2016, durée 12'52". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaires :
Vladimír Birgus (directeur de l’Institute of Creative Photography, Université de Silésie, Opava),
Ian Jeffrey (historien de l’art)
et Ann Thomas (conservatrice de la photographie, Institut canadien de la photographie du Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa)




Intitulée « Josef Sudek. Le monde à ma fenêtre », l’exposition est la première de cette ampleur à resituer le travail et la vie de Josef Sudek (Kolín, 1896 – Prague, 1976) dans le contexte pragois de la première moitié du XXe siècle, imprégné de l’intense vie artistique de la capitale tchèque. À travers une sélection de 130 oeuvres couvrant l’ensemble de la carrière de Sudek, de 1920 à 1976, l’exposition se propose d’examiner comment sa photographie reflète sa relation personnelle au monde environnant, des explorations de l’intimité de son atelier et de son jardin vu de sa fenêtre aux vagabondages, plus lointain qui le mènent dans les rues de Prague et à sa périphérie, en passant par ses excursions dans la campagne alentour.

La fascination durable qu’exercent sur Sudek la lumière et son absence est à l’origine de quelques-unes des photographies les plus envoûtantes du XXe siècle. Nature, architecture, rues et objets sont magnifiés par sa sensibilité et son intelligence du pouvoir de la lumière qui révèlent comment l’obscurité rend tout impénétrable.

Photographe extraordinairement soucieux de la qualité du tirage, condition du potentiel expressif de l’image, Sudek obtient du procédé pigmentaire le meilleur de son atmosphère et de son pouvoir évocateur, et recueille de l’épreuve argentique sa puissance de réflexion et de description. Outre ses débuts, l’exposition présente une période charnière qui débute dans les années 1940, au cours de laquelle il se livre à des expériences novatrices et, se focalisant sur les aspects techniques et formels du médium de la photographie, crée des tirages pigmentaires, des tirages tramés, des puřidla (photographies entre deux verres) et des veteše (photographies insérées dans des cadres anciens), techniques qui, toutes, lui offrent la possibilité de transformer la qualité objectale de la photographie.

La perte de son bras droit au cours de la Première Guerre mondiale et les difficultés qu’il rencontre alors à transporter sa chambre grand format n’ont en rien entamé la passion inconditionnelle qu’il éprouve pour son activité photographique.

La fenêtre de son atelier, objet qui exerce sur Sudek une inépuisable fascination, est comparable à la surface d’une toile, réfléchissant des instants de tendresse exquise et d’espoir quand une branche en fleur se pressait contre elle, ou de poignante mélancolie lorsqu’il observe le jeu infini de la buée métamorphosant le monde extérieur contemplé à travers la vitre. La chambre panoramique lui offre la possibilité de saisir son amour de Prague, exprimant avec une profondeur de sentiment allant de pair avec la précision de sa vision la richesse historique et la complexité architecturale de la capitale tchèque.

Comme beaucoup d’artistes de sa génération marqués par leur expérience de la guerre, il manifeste une conscience particulièrement aiguë des aspects sombres et tourmentés de l’existence humaine – sentiments qui lui inspirèrent certaines de ses images les plus mélancoliques et les plus émouvantes. Une photographie réalisée la nuit à travers la vitre de sa fenêtre, montrant une ville plongée dans l’obscurité sous l’Occupation durant la Seconde Guerre mondiale, communique un sentiment de désespoir indicible tout en attestant de manière radicale de l’aptitude de cette technique, telle que pratiquée par un maître, à transcender le littéral.

La première partie de l’exposition plante le décor du grand récit de l’oeuvre future de Sudek, montrant ses premiers paysages, ses ciels nuageux, ses hésitantes explorations du modernisme et ses vues de l’intérieur de la cathédrale Saint-Guy.

Façonnant ainsi par des images le récit de sa vie, nous pénétrons ensuite dans son monde intérieur, section retraçant l’environnement immédiat de Sudek ainsi que les vues et objets qu’il affectionnait, son atelier et son jardin. Ses interminables promenades dans Prague trouvent une expression dans les panoramas de la ville et de ses environs, ainsi que dans la photographie de ses « quartiers périphériques » plus sordides, sujet également traité par d’autres artistes pragois. L’est et le nord de la Bohême, les monts Beskides et la forêt de Mionší sont également des destinations que le photographe affectionnait.

L’exposition « Josef Sudek. Le monde à ma fenêtre » trace ainsi un fascinant panorama de la création de cet artiste à l’identité si singulière.