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“Beat Generation” New York, San Francisco, Paris
au Centre Pompidou, Paris

du 22 juin au 3 octobre 2016



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, pré-visite de l'exposition, le 20 juin 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Brion Gysin, William S. Burroughs, Untitled (Primrose Path, the Third Mind, p.12), 1965. Brion Gysin © Archives Galerie de France. William S. Burrougs © 2016, The William S. Burrougs Trust. All rights reserved. © Los Angeles Country Museum of Art, Los Angeles / dist. RMN- Grand Palais / service presse Centre Pompidou.
2/  John Cohen, Robert Frank, Alfred Leslie, Gregory Corso, 1959. Épreuve gélatino-argentique, 22.2 x 33 cm. © John Cohen. photo © Courtesy L. Parker Stephenson Photographs, New York.
3/  Wallace Berman, Untitled (Allen Ginsberg), année 1960. Collage Verifax sur carton monté sur bois, (cadre original fabriqué par l’artiste), 29 x 33 cm. Collection particulière. © Estate of Wallace Berman. © galerie frank elbaz, Paris.

 


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Interview de Philippe-Alain Michaud, commissaire général de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 20 juin 2016, durée 14'47". © FranceFineArt.

 


1925_Beat-Generation_b audio
Interview de Jean-Jacques Lebel, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 20 juin 2016, durée 4'59". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Philippe-Alain Michaud, chef du service cinéma du musée national d’art moderne

Commissaires associés:
Jean-Jacques Lebel,
Rani Singh, Getty Research Institute
Assistés de Enrico Camporesi, attaché de conservation au musée national d’art moderne




Le Centre Pompidou présente « Beat Generation. New York, San Francisco, Paris », une rétrospective inédite consacrée au mouvement littéraire et artistique né à la fin des années 1940 et étendant son influence jusqu’à la fin des années 1960. C’est tout le Centre Pompidou qui se met à l’heure de la Beat Generation à travers une riche programmation d’événements conçue avec la Bpi et L’Ircam, en écho à l’exposition: lecture, concerts, rencontre, cycle de films, colloque, programmation au Studio 13/16, etc.

Aux États-Unis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et aux premiers jours de la guerre froide, l’émergence de la Beat Generation "scandalisa" l’Amérique puritaine et maccarthyste et préfigura la libération culturelle, sexuelle et le mode de vie de la jeunesse des années 1960. D’abord perçus par la culture dominante comme des rebelles subversifs, les beats apparaissent aujourd’hui comme les acteurs d’un mouvement culturel parmi les plus importants du 20è siècle que le Centre Pompidou se propose de traverser en le replaçant dans un horizon élargi, de New York à Los Angeles, de Paris à Tanger.

L’exposition du Centre Pompidou replace le mouvement beat dans un horizon élargi et protéiforme. Les pratiques artistiques de la Beat Generation témoignent en effet d’un décloisonnement des mediums et d’une volonté de collaboration qui met en question la notion de singularité artistique. Si des artistes issus de la scène californienne (Wallace Berman, Bruce Conner, George Herms, Jay DeFeo, Jess…) sont présentés dans l’exposition, celle-ci se concentre surtout sur le phénomène littéraire et les connexions que la littérature entretient avec la scène des arts plastiques. Une place importante est réservée à la poésie orale, véritable préfiguration des œuvres sonores qui se sont mulitpliées dans l’art contemporain, et aux innombrables revues (Yugen, Big Table, Beatitude, Umbra …) à travers lesquelles les textes beat circulaient et dans lesquelles collaboraient écrivains et plasticiens.

La photographie, essentiellement des portraits, d’Allen Ginsberg et de William Burroughs mais aussi d’importants ensembles de Robert Frank (The Americans, From the bus …), de Fred McDarrah, de John Cohen pris sur le tournage de Pull My Daisy ou encore d’Harold Chapman qui, entre 1958 et 1963 a tenu la chronique du Beat Hotel à Paris, fait partie intégrante des médiums utilisé par la generation beat. Il en est de même pour le cinéma (Christopher MacLaine, Bruce Baillie, Antony Balch, Stan Brakhage, Ron Rice…) dont la pratique a accompagné de manière continue les développements et l’histoire de ce mouvement.

Les beats prennent rapidement possession des techniques de la reproductibilité : machines à écrire bien sûr mais également enregistreurs puis magnétophones à bande, phonographes, imprimantes primitives et miméographes, appareils photo, caméras… tout ceci avec l’idée de l’expérimentation, du bricolage dont l’exposition se propose de rendre compte. Limitée à un cadre historique précis, celle-ci illustre à quel point la beat generation, dans sa liberté d’expression, sa volonté de décloisonnement des disciplines et des cultures, son esthétique pauvre, extatique et contemplative, sa violence aussi, a conditionné les développements ultérieurs des contre- cultures contemporaines, dont elle apparait comme l’origine et auxquelles elle permet de donner une perspective historique.

La Beat Generation est née de la rencontre de William Burroughs, Allen Ginsberg et Jack Kerouac qui se rencontrent à New York, à la Columbia University en 1944. Le mouvement se déplace ensuite sur la côte Ouest et gravite autour de la librairie de Lawrence Ferlinghetti à San Francisco, la maison d’édition City Lights et brièvement, autour de la Six Gallery où a lieu, le 7 octobre 1955 la célèbre lecture par Ginsberg de son poème Howl, qui donnera lieu à un retentissant procès pour obscénité et apportera aux poètes beat une célébrité paradoxale. Deux autres figures majeures de la Beat Generation, les poètes Philip Lamantia et Michael McClure prirent une part active à l’événement fondateur à la Six Gallery. Entre 1957 et 1963, Paris sera un des foyers essentiels de la Beat Generation : William Burroughs, Gregory Corso, Allen Ginsberg, Peter Orlovsky, Brion Gysin, etc. logent régulièrement au Beat Hotel, 9 rue Gît-le-Coeur, haut lieu de la marginalité du Paris polyglotte d’après-guerre et véritable laboratoire pour les expérimentations visuelles et sonores. C’est là en particulier que Brion Gysin, William Burroughs et Antony Balch développent la technique du « cut-up », que Burroughs compose Naked Lunch, et que Brion Gysin invente sa Dreamachine.

La présente manifestation fait suite aux récentes expositions sur le même thème du Centre Pompidou-Metz, du ZKM à Karlsruhe du Fresnoy à Tourcoing, des Champs Libres à Rennes et du Musée d’art moderne de Budapest présentées entre 2013 et 2014 dont le commissaire était Jean-Jacques Lebel.

L’exposition est accompagnée d’un catalogue avec des textes de Barry Miles, Alain Cueff, Jean-Jacques Lebel, Philippe-Alain Michaud, Rani Singh, Enrico Camporesi, Pascal Rousseau, Gilles A. Tiberghien et Jean-Pierre Criqui. L’ouvrage présente également des interviews (la plupart inédits en français) de Lawrence Ferlinghetti, Joanne Kyger, Brion Gysin, Michael McClure, Shigeyoshi Murao, William S. Burroughs et Allen Ginsberg.


« La Beat Generation, c’est une vision qu’on a eue […] à la fin des années 1940, d’une génération de mecs dans le coup (hipsters), dingues et illuminés s’élevant soudain et parcourant l’Amérique, cinglés, vivant dans la rue, allant d’un endroit à un autre en stop, déguenillés, béats et beaux d’une manière moche, gracieuse, nouvelle – vision inspirée de la façon dont on avait entendu le mot beat employé au coin des rues à Times Square et à Greenwich Village, dans d’autres villes dans la nuit des centres villes de l’Amérique de l’après-guerre – beat, c’est-à-dire dans la dèche, mais remplis d’une intense conviction. » Jack Kerouac, « Aftermath: The Philosophy of the Beat Generation », Esquire, mars 1958, p. 24


La Beat Generation, mouvement littéraire et artistique apparu à la fin des années 1940 aux Etats-Unis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et aux premiers jours de la guerre froide, scandalise l’Amérique puritaine et maccarthyste et préfigure la libération culturelle, sexuelle et le mode de vie de la jeunesse des années 1960 : rejetant le scientisme et les idéaux technologiques occidentaux, le racisme et l’homophobie, défendant une nouvelle éthique tribale et l’usage des psychotropes, il a directement inspiré les mouvements de mai 1968, l’opposition à la guerre du Vietnam, ou encore les hippies de Berkeley, de Woodstock et du monde entier.

D’abord perçus par la culture dominante comme des rebelles subversifs, les beats apparaissent aujourd’hui comme les acteurs d’un mouvement culturel parmi les plus importants du 20è siècle. Les oeuvres littéraires beat, accueillies avec mépris et suspicion, font aujourd’hui partie du canon de la littérature américaine et sont enseignées dans les universités. Le terme « beat », emprunté à l’argot des rues signifie « cassé, pauvre, sans domicile » et reconduit le mythe romantique et bohème de la génération perdue. L’écrivain d’origine franco-canadienne Jack Kerouac, dont le roman Sur la route (1957) reste la pierre angulaire du mouvement, y ajoutera une nuance contemplative : dans « beat », il faut aussi entendre selon lui « béatitude ». C’est ainsi que la Beat Generation témoigne d’un attachement profond aux grands espaces, à la nature et aux spiritualités chamaniques dans lesquelles l’homme est partie intégrante du Cosmos. Enfin, dans « beat », on remarque le tempo du bop, qui reste, notamment à travers la figure de Charlie Parker, la musique organiquement liée au mouvement : c’est d’ailleurs la culture jazz et le be-bop qui inspireront à la poésie beat sa prosodie, son rythme et ses techniques d’improvisation.

Si le groupe se constitue à New York avec la rencontre à l’Université Columbia en 1944 de Jack Kerouac, William Burroughs et Allen Ginsberg, rejoints plus tard par Gregory Corso, il se déplace en Californie dans les années 1950, dans le quartier de North Beach : la librairie City Lights et la maison d’édition de Lawrence Ferlinghetti lui serviront de catalyseur. C’est à San Francisco, à la Six Gallery sur Fillmore Street qu’Allen Ginsberg lit son poème Howl en 1955, lecture qui sera à l’origine d’un retentissant procès et contribuera à la renommée des écrivains beat. Paris sera le lieu d’élection européen de ce mouvement, essentiellement nomade : leur lieu de rassemblement sera le « Beat Hotel », rue Git-le-Cœur où résidèrent, également dans les années 1950-1960, Burroughs, Corso, Ginsberg, Orlovsky et Gysin et où ils entrent en relation avec des artistes français comme Jean-Jacques Lebel, l’un des passeurs les plus actifs de la culture beat en France. Le Beat Hotel qui fut, en même temps qu’un espace traversé par la magie, un véritable laboratoire pour les expérimentations visuelles et sonores. C’est notamment là que Gysin et Burroughs élaborèrent la technique du cut-up.

En dehors de New York, San Francisco et Paris, la géographie beat s’étend au Mexique où artistes, écrivains, photographes et cinéastes trouvèrent des modèles d’existence alternative en même temps que des voies d’accès à la pensée et aux cultures indiennes, à Tanger (où Ginsberg, Burroughs ou Gysin, rejoignant Paul Bowles, firent des séjours prolongés), et à l’Inde et au Japon où Ginsberg et Orlovsky rejoignirent Garry Snyder à la recherche des fondements de la philosophie zen.

L’exposition « Beat Generation » est organisée géographiquement, en suivant comme axe idéale la route analogique tracée par l’immense rouleau tapuscrit de Sur la route, et elle est divisée en trois grandes sections (New York, Californie, Paris) avec deux espaces plus restreints dédiés au Mexique et à Tanger. Bien que cadrée historiquement entre 1944 et 1969, l’exposition est néanmoins marquée par quelques incursions dans le contemporain. Un exemple est l’installation d’Allen Ruppersberg Singing Posters (2003-2005), directement inspirée du poème Howl d’Allen Ginsberg, dont la pièce expose la transcription phonétique. Afin de souligner l’intérêt crucial porté par les écrivains beat vers les technologies d’enregistrement et de reproduction mécanique, une charte d’influences centrée sur la question est produite à cette occasion par Franck Leibovici.


New York
La partie new-yorkaise de l’exposition se focalise sur les relations entre musique et littérature et sur les étapes qui ont conduit les écrivains beat à s’emparer des technologies et des supports de leur époque (du disque à la machine à écrire) afin d’inventer un nouveau mode poétique et artistique qui dépasse largement la mythologie tardoromantique à laquelle ces auteurs sont souvent rattachés. Cette section permet d’approcher la scène new-yorkaise dans toute sa diversité et complexité. Les revues y occupent une place d’honneur : c’est dans les pages de Floating Bear (édité par Diane Di Prima et LeRoi Jones), de Kulchur ou de Fuck You: A Magazine for the Arts d’Ed Sanders que les textes des écrivains beat circulent. Le texte littéraire est dans cette section mis en relation avec la vie sociale du Village, que Fred W. McDarrah a photographié, théâtre des lectures publiques et lieu de rencontre avec le jazz. Pull My Daisy (1958) tourné par Robert Frank et Albert Leslie, avec la musique de David Amram, et basé sur le poème collectif de Kerouac, Ginsberg et Cassady, est au centre de la section new-yorkaise et synthétise l’esprit de collaboration de la scène beat. Une partie est également dédiée à la peinture, avec des oeuvres d’Alfred Leslie, Bob Thompson, Julian Beck, Larry Rivers. Des nombreux dessins et huiles de Kerouac (dont l’oeuvre graphique et picturale demeure largement méconnue) ainsi que des travaux sur papier de Peter Orlovsky, Robert LaVigne, Gregory Corso, complètent le portrait de la scène new-yorkaise.


Californie
La section consacrée à la Californie se concentre sur la scène beat littéraire et artistique entre 1952 et 1965. Elle présente un groupe d’artistes et d’écrivains avant-gardistes et transgressifs dont l’oeuvre a influencé profondément les générations suivantes en Amérique et au dehors. Les oeuvres présentées illustreront le caractère novateur et non-conformiste de la période qui voit le développement d’une culture de l’assemblage, du recyclage et de la récupération et d’un usage « bricolé » des techniques et des médiums, à contre-courant des tendances esthétiques dominantes. La sélection des oeuvres soulignera également les connections et les collaborations entre artistes, poètes et musiciens qui prennent un caractère systématique dans la culture alternative des années 1950 et 1960. Photographies, ephemera, documents historiques, publications, manuscrits et enregistrements sonores seront exposés dans les salles afin de restituer le contexte historique, politique et culturel de l’époque. La section californienne de l’exposition obéit à un découpage géographique : elle est idéalement divisée en deux parties consacrées respectivement à la Californie du Nord (Bay Area et San Francisco), et à la Californie du Sud (Los Angeles). Dans la première partie sont rassemblés des livres d’artistes et des imprimés publiés dans la mouvance de la librairie City Lights, des films expérimentaux de Christopher MacLaine, Stan Brakhage, ou Larry Jordan, des photographies, des collages, de l’art postal de Jess, Wallace Berman, Jay DeFeo ou Bruce Conner. La seconde partie est consacrée à la Californie du Sud et à Venice Beach, que Charles Brittin a largement documenté à travers ses photographies, et qui a accueilli une petite communauté beat entre 1955 et 1965.


Mexique
Depuis le commencement des années 1950, le Mexique, pays mythique situé au-delà de la dernière frontière, a exercé une attraction particulière sur les artistes californiens et les écrivains beat – peut-être aussi à cause du souvenir du voyage d’Antonin Artaud chez les indiens Tarahumaras. Pour Burroughs comme pour Kerouac et bien d’autres écrivains de cette génération, le Mexique fut un lieu d’expérience à la fois romantique et sordide, le pays du peyotl, de la violence et de la magie, où se concentrent tous les thèmes qui traversent leur histoire. Ce fut aussi le lieu fantasmatique où la contre-culture pacifiste de Californie, à l’instar de Bruce Conner, pensait pouvoir échapper aux explosions atomiques. Dans cette section sont présentés des films de Bruce Conner et Ron Rice et les photographies de Bernard Plossu, réalisées pendant son voyage mexicain en 1965-1966, à l’issu duquel, remontant vers le Nord, il allait arriver en Californie au milieu du « Summer of Love ».


Tanger
Placée sous mandat des pays européens et déclarée zone franche jusqu’à l’indépendance du Maroc en 1956, la Tanger de l’après-guerre dont Burroughs fera l’« interzone » labyrinthique du Festin nu, fut un lieu d’élection accueillant pour nombre d’écrivains et d’artistes qui vinrent y séjourner plus ou moins régulièrement. William Burroughs loua une chambre à l’hôtel Muniria en 1954, bientôt rejoint par Ginsberg, Kerouac, Corso et Orlovsky. Paul Bowles vivait à Tanger depuis la fin des années 1930 et Gysin y ouvre un restaurant au commencement des années 1950, « Les Mille et Une Nuits », où les maîtres musiciens de jajouka venaient jouer tous les soirs. L’exposition met l’accent sur l’influence de la musique de transe que Paul Bowles enregistre au cours de ses voyages à travers le Maroc en 1959, des pratiques magiques et de la consommation du kif sur la production littéraire et visuelle (c’est notamment à Tanger que Burroughs développe sa pratique du photomontage) de la génération beat. Les écrivains beat quittent Tanger un peu avant l’essor de la culture psychédélique dont les commencements sont évoqués dans la revue Gnaoua, éditée par Ira Cohen, dans laquelle Burroughs et Gysin écrivent.


Paris
La dernière partie de l’exposition est consacrée à Paris où certains textes majeurs de la poésie beat ont été écrits et publiés, spécifiquement au Beat Hotel où Ginsberg, Burroughs, Gysin, Corso et bien d’autres écrivains et artistes américains ont séjourné entre 1957 et 1963. Une série de photographies d’Harold Chapman documentant la vie des résidents de l’hôtel où il vécut plusieurs années, est présentée dans l’exposition. C’est au Beat Hotel que Brion Gysin, un écrivain et peintre anglo-canadien, inventa la technique du cut-up et du cut-in (le cut-up sonore) dont William Burroughs fera un usage extensif dans sa littérature. Gysin, qui avait passé plusieurs années à Tanger, avait rapporté du Maroc une conception magique et extatique de l’activité poétique et artistique qu’il devait combiner aux techniques formalistes de la permutation : une reconstitution de la chambre 25 qu’il occupait au Beat Hotel réalisée d’après ses propres indications enregistrées en 1978 est présentée dans l’exposition. Sont également présentées une série d’oeuvres graphiques, la Dreamachine qu’il créa également au Beat Hotel avec le concours du mathématicien Ian Sommerville, et une série de pièces sonores créées à la même époque par Gysin et Burroughs. Sont ici évoqués les liens de la communauté des écrivains américains avec les poètes et les artistes d’avant-garde français actifs à la même époque, tels que Bernard Heidsieck, Henri Chopin, Ghérasim Luca, Henri Michaux ou Jean-Jacques Lebel qui a joué un rôle de passeur et de traducteur. C’est par l’entremise de ce dernier que Ginsberg, Corso et Burroughs feront la rencontre décisive, à Paris, de Marcel Duchamp, Man Ray, Benjamin Péret et Gherasim Luca, dès 1958. Par ailleurs, Ginsberg et Burroughs visiteront Louis-Ferdinand Céline, à Meudon.