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“Mika Rottenberg” Saison Happy Sapiens
au Palais de Tokyo, Paris

du 23 juin au 11 septembre 2016



www.palaisdetokyo.com

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 22 juin 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Mika Rottenberg, Photogramme, NoNoseKnows (Pearl Shop variant), 2015 ; installation vidéo (22 min) et sculpture ; dimensions variables. Courtesy de la Galerie Andrea Rosen (New York).
2/  Mika Rottenberg, Photogramme, Bowls Balls Souls Holes (Hotel), 2014 ; installation vidéo (27 min 54 sec) et sculpture ; dimensions variables. Courtesy de l'artiste, Andrea Rosen Gallery (New York) et Galerie Laurent Godin (Paris).

 


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Interview de Daria de Beauvais, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 22 juin 2016, durée 6'53". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire : Daria de Beauvais



Le Palais de Tokyo présente une exposition d’ampleur du travail de Mika Rottenberg (née en 1976 à Buenos Aires, vit à New York). Dans ses oeuvres, l’artiste met en scène des situations absurdes de travail à la chaîne, souvent interprétées par des femmes utilisant leur propre corps comme outil et matière première. Récits captivants où le réel semble se distordre dans la fiction, et où la fantaisie et l’humour le disputent à l’étrangeté, ses vidéos sont montrées au sein d’installations immersives qui prolongent leur univers.

À l’occasion de sa deuxième exposition monographique en France, près de dix ans après celle que lui a consacrée La maison rouge (Paris) en 2008, Mika Rottenberg réinvente pour le Palais de Tokyo plusieurs des installations vidéos qui ont fait sa renommée internationale, dont NoNoseKnows (2015) – remarquée lors de la 56e Biennale de Venise – Bowls Balls Souls Holes (2014), SEVEN (2011) et Squeeze (2010).

Dans les oeuvres de Mika Rottenberg, les corps se déploient hors des normes et des canons actuels. Il s’agit le plus souvent de femmes, dont les particularités physiques sont vantées ou mises à disposition sur Internet, et qui inspirent les scénarii de l’artiste.

Certaines sont culturistes, d’autres en surpoids : « Je choisis les protagonistes en fonction de qui ils sont et de comment ils se comportent ; je travaille autour d’eux. Je ne demanderai probablement jamais à quelqu’un de s’adapter à mon travail ou de jouer la comédie pour moi. à l’inverse, je fais en sorte que mon travail s’adapte à eux et leur aille, au sens propre. » 3

Au cours des quinze dernières années, Mika Rottenberg a développé une pratique qui conjugue la réalisation de vidéos et d’installations, de dessins et de sculptures. Elle construit des environnements immersifs qui servent d’écrins à ses films, participant ainsi à brouiller les frontières entre imaginaire et réalité. « Je veux que les espaces des vidéos aient un impact physique sur le spectateur. Une fois entré dans un espace qui nous est étranger, on devient plus conscient de là où l’on se trouve. Cela modifie la relation que l’on entretient avec ce qui est présenté sur l’écran. » 4

Outils de travail dans plusieurs des films présentés au Palais de Tokyo, les corps des personnages sont entièrement mobilisés par diverses actions effectuées à la chaîne, dans des locaux à plusieurs étages où ils paraissent à l’étroit. Les matériaux en cours de transformation, pour le moins intrigants, conduisent in fine à la production d’objets souvent absurdes et inutilisables. « Dans l’univers de Rottenberg, ce sont des éléments de basse qualité qui sont produits mais qui nécessitent un labeur éreintant d’enroulage, de malaxage, de découpage, de hachage ou de secrétage (de pleurs ou de sueur). » 5

Le corps apparait par ailleurs de manière fragmentaire et humoristique quand une langue ou une paire de fesses passent à travers un mur dans Squeeze (2010). Au Palais de Tokyo, le parcours labyrinthique imaginé par l’artiste s’enrichit également de plusieurs sculptures rejouant dans l’espace certains détails ordinaires du quotidien – tel le son émis par une goutte d’eau tombant sur une plaque brûlante, ou le tressautement d’une queue de cheval.

« Cette exposition de Mika Rottenberg, labyrinthique et immersive, permettra au visiteur de se plonger dans l’univers de l’artiste, et de découvrir ses récits dont l’apparente absurdité trouve son origine dans notre réalité. » 6

« Mika Rottenberg est une conteuse sans égal, dont les histoires visuelles et viscérales qui ne connaissent ni fin ni résolution nous font réfléchir sur la complexité et les paradoxes du travail physique et des chaînes de production dans notre société contemporaine. » 7


3. Mika Rottenberg en conversation avec Christopher Bedford, in Mika Rottenberg. The Production of Luck, Gregory R. Miller & Co. en association avec le Rose Art Museum, 2014, p.125
4. Mika Rottenberg citée par Thea Ballard, « Parallel Logic », in Blouin Modern Painters, Mai 2015, p.65
5. Julia Bryan-Wilson, « Mika Rottenberg’s Video Spaces », in Mika Rottenberg. The Production of Luck, Gregory R. Miller & Co. en association avec le Rose Art Museum, 2014, p.117
6. Citation de Daria de Beauvais
7. Ann Demeester, « Simply Fantastic (Realism) », in Mika Rottenberg, Gregory R. Miller and Co. et De Appel Arts Centre en association avec M-Museum Leuven, 2011, p.15