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“Marguerite Humeau, FOXP2” Saison Happy Sapiens
au Palais de Tokyo, Paris

du 23 juin au 11 septembre 2016



www.palaisdetokyo.com

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 22 juin 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Marguerite Humeau, Taweret, 2015. Polystyrene, white paint, artificial prosthetics, plastic container, water pumps, water, rapamycin, resvetarol. Image Credit : Marguerite Humeau / DUVE Berlin.
2/  Marguerite Humeau, The Opera of Prehistoric Creatures – from left to right: Entelodont “Hell Pig”, Australopithecus Afarensis “Lucy”, Ambulocetus “Walking Whale”, 2011. Resonance cavities, larynx with vocal cords, windpipe, artificial intelligence. Image credit : Pierre Antoine for STUK.
3/  Marguerite Humeau, Wadjet (King Cobra), 2015. Polystyrene, white paint, artificial prosthetics, artificial human saliva, 1g King Cobra venom sourced in Florida. 90 x 210 x 230 cm (including stand). Image Credit: Marguerite Humeau / DUVE Berlin.

 


1929_Marguerite-Humeau audio
Interview de Rebecca Lamarche-Vadel, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 22 juin 2016, durée 7'02". © FranceFineArt.
(à gauche Marguerite Humeau & à droite Rebecca Lamarche-Vadel)

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire : Rebecca Lamarche-Vadel



Le Palais de Tokyo invite Marguerite Humeau (née en 1986 en France, vit à Londres) à réaliser sa première exposition personnelle d’envergure. À cette occasion, l’artiste propose une expérience physique et sensorielle à travers un ensemble d’oeuvres inédites situées aux frontières de la recherche et de la fiction.

Mythes, spéculations et fantasmes sont au coeur de l’œuvre de Marguerite Humeau. Le développement de chacun de ses projets inclut une phase de recherches approfondies et la collaboration de nombreux spécialistes et scientifiques.

Ainsi, dans le cadre de son projet au long cours L’Opéra des créatures préhistoriques (2012), Marguerite Humeau a rencontré des paléontologistes, des zoologistes, des vétérinaires, des ingénieurs, des explorateurs, des chirurgiens, des médecins et des radiologues dans l’objectif de ressusciter les chants d’animaux ancestraux, tel le mammouth. Une quête des plus ambitieuses, dans la mesure où il existe peu de témoignages fossiles de leurs organes vocaux, essentiellement composés de tissus.

« Ça commence toujours par un mystère. Mon processus de recherche est un peu pour moi comme une performance : je deviens l’héroïne d’une quête qui vise à ressusciter les créatures préhistoriques, à communiquer avec les êtres extraterrestres, à faire revivre les langues mortes depuis l’époque de Cléopâtre... comme une Indiana Jones de l’ère Google. »2

Les sculptures qu’elle a ensuite réalisées en reconstituant des larynx en tubes de Plexiglas et des membranes en latex initient, par le son, un saisissant voyage vers des temps immémoriaux. « Le son est un outil important dans ma pratique, parce qu’on le ressent dans l’espace – il est physique et il crée une expérience immersive. »3

Au Palais de Tokyo, Marguerite Humeau rejoue l’origine de la vie et du développement de formes de vies conscientes dans une atmosphère lourde de menaces.

L’espace se compose comme un « showroom biologique », inspiré des stands industriels de démonstration et d’exposition. Le sol est recouvert d’une moquette qui a été teintée à partir de pigments reproduisant les composants chimiques de l’être humain, et au Datura, une plante associée au péché originel. À travers elle, Marguerite Humeau convoque l’idée d’un corps humain liquéfié, empoisonné, et renvoie à la théorie scientifique dite de « la soupe primordiale », en lien avec l’apparition des premiers organismes vivants.

Fruit de la collaboration de l’artiste avec des linguistes et des paléontologues, un choeur polyphonique réactive le moment précis où un gène, nommé FOXP2, a muté, permettant aux cordes vocales du chimpanzé de se développer et de s’exprimer en un langage articulé, à la source de notre humanité.

Enfin, à partir de ses recherches et de discussions avec plusieurs spécialistes, Marguerite Humeau a imaginé une uchronie selon laquelle des éléphants géants domineraient la planète si Homo sapiens n’avait pas existé. Avec l’idée de pouvoir créer artificiellement des créatures conscientes (d’elles-mêmes) et douées d’émotions, elle met en scène, au coeur de son exposition, plusieurs sculptures sonores de près de 3 mètres de haut, réalisées en très fine mousse de polyuréthane et posées sur des structures en métal.

« Pour Humeau, (...) les technologies numériques et la recherche scientifique se rejoignent pour former une pratique de conception artistique spéculative, qui lui permet de fonctionner dans le champ de la potentialité, enraciné dans l’acte spéculatif qui consiste à imaginer les futurs possibles. »4

« Le travail de Marguerite Humeau met en scène la traversée de grandes distances dans le temps et dans l’espace, des transitions entre le règne animal et minéral, et les rencontres entre les désirs personnels et des forces naturelles. » 5


2. Citation de l’artiste extraite d’un entretien avec Alison Hugill, BerlinArtLink, mai 2015
3. Citation de l’artiste extraite d’un entretien avec Agnes Gryczkowska, Sleek, mai 2015
4. Hans Ulrich Obrist, CURA magazine, septembre 2015
5. Nadim Samman, site de l’artiste