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“Katerina Jebb” Deus ex machina
au Musée Réattu, Les Rencontres de la photographie, Arles

du 2 juillet au 31 décembre 2016



www.museereattu.arles.fr

www.rencontres-arles.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l’exposition avec Katerina Jebb et Pascale Picard, le 5 juillet 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Katerina Jebb, Kristin Scott-Thomas, 2014. © Katerina Jebb.
2/  Katerina Jebb, Inside of a dress, 2013. © Katerina Jebb.
3/  Katerina Jebb, Torso, 2013. © Katerina Jebb.

 


1936_Katerina-Jebb audio
Interview de Pascale Picard, directrice du musée Réattu, et Katerina Jebb,
par Anne-Frédérique Fer, à Arles, le 5 juillet 2016, durée 17'12". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaire de l’exposition : Pascale Picard, directrice du musée Réattu



Le caractère historique d’un lieu hanté par l’esprit des chevaliers de l’Ordre de Malte associé au devenir d’une demeure d’artiste, consacre l’ambiance incroyablement baroque d’un édifice devenu musée en 1868. Jacques Réattu, replié derrière ces murs, de 1796 à sa mort, avait gravé au fronton de l’entrée du bâtiment la devise Nulli Labor Fallax, « le travail ne trahit personne ». Artiste républicain engagé, militant des droits de l’homme, il érigeait ici un temple dédié à la liberté d’expression artistique où, seul, face à son travail acharné, il ne serait plus trahi. Depuis, le Grand Prieuré abrite de son rempart rassurant l’oeuvre d’artistes conquis et fascinés par la force d’un esprit des lieux toujours vivace.

Katerina Jebb n’a pas dérogé à l’attrait du lieu, franchissant le seuil de ce territoire, elle entrait dans l’univers Réattu entraînée par Christian Lacroix en 2008. La sensualité du textile, des matières et des couleurs y trouvait alors un épanouissement magnifiquement orchestré par le couturier arlésien qui avait investi de son univers créatif la totalité des salles d’exposition.

Par la suite, les oeuvres de Katerina Jebb ont continué de prendre sens au musée, au travers notamment d’une série spectaculaire de huit photographies intitulées Untitled Icon - 1 à 8. Elle y décline l’esthétique singulière d’une recherche plastique où textiles et corps se mêlent composant de mystérieuses idoles flottantes vêtues de robes de Christian Lacroix.

L’usage exclusif d’un scanner numérique détourne un outil de reproduction industriel et impose des images désormais affranchies de l’une des plus importantes conquêtes de l’art : la perspective. Dans l’oeuvre de Katerina Jebb, l’idée de reproduction en trois dimensions s’efface au profit d’un hyperréalisme des matières et des chairs. Cette recherche esthétique singulière s’insère parfaitement dans le développement des collections du musée qui s’attache à la photographie plasticienne.

Par ailleurs, l’intérêt de l’artiste pour les reliques de l’histoire au travers de sujets tels que des lettres manuscrites de Marie-Antoinette ou la veste de Napoléon répondent à la nature historique des lieux et des collections. Cette recherche obsessionnelle des traces de l’homme s’applique avec la même pertinence aux vestiges d’ateliers d’artistes comme Picabia, Duchamp ou Balthus, renouvelant ainsi, en image, le concept du ready-made. Son approche du présent se révèle dans des portraits mais aussi dans des vidéos où Katerina Jebb met en scène, telle des déesses, les héroïnes contemporaines d’un panthéon devenu peuple : Tilda Swinton, Isabelle Huppert, Kristin Scott-Thomas, Kate Moss, Kylie Minogue ou encore Setsuko Klossowska de Rola, l’épouse du peintre Balthus.

Il s’agit du premier projet d’exposition monographique consacré à l’artiste dans un musée. 60 oeuvres seront réunies dans un espace historique de 332 m2 incluant la chapelle du Grand Prieuré de l’Ordre de Malte. Le titre, deus ex machina, évoque la magie d’oeuvres nées de la lumière froide d’une machine à laquelle Katerina Jebb concède le pouvoir quasi divin de la création plastique.

Pascale Picard