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“Alinka Echevería” Nicephora
à la Commanderie Sainte-Luce, Les Rencontres de la photographie, Arles

du 4 juillet au 28 août 2016



www.rencontres-arles.com

www.alinkaecheverria.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition, le 5 juillet 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Alinka Echeverria, Précession du féminin, Simulation V - Mise en lumière de la matière. Héliogravure au grain sur vase Japonais. Impression numérique pigmentaire sur papier Fine Art © Alinka Echeverria, 2016 / Résidence BMW au musée Nicéphore Niépce.
2/  Alinka Echeverria, Encre blanche. Impression numérique pigmentaire sur papier Fine Art. © Alinka Echeverria, 2015/ Résidence BMW au musée Nicéphore Niépce.
3/  Alinka Echeverria, Précession du féminin, Simulation VI - Hasard de l'esthétique (solarisation). Impression numérique pigmentaire sur papier Fine Art © Alinka Echeverria, 2016 / Résidence BMW au musée Nicéphore Niépce.

 


1937_Alinka-Echeverria audio
Interview de François Cheval, directeur du musée Nicéphore Niépce,
par Anne-Frédérique Fer, à Arles, le 5 juillet 2016, durée 12'58". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire de l’exposition : François Cheval, directeur du musée Nicéphore Niépce.
Exposition produite par BMW avec le soutien du musée Nicéphore Niépce.




Lauréate de la Résidence BMW 2015, Alinka Echeverría développe un projet qui examine le medium photographique, de la reproduction de l’image à sa diffusion, en s’inspirant du personnage de Nicéphore Niépce et de son acte fondateur. S’intéressant à la représentation des femmes dans l’histoire des arts et de la photographie, elle tisse des liens historiques, techniques et philosophiques entre les collections du musée et la céramique. Elle utilise le vase comme symbole de la féminité, comme vecteur d’allégories mythologiques, et interroge la manière dont les différentes techniques de reproduction des images ont véhiculé le regard sur les femmes.




Extrait du texte de François Cheval – l’intégralité dans Nicephora aux Éditions Trocadéro.

L’homme moderne ignore à peu près tout de ses origines. Confiant dans la mémoire de l’automate cognitif, il s’abandonne aux réponses de la machine. Il ne suppose plus rien de lui-même. Un vase posé devant lui l’indiffère ou, au mieux, lui rappellera quelques leçons anciennes. Et comme les musées ne se soucient guère de leurs visiteurs, la céramique n’est plus qu’affaire de quelques collectionneurs. Ce n’est donc pas rien l’exercice accompli par Alinka Echeverría. En quelques images et quelques objets, une logique implacable s’affiche sous nos yeux. Les relations que la photographie et ses techniques entretiennent avec un objet décoratif n’échappent pas au constat sidérant de la perte et de la domination. Ce qui nous fait face n’est pas un objet hybride assemblant l’image à l’objet. Cette chose a priori incongrue, cette « invention » que l’on doit à Auguste Poitevin, ce vase paré inscrit l’idée même de la reproduction et de sa banalisation. La recherche de l’ornementation dépasse le questionnement technique de « l’inaltérabilité » de l’image mécanique. Quand à la fin du XIXe siècle, des illustrations généralement de peu d’intérêt, appelons-les « images cruches », apparaissent sur le marché, elles signifient plus que leur message insignifiant. Parce qu’elles échappent à la rareté artisanale, elles dépassent leur simple fonction ornementale pour accéder, malgré elles, à un statut métaphorique. La société industrielle, dépassée par le monstre qu’elle a conçu, remettant en cause la genèse, oublie l’élaboration de cet objet tout entier contenu dans le geste original du potier. Quand la forme première, vaginale, de la cruche rend explicite la fertilité et l’avenir, elle n’est plus à l’ère industrielle, qu’un objet vidé de sa valeur propre. Elle n’existe plus que comme signe codé, image illusoire et sans valeur de l’abondance matérielle.

[…]

Paradoxalement, voilà l’apport d’Alinka Echeverría, l’invention de Nicéphore Niépce en nous affranchissant du réel, ne donne d’importance qu’au rien ou, pire, accentue la domination. La totalité claquemurée dans les ordinateurs surpuissants, suspendue dans le « cloud », ne produit, au mieux, qu’un relativisme généralisé : les images numériques se situant toutes à égalité sur une échelle de valeur commerciale. On ne peut plus parler d’histoire des représentations sans contribuer à l’histoire des échanges de biens. L’image mécanique étend son domaine à la sphère de la marchandise jusqu’à s’y confondre. La constitution de banques d’images est devenue un enjeu essentiel pour les opérateurs de la nouvelle économie à la recherche de contenus exclusifs et attractifs, fidélisant une clientèle asservie et satisfaite, mais dépourvue de toute mémoire. Tel est le paradoxe du numérique, l’oubli, la perte générée par les automates cognitifs, bientôt définitivement autonomes et délégitimant tous les savoirs. Le numérique est le stade ultime du vase de Pandore ! Dans l’inconscience la plus totale, nous l’avons ouvert et l’avons rempli de maux. Du « vase du bonheur » s’échappe quotidiennement une masse d’images dont la vulgarité est sans commune mesure. C’est peut-être la mission qui est dorénavant confiée aux artistes : remettre le couvercle sur le vase.


Le fonctionnement de la résidence
Depuis 2011, la Résidence BMW se déroule chaque année au musée Nicéphore Niépce. BMW s’engage dans un véritable accompagnement ; de la production des oeuvres jusqu’à leur diffusion aux Rencontres d’Arles et à Paris Photo avec l’édition d’un livre aux Editions Trocadéro et la réalisation d'un film illustrant le parcours créatif et l'univers du photographe lauréat. BMW finance une bourse de 6 000 euros et les frais d’hébergement pour un jeune artiste photographe en résidence pendant trois mois à Chalon-sur-Saône. L’artiste est choisi(e) sur dossier, par un comité de sélection, après avoir répondu à un appel à candidature. Le comité de sélection présidé par BMW est constitué de personnalités du monde de la photographie. La résidence de l’artiste aboutit à la production d’oeuvres réalisées avec l’aide technique du laboratoire du musée, à la co-édition d’un livre aux Editions Trocadéro et à la réalisation d’une exposition présentée aux Rencontres d’Arles et à Paris Photo dont BMW est partenaire. La production des oeuvres, constituée d’une sélection choisie entre l’artiste et la direction du musée, est répartie en trois lots : le premier remis à l’artiste, le second au musée, destiné à enrichir ses collections contemporaines, le troisième à BMW.


Archives FranceFineArt.com :

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retrouvez l’article réalisé sur le livre avec les interviews de Alinka Echeverria,
5ème lauréate de la résidence BMW, et Bruno B. Duval, Éditions Trocadéro.

http://www.francefineart.com/index.php/livres-a-litterature/36-livres-videos-cinema/livres/2111-047-livres-alinka-echeverria