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“Après la guerre” article 1946
Les Rencontres de la photographie, Arles

du 4 juillet au 25 septembre 2016



www.rencontres-arles.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite des expositions, le 9 juillet 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Alexandre Guirkinger, Détail d'une vue aérienne infrarouge de 1974. Fonds photographique de l'IGN, rephotographié en 2016.
2/  Don McCullin, Petit matin, West Hartlepool, comté de Durham, 1963. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la Hamiltons Gallery, Londres.
3/  Yan Morvan, Siège de Sarajevo, 5 avril 1992-25 février 1996. Station de ski du mont Jahorina, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine, 2014. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Que photographie Don McCullin lorsqu’il n’est plus sur les théâtres de guerre ? Pourquoi Yan Morvan s’acharne-t-il à parcourir la terre pour photographier avec sa chambre 20x25 les anciens champs de bataille. Quels souvenirs hantent Alexandre Guirkinger, photographe aux activités commerciales, pour qu’il parcoure assidument depuis 10 ans la ligne Maginot ? Est-ce par hasard que ces trois pratiques s’ancrent dans la photographie de paysage ? Pour quelle raison intégrer dans la programmation officielle des Rencontres, la fondation Ortiz, dont la majorité des travaux sélectionnés conviendrait peut-être mieux à Visa pour images ? Bref, que fait la guerre aux Rencontres d’Arles ?

Certes, le titre est euphémique. Il situe l’événement dans une période antérieure, qui fait appel à nos mémoires. Pourtant, on image aisément que le thème intitulé « Après la guerre » décliné cet été aux Rencontres, cherche à s’inscrire au cœur de notre actualité et des événements récents. Que ce soit grâce à l’inventorisation photographique des champs de bataille de Yan Morvan, la transformation plastique de la catastrophe (Nothing but blue sky) ou la recherche archéologique le long d’une ligne célèbre par son inefficacité, jusqu’à la mise en scène de la fabrique de l’image photographique dans le journal Hara-Kiri, tout nous rapporte à la situation que nous vivons aujourd’hui, lorsque nous sommes tout à la fois loin et au cœur de la zone de combat. Même la recherche réparatrice du photographe portugais João Pina autour de l’Opération Condor ou l’interprétation esthétique de l’usage de la torture d’un Serrano (Collection Lambert à Avignon), tout ceci participe à cette mise en abîme prismatique. La guerre, ce n’est pas que du hot shot et des champs de bataille, c’est malheureusement aussi énormément de disparitions et un usage très fréquent de la torture. Et les images d’Abu Ghraib sont aussi venues, après le 11 septembre, frapper nos consciences, portant certainement en elles des ricochets, dont certains sont encore en gestation.

Quelle force politique se déploie dans l’image de guerre ? Que recèlent tous ces gestes d’après-guerre ? Quels sont les impacts immédiats et futurs de la diffusion ou même de la non-diffusion de ces images ? Toutes ces questions affleurent dans la programmation, sans pourtant que soit donné des clés de réflexion, ce qui eu été pertinent dans le contexte d’un événement grand public comme celui des Rencontres d’Arles. La rétrospective de McCullin pose des interrogations sur l’utilisation médiatique de la production d’un photographe de guerre. Elles pourraient être formulées, comme elles l’ont été pour Nothing but blue sky, sur les traitements artistiques post-11 septembre. L’exposition dit bien son besoin de s’approprier l’image de l’événement traumatique, soit par la transformation, soit par l’accumulation de l’image et de sa répétition. On peut se demander, d’ailleurs, si l’événement du 11 septembre conjugué à l’essor de l’image numérique n’a pas suscité certaines mises à distance de l’image photographique parmi les photojournalistes ; s’il n’a pas initié de nouvelles pratiques et regards sur les guerres, passées et présentes, ouvrant une nouvelle boîte de pandore. On pourrait alors plus loin s'interroger sur les conséquences de l'absence d'images des massacres du 13 novembre et de sa répercussion sur nos imaginaires et nos vies.

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

Que reste-t-il à voir d’un champ de bataille bien après la bataille ? Quelle trace peut laisser la construction d’une ligne pour se protéger des envahisseurs ? Comment, depuis quinze ans, les artistes se sont-ils réappropriés le 11 Septembre ? Que fait un grand photographe de guerre quand il ne photographie pas la guerre ? Autant de questions auxquelles nous apportons des réponses…



Yan Morvan Champs de bataille
au Capitole

Commissaire de l’exposition : Marco Zappone.


L’impression que la couverture médiatique des conflits, très souvent, ne se résume plus qu’à une vaste consommation d’images et à une spectacularisation de l’information décide Yan Morvan à orienter différemment son travail pour témoigner autrement d’une réflexion sur l’image et de la réalité de la guerre. C’est ainsi qu’à partir du printemps 2004, il sillonne le monde et pose le trépied de sa Deardorff 20x25 cm à la recherche de ces lieux qui ont fait l’histoire depuis 3 500 ans. Racontent-ils encore l’Histoire ? Si les conditions de travail diffèrent de celles d’un photoreporter de guerre, Yan Morvan continue en réalité à photographier la guerre à travers son absence. Cette exposition, composée de 80 photographies extraites du corpus de 430 images, fonctionne comme un aperçu de l’Histoire nous invitant à la réflexion.
Marco Zappone


Publication : Champs de bataille, éditions Photosynthèse, 2015.
Fermeture de l'exposition le 11 septembre.




Alexandre Guirkinger Ligne Maginot
au magasin électrique

Commissaire de l'exposition : Jean-Yves Jouannais.


Le terrier est un objet de fantasme car on n’en connaît généralement que la silhouette ou le seuil ; le reste est laissé à l’imagination. Sur un plan symbolique, il en va de même pour la ligne Maginot : tout le monde en a entendu parler mais peu sont capables de la décrire. Son nom résonne comme un réceptacle à fantasmes. Les formes de ses bunkers répondent à cette dimension symbolique. À travers mes images, j’ai voulu partager ma fascination pour cette extraordinaire relique d’une modernité déjà ancienne. Les bunkers que j’ai choisis et photographiés sont ceux dont la forme, la situation ou la silhouette entraînent l’image vers autre chose que l’enregistrement matériel d’une frontière : une sorte de décor de science-fiction, une trace de land art, une architecture moderniste, un géoglyphe contemporain… L’écart entre l’abondance des reliques de la ligne et le peu de représentations contemporaines dont elle fait l’objet offre un terrain de jeu excitant pour interroger notre rapport au paysage, à la frontière, à la limite.
Alexandre Guirkinger




Don McCullin
à l’église Sainte-Anne

Commissaires de l’exposition : Simon Baker et Shoair Mavlian


Reconnu comme l’un des plus grands photographes de guerre de la fin du XXe siècle, Don McCullin est l’auteur de certaines des photographies les plus emblématiques et déterminantes des conflits au Vietnam, à Chypre, à Beyrouth et au Biafra. L’exposition qui lui est consacrée aux Rencontres d’Arles révèle pour la première fois toute l’étendue et la profondeur de sa pratique, qui va bien au-delà d'images de guerre. Son expérience en tant que photographe documentaire et son attrait pour les photographies de paysages sont au coeur de cette exposition. Même en dehors du contexte de la guerre, les photographies de McCullin expriment les enjeux sociaux majeurs de notre époque à travers un langage photographique d’une grande subtilité et d’une infinie beauté. Son plus grand mérite est peut-être d’avoir su appréhender tous les sujets avec le même regard. Qu’il s’agisse de sa banlieue natale de Londres, des conflits et des tragédies qui se jouent à l’étranger ou des étendues bucoliques du Somerset, il y a quelque chose d’absolument universel dans sa manière de nous montrer le monde qui nous entoure.
Simon Baker et Shoair Mavlian

Fermeture de l'exposition le 28 août.




Nothing but blue skies
Retour sur l'image médiatique du 11 septembre
au Capitole

Commissaires de l’exposition : Mélanie Bellue et Sam Stourdzé.


Avec Steve Reich (1936), Hans Peter Feldmann (1941), Dennis Adams (1948), Andres Serrano (1950), Joan Fontcuberta (1955), Thomas Hirschhorn (1957), Thomas Ruff (1958), Alejandro González Iñárritu (1963), Arno Gisinger (1964), Jeroen Kooijmans (1967), Walid Raad (1967), Mounir Fatmi (1970), Fiorenza Menini (1970), Paul Chan (1973), Michal Kosakowski (1974), Guillaume Chamahian (1975), Jojakim Cortis et Adrian Sonderegger (1980 et 1977), Reeve Schumacher (1981), Zin Ki-Jong (1981)

Nothing but Blue Skies est une chanson écrite par Irving Berlin en 1926. Son titre fait écho à la couleur du ciel le matin du 11 septembre 2001. Diffusé en boucle et en temps réel sur les téléviseurs du monde entier, le récit de cette journée marque une ère nouvelle dans l’histoire des médias. L’événement ne va pas sans l’image, il a été conçu pour elle et par elle. La plupart des artistes de cette exposition se sont appuyés sur des documents existants pour en proposer de nouvelles lectures. Accumulant, détournant, déstructurant ou esquivant cette masse, ils questionnent, de manière indépendante, sur près de quinze années, le traitement visuel de ce drame. À travers des mediums et des formes variés, Nothing but Blue Skies ne s’attache pas à l’événement, son horreur, ses causes ou ses conséquences, mais à la répétition de son image et à son effacement symbolique.
Mélanie Bellue

Fermeture de l'exposition le 11 septembre.


1946_Apres_4

“Nothing but blue skies” Retour sur l'image médiatique du 11 septembre
au Capitole, Les Rencontres de la photographie, Arles

du 4 juillet au 11 septembre 2016

http://www.francefineart.com/index.php/agenda/14-agenda/agenda-news/2139-1940-arles-blue-skies