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“Street” La photographie de rue revisitée
Les Rencontres de la photographie, Arles

du 4 juillet au 25 septembre 2016



www.rencontres-arles.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite des expositions, le 8 juillet 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Sid Grossman, Coney Island, 1947. Avec l’aimable autorisation de la Howard Greenberg Gallery.
2/  Ethan Levitas, Frame 21, Photographs in 3 Acts, 2012. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie Jean-Kenta Gauthier, Paris.
3/  Peter Mitchell, M. & Mme Hudson. Mercredi 14 août 1974. 11 h. Seacroft Green, Leeds. La façon dont l’échelle soutient la boutique me plaisait. Ils viennent de déménager dans une nouvelle échoppe située au même endroit, avec à côté l’église qui, grâce à un ravalement de façade, s’accorde à la boutique. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Des tintements rythmés résonnent incessamment dans la grande Halle des Ateliers (Christian Marclay). Quelque part, sont exposés les clichés de martiens venus observer la terre à travers une petite ville de l’Angleterre (Peter Mitchell). Plus loin, un passage dans un corridor étroit vous place dans une proximité dangereuse avec des agents de police pris sur le vif (Ethan Levitas). Au deuxième étage de l’espace Van Gogh, des passants géants vous encadrent de toute part (Eamonn Doyle).

La programmation des Rencontres cherche cette année à renouveler notre vision de la Street photography, genre un peu délaissé et méprisé, mais toujours pratiqué. Quelques noms peu connus ou oubliés (Sid Grossmann, Peter Mitchell) sont mis à l’honneur. Surtout, pour les pratiques les plus récentes (Ethan Levitas, Eamonn Doyle, Christian Marcklay), les formes de monstration ont changé. Certains s’agaceront de ces mises en scène spectaculaires, sans réelle recherche d’une forme plastique aboutie. D’autre en feront le clou de cette 47e édition.

Quoiqu’il en soit, il ne faudrait pas passer à côté de la rétrospective de l’œuvre de Sid Grossman, importante figure de la Photo League victime du maccarthisme. L’exposition rend également hommage à ses activités de pédagogue en présentant les travaux de plusieurs de ses étudiants. On peut aussi souligner, l’imposante confrontation de deux masters de la Street photography que sont Garry Winogrand et Ethan Levitas. Des clichés couleurs pris à hauteur de caméra de surveillance font face à des planches-contacts de Winogrand. Considérablement agrandies, elles permettent de saisir précisément le mouvement du photographe dans la foule et son obstination à capter l’énergie particulière de la rue. Elle est faite de moments éphémères, d’évitements, de rencontres ou même de traques et de poursuites.

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

L’espace urbain comme terrain de jeu. Dès son origine, les photographes pratiquent la photographie de rue. Depuis quelques années, on assiste à un nouvel essor du genre.



Sid Grossman
Du document à la révélation , photographies et influences de Sid Grossman
à l’espace Van Gogh

Commissaires de l’exposition : Keith F. Davis, Howard Greenberg et Bob Shamis.



Sid Grossman est une figure importante, quoique longtemps ignorée, de la photographie américaine moderne. Jusqu’à sa mort en 1955, à 42 ans, il créa une oeuvre puissante et influente. Grossman entama sa carrière dans la photographie socio-documentaire et participa à la création de la New York Photo League en 1936. Il photographia les quartiers populaires de Chelsea et Harlem avant que sa perspective, au milieu des années 1940, ne devienne plus personnelle et subjective. Radicale en son temps, cette oeuvre illustre l’énergie expressionniste de la « New York School » des années 1950. En 1949, le FBI blacklista Grossman en tant que communiste « subversif ». Cette exposition constitue l’aperçu le plus complet offert depuis au moins trente-cinq ans de l’oeuvre de Grossman et de son influence. C'est aussi la première qui lui soit consacrée en Europe. Elle inclut des tirages vintage rares issus de célèbres collections publiques et privées et de la succession Grossman, ainsi que des travaux de ses plus éminents étudiants.
Keith F. Davis

Publication : Keith F. Davis, The Life and Work of Sid Grossman, Steidl/Howard Greenberg Library, 2016.




Ethan Levitas / Garry Winogran Radical relation
à la grande Halle

Commissaire de l'exposition : Joshua Chuang.



En réunissant les oeuvres pionnières et complémentaires d’Ethan Levitas et de Garry Winogrand, cette exposition entend interroger la photographie de rue dans ses propres termes et la resituer à l’intérieur du vaste champ de la pratique contemporaine. Salué par John Szarkowski comme le photographe majeur de sa génération, Winogrand est également considéré comme le principal représentant du mouvement de la photographie de rue, bien que son travail reste en partie mal compris. Digne héritier de Winogrand et de son projet inachevé, Levitas a développé et élargi au cours des dix dernières années la pratique de la photographie de rue en la définissant comme une relation entre différentes parties, dont la somme révèle une dissonance entre le visible et l’apparence. Qu’est-ce que regarder signifie ? Est-ce que le simple fait de regarder peut créer du sens ? Ses travaux permettent de mieux appréhender la démarche de Winogrand et d’en apercevoir la pleine réalisation.
Joshua Chuang




Peter Mitchell Nouveau démenti de la mission spatiale Viking 4
à la grande Halle



Au milieu des années 1970, les atterrisseurs de la mission Viking sont les premiers à se poser sur Mars. Aujourd’hui, nous avons perdu toute trace des atterrisseurs Viking 3 et 4. Mais le mythe et les théories conspirationnistes veulent qu’une enquête martienne sur la planète Terre soit en cours (encouragée peut-être par les répercussions liées au sort de Viking 4). De temps en temps, des bribes nous parviennent et sont publiées. Curieusement, les photographies ne révèlent pas de grandes merveilles de la civilisation. Une esthétique monotone, bas de gamme, imprègne avec une certaine continuité les images et suggère que ces choses sont ordinaires. En langage terrestre courant, ces photographies montrent un trou perdu au milieu de nulle part. Et pourtant, pour certaines personnes, c’est le centre de l’univers. Ils appellent cela « la maison ».
Rudi Thoemmes et Peter Mitchell




Eamonn Doyle END.
à l’espace Van Gogh

Commissaire de l'exposition : Niall Sweeney



End. sonde les forces motrices qui animent le photographe et son sujet dans une exposition explorant le Dublin natal d'Eamonn Doyle au travers des séries i, ON et End. Dernier volet d'une trilogie, End. ne constitue pas moins le pivot de l'oeuvre dans son ensemble. Dans i, de mystérieuses silhouettes sont absorbées par le paysage intérieur de leur point d'ancrage, figées dans une chorégraphie silencieuse. Les géants en noir et blanc de ON se convulsionnent dans leur propre image en accrochant la dure lumière dublinoise. End. se déploie dans une séquence d'événements – boucles spatio-temporelles – qui donnent à voir une ville dont le béton est aussi esthétique que le flux des passants. À la fois livre et installation, End. est né de la collaboration d'Eamonn Doyle, de Niall Sweeney et de David Donohoe. Construit autour des photographies de Doyle, ce travail présente également des illustrations et une bande-son signées Sweeney et Donohoe.
Niall Sweeney

Publications : i, D1, 2014 ; ON, D1, 2015 ; End., D1, 2016.




Christian Marclay
à la grande Halle



Christian Marclay présente pour la première fois en France six films d'animation ainsi que Pub Crawl, une installation audiovisuelle datant de 2014. À la différence de Pub Crawl, dans lequel Christian Marclay tirait des sons de bouteilles, de verres et de canettes abandonnées dans l’East London, les dernières vidéos de l'artiste sont des films d'animation silencieux constitués de plusieurs milliers de photographies. Marclay attire notre attention sur les petits détritus qui jonchent nos trottoirs : mégots, capsules, chewing-gums… Restitués à une cadence rapide, les clichés donnent l'illusion d'un mouvement continu : les cigarettes consumées se régénèrent, les capsules colorées clignotent et fusionnent, les cotons-tiges velus se tortillent, les chewing-gums se divisent puis se reproduisent comme des cellules. Le vacillement des images qui se succèdent à toute vitesse évoque les débuts du cinéma. La documentation de Marclay sur les rebuts et la laideur est mise en mouvement de manière à transformer nos déchets en une oeuvre de poésie sonore et visuelle.