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“Louis Faurer” article 1961
à la Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris

du 9 septembre au 18 décembre 2016



www.henricartierbresson.org

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 8 septembre 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Louis Faurer, New York, 1949. © Louis Faurer Estate, Courtesy Howard Greenberg Gallery.
2/  Louis Faurer, Sourds-muets, New York, 1950. © Louis Faurer Estate.
3/  Louis Faurer, Accident, New York, 1952. © Louis Faurer Estate, Courtesy Deborah Bell.

 


1961_Louis-Faurer audio
Interview de Agnès Sire, directrice de la Fondation Henri Cartier-Bresson et commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 8 septembre 2016, durée 12'15". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat : Agnès Sire, directrice de la Fondation Henri Cartier-Bresson en collaboration avec l’Estate Louis Faurer à New York, la galerie Howard Greenberg à New York ainsi que Deborah Bell Photographs.



“J’ai le désir intense d’enregistrer la vie comme je la vois, comme je la sens. Tant que je serai stupéfait par cet étonnement, tant que je sentirai que tous les évènements, messages, expressions, mouvements, tiennent tous du miracle, je me sentirai rempli de certitude pour continuer. Ce jour-là, tous mes doutes s’évanouiront.” Louis Faurer

Cette présentation est l’occasion de découvrir l’oeuvre de l’artiste, qui n’a pas fait l’objet d’exposition en France, depuis 1992. Natif de Philadelphie, Louis Faurer (1916 - 2001) s’installe à New York en 1947, comme aspiré par la vie de Times Square, il y traque la solitude dans la foule, toujours à distance, sans pitié. Le reportage et le journalisme, ne l’intéressent guère, Faurer penche plutôt pour la fragilité des choses, l’inconscient révélé. Il accomplit un travail de commande remarqué pour des magazines prestigieux comme Flair, Harper’s Bazaar, Glamour, Mademoiselle qui génère chez lui un mépris non feint, un déchirement paradoxal, que seul l’humour parvenait à rompre. Ces travaux lui permettent à la fois de vivre et de poursuivre une oeuvre plus personnelle dans les rues de New-York.

D’une profonde honnêteté, rejetant l’outrance ou l’obscénité d’une scène trop violente, Louis Faurer se projette sciemment dans ceux qu’il photographie ; il s’y reconnait bien souvent, c’est le sens de sa démarche. Il croise ainsi son double, apparaît même dans le cadre, en réflexions. Chacune de ses images est « un défi au silence et à l’indifférence », le leur, le sien.

Formé au dessin et remarqué par les studios Disney dès l’âge de 13 ans, Louis Faurer débute sa vie professionnelle en réalisant des affiches publicitaires et des caricatures sur les plages d’Atlantic City. À 21 ans, il achète son premier appareil photo et gagne un prix organisé par le quotidien Philadelphia Evening Public Ledger. Market Street, grande artère commerciale de Philadelphie sera la toile de fond de ses premières images. En 1947, il part vivre à New-York, recruté par Lilian Bassman alors à la direction artistique de Junior Bazaar. Il y rencontre Robert Frank qui deviendra son ami intime et avec qui il partagea longtemps un studio.

En 1969, il quitte New York, la ville où il a réalisé l’essentiel de son oeuvre, pour des raisons personnelles et financières. Il séjourne brièvement à Londres, puis à Paris, où il s’efforce de travailler dans le secteur de la mode, effectuant des commandes occasionnelles pour Elle et Vogue France. À son retour aux États-Unis, en 1974, la photographie est sur le point de prendre sa place dans le marché de l’art. Le marchand de Washington DC, Harry Lunn, attire l’attention sur son oeuvre grâce une exposition qu’il organise à la Marlborough Gallery en 1977 à New York et relance ainsi sa carrière. En 1984, Faurer est heurté par une voiture dans les rues de New-York, ses blessures l’empêcheront de continuer sa carrière de photographe, il décède à Manhattan le 2 mars 2001.

Concerné par ce qu’il voit, il nous fait partager ses doutes, sélectionne les êtres anonymes croisés dans la banalité du trottoir: ils ont été arrachés à la mélancolie ambiante, au film noir qui s’y déroule, à la détresse envahissante qui semble être le lot de sa vie. Remarquable tireur, il sut expérimenter le flou, les superpositions de négatifs voire l’importance du grain, dû à la limite de l’éclairage nocturne qu’il affectionnait. Bon nombre de photographes ont tenté de l’aider comme William Eggleston qui avait su voir en lui une profondeur unique. Dans l’élégante revue japonaise déjà vu parue en 1994 et qui lui est entièrement consacrée, il est question de redécouverte, de style en avance sur son temps et de ces quelques mots de Nan Goldin : « on peut croire à nouveau que la photographie peut être honnête ».

Louis Faurer est remarqué par Edward Steichen, alors conservateur pour la photographie au MoMA, qui l’inclut dans In and Out of Focus en 1948. Steichen écrira « Louis Faurer, nouveau venu dans le domaine du reportage documentaire, est un lyrique de l’appareil-photo, qui cherche et trouve la magie dans les chemins de la vie ». Par la suite, Steichen présentera des photographies de Faurer dans plusieurs autres expositions, et notamment dans The Family of Man en 1955. Faurer n’a, en revanche, pas eu la possibilité de réunir ses photographies sous la forme d’un livre, de son vivant.


L’exposition est constituée d’une centaine de tirages et documents. Elle est conçue par Agnès Sire, directrice de la Fondation Henri Cartier-Bresson en collaboration avec l’Estate Louis Faurer à New York, la galerie Howard Greenberg à New York ainsi que Deborah Bell Photographs. L’exposition est co-produite avec le Centro José Guerrero à Grenade. Le catalogue de l’exposition est publié par Steidl. Il est disponible en français et en anglais et propose deux textes originaux de Louis Faurer et Walter Hopps ainsi qu’un essai écrit par Susan Kismaric.