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“Gilbert Peyre” L’électromécanomaniaque
à la Halle Saint Pierre, Paris

du 16 septembre 2016 au 26 février 2017 (prolongation jusqu'au 23 avril 2017)



www.hallesaintpierre.org

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Gilbert Peyre, le 15 septembre 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Gilbert Peyre, Femme sans tête, 1996-2000. Technique : électromécanique. © Gilbert Peyre, Photo : David Damoison.
2/  Gilbert Peyre, Ballerines, Cupidon Propriétaire de l’Immeuble situé sur l’Enfer et le Paradis, 2013, détail, électromécanique, © Gilbert Peyre, photo F. Beddok.
3/  Gilbert Peyre, J’ai Froid, 1998-2000, électropneumatique. © Gilbert Peyre, photo David Damoison.

 


1970_Gilbert-Peyre audio
Interview de Gilbert Peyre,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 15 septembre 2016, durée 6'26". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire de l’exposition : Martine Lusardy, Directrice de la Halle Saint Pierre



Comment fait-on danser une machine ?


Le monde de Gilbert Peyre est un monde de machines extravagantes, inventives, poétiques. Opérant simultanément sur les terrains de l’installation, du spectacle vivant et de l’art contemporain, cet artiste électromécanomaniaque livre ses sculptures animées dans une ambiance de fête foraine autant visuelle que sonore, au sein de l’exposition Gilbert Peyre, l’électromécanomaniaque à la Halle Saint Pierre du 16 septembre 2016 au 26 février 2017.

Ces machines-opéras ont été montrées dans le monde entier. À partir de 1987, la Halle Saint Pierre découvre Gilbert Peyre et présente ses œuvres en première mondiale dans plusieurs expositions, dont une première monographie en 2000. Gilbert Peyre est également montré au sein d’expositions collectives à la Fondation Cartier, au Musée Bourdelle, à la FIAC puis récemment dans l’exposition Persona au musée du quai Branly.

Ses oeuvres sont également visibles sur scène dès 1995 lors de ses « sculpturOpéras », véritables chorégraphies d’objets, ou avec la Compagnie Foraine en 1997-2000.

Elles dansent dans le film Micmacs à tire-larigot de Jean-Pierre Jeunet en 2009, et tournent à la BIAM, au Centquatre et au Cirque Electrique. Elles gardent toujours une part de mystère. Elles sont allusives et figuratives, matérielles et immatérielles, métalliques et organiques. Ce sont des oeuvres d’art plastique qui mêlent théâtre, opéra, ballet, mais aussi cirque et fête foraine. Nombreuses sont celles qui ont été produites spécialement pour l’exposition à la Halle Saint-Pierre.

« La mécanique est la plus belle partie de l’objet » dit Gilbert Peyre. Une fois en mouvement, ses oeuvres-machine, dont les rouages sont offerts au public, acquièrent une extraordinaire force expressive, une poésie insoupçonnée.




Éditorial par Martine Lusardy, Directrice de la Halle Saint Pierre

Quinze ans après sa première monographie, Gilbert Peyre répond de nouveau à l’invitation de la Halle Saint Pierre. En résulte une proposition artistique originale sous forme de spectacle-performance, entre esthétique foraine et technologie de pointe. Cet artiste qui se définit volontiers comme un « électromécanomaniaque », nous présente ses sculpturesmachines, automates farfelus et poétiques conçus à partir d’objets récupérés qui, d’un coup d’électricité, de mécanique, de pneumatique et d’électronique vont être amenés à la vie et devenir les protagonistes d’un conte cruel et enchanteur. Dans ce jeu aux combinaisons ambivalentes, dramatiques et burlesques, Gilbert Peyre réconcilie le bricolage et le progrès technologique. Il récupère, détourne, recycle ce que la technologie a d’abord condamné comme obsolète pour, contre toute attente, concourir ensuite à sa réhabilitation.

Nul désir donc de soumettre le monde mais plutôt la nécessité de le ré-enchanter afin que création et existence se confondent dans une conception de la vie comme poésie. Loin des machines «célibataires» ne célébrant que leur ivresse mécanique solitaire, les êtres fictionnels et hybrides de Gilbert Peyre nous ouvrent sur un habiter poétique du monde au sein duquel l’artiste interprète et transfigure le quotidien. Cette métaphore du voyage-aventure au tréfonds de la sensibilité, parce qu’elle donne à saisir la mesure de l’être humain, ne peut qu’entrer en résonance avec l’esprit de la Halle Saint Pierre.




Gilbert Peyre

Né en 1947, Gilbert Peyre passe son enfance à Annot, dans les Alpes de Haute-Provence. Très vite, il préfère construire ses propres jouets.

À seize ans, il passe son CAP de serrurier à Digne, métier qu’il n’exerce pas plus de six mois. Il devient ensuite soudeur, sans plus de succès. Après cette première incursion dans le monde industriel, Gilbert Peyre exerce différents métiers. À vingt-deux ans, il travaille comme garçon de café à Paris, place de la République. À cette époque, il réalise ses premières sculptures figuratives, dans une matière de son invention, liant l’argile et le papier avec une solution chimique. Après la fermeture du café, bénéficiant d’une allocation chômage, il se met à créer plus régulièrement. Il expose ses premières sculptures à la galerie Boutet de Monvel. Il est embauché comme gardien au Louvre pendant trois mois, ce qui lui permet de découvrir Cézanne et Degas. À trente ans, il franchit une étape importante : il fabrique des jouets à roulettes à base de boites de conserve récupérées, qu’il vend aux puces de Clignancourt.

À la fin des années 1970, il s’installe dans une petite boutique à Montmartre, où il présente d’étranges sculptures-jouets articulées. Le public commence à trouver à sa création une valeur artistique. Dès 1987, ses sculptures sont montrées à la Halle Saint Pierre, puis à la galerie Mostini et à la galerie Duval-Dunner. Dans les années 1980 et 1990, il participe à de nombreuses expositions collectives (Fiac, Fondation Cartier, Musée Bourdelle, Galeries Le Chanjour, Lara Vincy...).

Au cours des années 1990, il s’initie à l’électromécanique, notamment grâce aux contacts établis avec l’ingénieur de la société Loupi Electronic. En autodidacte, il apprend la programmation informatique. Il devient peu à peu un croisement unique d’ingénieur et de plasticien, de mécanicien et de poète.

La technologie lui permet d’envisager des mises en scène ambitieuses. Au début des années 1990, avec la Compagnie Foraine, il montre la première chaise qui marche, puis l’automate BêteMachine, qui se tient sur un vrai cheval. Ce sont alors de véritables chorégraphies d’objets, de vastes et complexes « sculpturOpéra », telles que Le Réveil d’un piano (1994) ou Ce soir on tue le cochon (1996). En 2000 a lieu Fin de chantier, une rétrospective à la Halle Saint Pierre. Six oeuvres de l’artiste ont été mises en scène dans le film Micmacs à tire-larigot de Jean-Pierre Jeunet (2009).

De nouveaux partenaires comédiens, tel Achille Orsoni, musiciens, comme Gérard Pesson et Jean Pacalet, ingénieur électronicien comme Robert Breton, lui permettent de concevoir des performances de grande ampleur. Ainsi naissent Fernand Queudboeuf, l’Homme le plus fort du monde (2012), et cet opéra de machines, de marionnettes et d’acteurs humains qu’est Cupidon Propriétaire de l’Immeuble situé sur l’Enfer et le Paradis, monté en 2009, qui a tourné à Paris (BIAM, Le Centquatre, Cirque Electrique...) et en Europe (Bâle, Cracovie...).

Gilbert Peyre vit et travaille à Paris et continue de créer ses étranges machines dans son atelier à Aubervilliers.