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“Mark Geffriaud” Deux mille quinze
Le Plateau, Frac Île-de-France, Paris

du 22 septembre au 11 décembre 2016



www.fraciledefrance.com

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage, le 21 septembre 2016.

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1/ 2/ 3/  © Mark Geffriaud

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Une démultiplication de l’écran cinématographique en plusieurs formats disséminés sur tout l’espace du Plateau ; un léger décalage de 20 secondes d’un écran à l’autre ; ici et là, une voix off un peu redondante : d’un écran à l’autre, le film est presque toujours le même. Un différé insignifiant qui pourtant abouti à un cadre final unique à chacune des 6 projections : un plan séquence fixe sur l’une de ces roches fatiguées, laissées il y a plus de mille ans pour une raison inconnue au bord du Lac Titicaca.

A l’écran, la succession de plans fixes et de déplacements, font écho à notre propre déambulation dans la salle. En alternance, contemplations et mouvements rythment le récit. Comme le paysage sur cette petite pièce concave miroitante, la représentation est renversée : le haut est en bas. Et même, l’écran fixe bouge en se démultipliant ; à l’image, les vieux chantiers abandonnés côtoient ceux en pleine expansion, même s’ils ne sont encore qu’outils et gestes insolites. Comme pour donner raison aux Aymaras, l’ultra technologie du télescope perçoit déjà la roche fatiguée, avec juste l’écart d’entre-les-deux-yeux pour voir, percevoir, mesurer et comprendre, avec juste cette petite baguette dorée, un mécanisme d’ouverture d’une porte, comme échelle de distance.

D’un paysage montagneux, le soleil s’irise à travers le cadre redoublé par la fenêtre filmée. Une GoPro suit en gros plan le mouvement du stylo à bille qui dessine le paysage que nous venons de voir à l’image. Entre immobilité et déplacement, entre redondance et singularité, Mark Geffriaud questionne une temporalité terrestre à l’échelle de l’homme. Le temps comme déplacement dans l’espace, le temps comme exploration de l’espace, le temps comme une inscription et un vieillissement lent de la pierre, et, enfin, le temps cyclique de la fermentation et de la maturation, prêt à la consommation collective et festive. Vivement le 11 décembre.

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire de l’exposition : Xavier Franceschi



L’installation filmique autour de laquelle se développe l’exposition que Mark Geffriaud a conçue pour le plateau explore notre rapport au temps. La matière du film est constituée de repérages réalisés sur deux sites : le chantier du futur plus grand télescope au monde, dans le désert d’Atacama, au Chili et les rives du lac Titicaca, entre Bolivie et Pérou, où furent abandonnées de grandes pierres de construction, il y a plus de mille ans.

Depuis le sommet du mont Armazones où sera construit le télescope, les astrophysiciens espèrent pouvoir remonter le temps et assister en différé à la naissance des premières galaxies. Les piedras cansadas (pierres fatiguées), abandonnées pour une raison inconnue en cours d’acheminement vers la cité de Tiwanaku, ont fait l’objet de nombreuses hypothèses de la part des archéologues. Les différentes théories sur la construction à laquelle elles étaient destinées échafaudent ainsi à partir du passé, diverses projections sur un futur qui restera à jamais fictif.

À travers le film, chaque site devient le miroir inversé de l’autre : la plus haute technologie nous projette, dans un futur proche, dans le passé le plus lointain tandis que les traces d’anciennes civilisations et techniques ancestrales nous ramènent dans le passé pour y envisager d’autres futurs.

Entre les deux sites se situe le territoire des Aymaras, seul peuple sur terre à avoir une conception inversée du temps : le passé devant eux et le futur derrière. Le déplacement d’un site à l’autre implique la traversée d’une région où le rapport au temps s’inverse. La construction de l’exposition reflète ce renversement temporel.

L’exposition est rythmée par les projections du film, leur interruption aléatoire et le flux de la bande-son diffusée en continu dans toutes les salles. La bande son retrace le trajet entre les deux sites en suivant à rebours l’élaboration du projet.



La pratique artistique de Mark Geffriaud (né en 1977) est basée sur la production d’installations, de sculptures et de films. La construction du temps et de la mémoire est son principal champ de recherche. Depuis 2007, son travail a été montré en France (Centre Pompidou, Palais de Tokyo, Musée national du Jeu de Paume, Musée d’art moderne de Paris, le plateau etc.) et à l’étranger (Tate Modern à Londres, De Appel à Amsterdam, National Gallery à Prague, Mamco à Genève etc.). Ses oeuvres ont intégré plusieurs collections nationales (Centre Pompidou, Musée d’Art Moderne de Paris, frac île-de-france).

Exposition réalisée avec la participation de Christophe Blanchet, Yann Geffriaud et Géraldine Longueville.

Le film réalisé par Mark Geffriaud sera également montré à l’occasion d’une autre exposition personnelle durant l’automne 2016, à Rotterdam (Witte de With. 14 octobre 2016 - 4 janvier 2017) Le projet a reçu le soutien du Prix Meurice pour l’art contemporain en 2014.