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“L’art de la paix” Secrets et trésors de la diplomatie
au Petit Palais, Paris

du 19 octobre 2016 au 15 janvier 2017



www.petitpalais.paris.fr

 

© Sylvain Silleran, vernissage presse, le 18 octobre 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Rousseau Henri, Le Douanier Rousseau (dit), Les représentants des puissances étrangères venant saluer la République en signe de paix, 1907. Musée Picasso. © RMN-Grand Palais (musée Picasso de Paris) / René-Gabriel Ojéda.
2/  Vassili Verechtchaguine, Apothéose de la guerre, 1871. Galerie Trétiakov, Moscou. © Tretyakov Gallery.
3/  Simon Vouet, La Prudence amène la Paix et l’Abondance, 1625-1650. Paris, musée du Louvre. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt.

 

L'explosion de la bombe atomique d'Hiroshima tourne en boucle. En face, une tapisserie du XVème siècle célèbre la guerre dans un amoncellement chaotique de cavaliers et de soldats. Une toile représentant deux poilus creusant le champ de bataille pour y enterrer leur camarade vient rappeler quelle est la nature de la guerre et la nécessité de la paix.

Des traités de paix manuscrits, parfois richement enluminés, agrémentés de leurs sceaux de cire, semblent bien fragiles. Ils retracent les chapitres de nos livres d'histoire, les luttes incessantes de nos rois et de nos nations, les rencontres entre différents peuples. Chaque culture s'y exprime par sa calligraphie, la forme et les dimensions du document. La grande paix de Montréal entre le gouverneur général de la Nouvelle-France et les nations indiennes comporte les dessin des symboles animaux représentant les diverses tribus. Une lettre du roi de Siam à Napoléon III est gravée sur une étroite bande d'or.

Rois et empereurs sont représentés signant la paix dans une forme allégorique. Bonaparte offre littéralement la paix à l'Europe sous les traits d'Athéna. Ailleurs ce sont les dieux eux-mêmes descendant sur des nuages inspirer la paix à nos grands hommes. La paix elle-même, accompagnée de chérubins, est une figure mythologique maternelle: la peau laiteuse et pure, elle foule de ses pieds casques, glaives et armures désormais inutiles tout en tenant une corne d'abondance aux fruits exotiques et paradisiaques.

L'héroïsme laisse place au pragmatisme, les tableaux représentent alors les tentatives de mariages entre les dynasties européennes, un jeu d'alliances devant garantir prospérité et stabilité, ou bien des scènes de banquets réconciliant les ennemis. Bientôt les rois ne se déplacent plus, ils envoient ministres et diplomates comme Richelieu ou Talleyrand négocier les traités. Les portraits d'ambassadeurs succèdent aux portraits de rois. Des cadeaux précieux sont offerts, comme la porcelaine de Sèvres.

L'époque moderne est davantage celle des idées. La paix devient une affaire de penseurs, une idéologie dont le peuple peut s'emparer à travers les écrits de Victor Hugo, de Jaurès, les dessins de Daumier. Des cartes postales de la guerre de 14-18 et leur candeur aux affiches politisées des années 30, de la colombe de Picasso à la peinture du Douanier Rousseau, le pacifisme devient une culture populaire, un réel élan citoyen.

Les traités du XXéme siècle tapés à la machine font pâle figure dans leur mince chemise cartonnée comparés au travail d'orfèvre et aux dorures de leurs ancêtres. Pourtant leur portée se fait de plus en plus globale à mesure que les nations réussissent à coexister et collaborer. Alors que les pays cessent d'être ennemis, et se regroupent en nouvelles entités supra-nationales, de nouveaux accords sont écrits. Le traité de Maastricht, la déclaration de la Cop 21, sont autant d'étapes de notre transformation vers un monde globalisé.

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat général :
Richard Boidin : directeur des Archives diplomatiques du ministère des Affaires étrangères et du Développement international
Christophe Leribault : directeur du Petit Palais

Commissariat scientifique :
Patrick Lemasson : conservateur en chef au Petit Palais
Isabelle Nathan : conservatrice générale aux Archives diplomatiques
Isabelle Richefort : conservatrice générale, adjointe au directeur des Archives diplomatiques
Gaëlle Rio : conservatrice au Petit Palais




Le ministère des Affaires étrangères et du Développement international et le Petit Palais consacrent une exposition ambitieuse et inédite à l’Art de la Paix.

Quarante traités et une soixantaine de documents issus des archives diplomatiques choisis parmi les plus emblématiques de l’histoire des relations internationales de la France seront présentés au public pour la première fois. Ces pièces seront accompagnées par des peintures, des sculptures, du mobilier, des objets d’arts précieux et des archives filmées de façon à les replacer dans leur contexte historique, à mieux les comprendre en dévoilant le processus de leur négociation.

L’ambition de cette exposition est de susciter la réflexion des visiteurs sur l’idéal de paix porté par la France à travers les siècles et de redécouvrir des éléments déterminants de notre mémoire collective et individuelle.

Au total, ce sont près de 200 oeuvres, du Moyen-âge jusqu’à nos jours, qui jalonnent le parcours de l’exposition autour de cinq sections thématiques. La scénographie alterne des moments spectaculaires d’un point de vue visuel et des sections plus historiques.

Après avoir évoqué en préambule l’effroi de la guerre, l’exposition s’ouvre sur de grands conflits et leurs résolutions par des alliances, souvent matrimoniales. Des pièces d’archives exceptionnelles comme le traité d’Arras (1435) signé entre Charles VII et Philippe le Bon, sont accompagnés de tableaux comme celui de Sebastiano Ricci (Plaisance, Palais Farnèse) commémorant la réconciliation de François Ier et de Charles Quint sous l’impulsion du pape Paul III.

L’exposition se poursuit par une galerie de grandes peintures du XVIIe au début du XIXe siècle célébrant la Paix de manière allégorique avec des oeuvres de Procaccini, Vouet, Marot, Coypel, De Matteis, Boilly …

La troisième section aborde la question des règles et protocoles à suivre pour faire la paix. En effet, le métier de diplomate se professionnalise avec le temps et diverses techniques de négociation apparaissent. Un certain nombre de rituels et de pratiques sont systématisés au XIXe siècle : l’élaboration commune des documents, l’échange de présents et un art de la table au service de la diplomatie, avant l’émergence d’un droit public international. Des objets exceptionnels, comme la Table de Teschen dite Table de la paix récemment acquise par le Louvre, seront ici présentés ainsi que des tableaux de Philippe de Champaigne, Jean-François de Troy….

Autre temps fort de l’exposition, la « chambre des trésors » qui dévoile ensuite un florilège de documents diplomatiques choisis pour leur exemplarité ou pour leur somptuosité.

Reliures de velours ornées avec des broderies de fils d’or et d’argent, décors d’enluminures, boîtes à sceau ouvragé, certains traités sont de véritables objets d’art telle la lettre du roi de Siam à Napoléon III, gravée sur une feuille d’or. Dans un ordre chronologique privilégié, avec le souci de mettre en avant le roman national français, il s’agit bien de rappeler que sont à l’oeuvre, à travers ces trésors de notre diplomatie, les éléments constitutifs de notre mémoire collective et individuelle.

La dernière partie, après un rappel du rôle des penseurs de la paix depuis le XVIIe siècle, évoque l’émergence de l’opinion publique, les moments de paix illusoire (l’entre-deux guerres, la Société des Nations), le droit des peuples et la décolonisation, l’ONU puis, pour clore l’exposition et couvrir la période la plus récente, l’interdépendance irréversible de l’humanité : l’équilibre de la terreur nucléaire, les questions climatiques, la gouvernance mondiale. Cette dernière section rassemble des oeuvres des XIXe et XXe siècles : un corpus important d’affiches de 1914 aux années 1970, des caricatures de Daumier entre autres, la terrible Apothéose de la guerre (1871) de Vassili Verechtchaguine (Moscou, galerie Trétiakov), des oeuvres de Monet (La Rue Montorgueil), Picasso (La Colombe de la Paix), mais aussi des objets historiques comme le bureau de la signature du traité de Versailles (oeuvre de Charles Cressent)… Des documents audiovisuels (archives, interviews réalisés spécifiquement pour l’exposition) donneront la parole aux politiques, spécialistes des questions diplomatiques et permettront d’ouvrir sur les questions d’actualité.