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“Klavdij Sluban” Divagation, sur les pas de Bashō
au Palais de l’Institut de France, Paris

du 26 octobre au 20 novembre 2016



www.academie-des-beaux-arts.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition, le 27 octobre 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Klavdij Sluban, Miyajima, Japon, 2016. © Klavdij Sluban.
2/  Klavdij Sluban, Mont Fuji, Japon, 2016. © Klavdij Sluban.
3/  Klavdij Sluban, Japon, 2016. © Klavdij Sluban.

 


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Interview de Klavdij Sluban,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 25 octobre 2016, durée 21'40". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Lauréat du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière - Académie des beaux-arts 2015 pour son projet Divagation, sur les pas de Bashō, Klavdij Sluban expose du 26 octobre au 20 novembre le travail réalisé dans le cadre du Prix tout au long de cette année.

Divagation, sur les pas de Bashō est un parcours poétique inspiré par les voyages entrepris par Matsuo Bashō au XVIIe siècle à travers le Japon féodal. Klavdij Sluban a traduit photographiquement le voyage initiatique de Bashō, non d’un point de vue documentaire mais sensible, en transcrivant l’essence poétique de son cheminement.

Il a effectué trois voyages au Japon entre janvier et juin 2016. Un très long séjour de trois mois en début d'année lui a permis de relier à pied Kyoto-Tokyo effectuant quelque 500 kilomètres. Il a également visité l'île de Sado, le temple des Tokugawa de Nikko, la barre de Shirakawa, les îles de Matsushima, Hiraizumi, Sakata, Kisakata et Etchu. Ce projet au long cours s'inscrit dans la continuité des cycles précédents entrepris par Klavdij Sluban - Balkans, Russie, mer Baltique, îles Kerguelen, les îles de la Caraïbe, Amérique centrale... voyages "constituants" qui tous ont donné lieu à une production photographique.

Sa récente pérégrination japonaise puise sa source dans les textes de Matsuo Bashō et principalement dans son oeuvre majeure, véritable carnet de voyage initiatique à travers le Japon : La Sente étroite du Bout-du Monde.

« On pourrait considérer ce récit comme un guide poétique que l'on pourrait suivre pas à pas, livre en main, mais il est peut-être plus conforme à l'intention du poète de considérer que les lieux importent peu. Que seul compte le progrès d'une méditation implicite, stimulée par la rencontre fortuite et contingente de tel paysage, de tel souvenir du passé, et pour peu que l'on sache ce qu'est une montagne, une rivière, un rocher, point n'est besoin de carte ni de plan pour revivre les impressions et les sentiments de l'auteur.
Si Bashō est connu pour ses haïkus dont il est le maître incontesté, ses journaux de voyage n'en sont pas moins considérés comme un classique de la littérature. Mêlant prose et poésie (haibun), ces récits forment une sorte de cheminement hors du temps et de l'espace, une sorte d'intrusion dans l'utopie. De chaque voyage que fit Bashō est né un récit

(Dussent blanchir mes os, Notes d'un voyage à Kashima, Le Carnet de la hotte, Notes d'un voyage à Sarashima...). » Extraits du projet présenté au jury par Klavdij Sluban

Avec une écriture photographique aux noirs profonds, Klavdij Sluban nous livre ici sa vision intime et intérieure du Japon.

L'exposition présente une quarantaine de tirages argentiques en noir et blanc de 40 cm x 60 cm et 80 cm x 120 cm. Ce projet a été réalisé dans le cadre d'une résidence à la Villa Kujoyama. La Villa Kujoyama est une antenne de l'Institut français du Japon et bénéficie du soutien de l'Institut français et de la Fondation Bettencourt Schueller.




Divagation, sur les pas de Bashō vu par Aurélie Julia

Aurélie Julia, Docteur en littérature, a participé au hors-série de la Revue des Deux Mondes consacré à « Divagation, sur les pas de Bashō ». Voici des extraits de sa contribution :


En déséquilibre

« Il y a presque quatre cents ans, un fils de samouraï versé dans la poésie laisse son existence au croisement d’un sentier : il veut suivre une autre voie pour écouter le chant des cigales et contempler les chrysanthèmes ; il veut entrer en résonance avec l’univers. Tantôt pèlerin, tantôt ermite sous les ciels du Japon, Bashō gravit les cimes et traverse les bois obscurs ; il s’enfonce dans les rivières et trébuche sur les rochers en quête de l’essentiel ; c’est sa façon d’être au monde : De l’éternité, jours et mois sont hôtes de passage et, de même, l’an qui fuit, l’an qui vient sont voyageurs. Qu’il mène une vie nomade en bateau ou à cheval, l’homme accueille la vieillesse, le voyage quotidien est sa demeure. Nombreux sont les poètes d’autrefois qui sont morts en chemin, et moi, comme eux, depuis je ne sais quand, à l’invite du vent dans les nuages en lambeaux, je ne peux réfréner mon désir d’errance. (Bashō, La Route étroite du Nord profond)

... / …

L’errance : Klavdij Sluban l’éprouve et la recherche, lui qui parcourt les espaces. Arrivé sur les lieux qu’il choisit, le photographe curieux de tout abandonne le vacarme des véhicules et s’en va sur les routes. Il marche dans les Balkans, en Indonésie, à Jérusalem ; il marche autour de la mer Noire et de la mer Baltique ; il marche en Chine et au Japon : il existe par les voyages entrepris à pieds. Un jour, il décide de suivre les pérégrinations de Bashō chez qui il trouve un art d’être et de vivre : Pour m’aider à apprécier le vent et les nuages, j’ai accumulé les descriptions, pêlemêle, d’endroits divers que je ne puis oublier ; tenez-les pour divagations d’ivrogne, pour bafouillages de dormeur, et entendez-les d’une oreille distraite. (Bashō, Le Carnet de la hotte) »




Klavdij Sluban est né à Paris en 1963. Il mène une œuvre souvent empreinte de références littéraires, en marge de l’actualité immédiate. Ses cycles photographiques vont de l’Est (Balkans-Transit, Autour de la mer Noire-voyages d'hiver, Autres rivages-la mer Baltique, Transsibériades, etc.) jusqu’à l’archipel des îles Kerguelen.

Lauréat de la Villa Médicis-Hors-les-Murs (1998), du prix Niépce (2000), du European Publishers Award for Photography (2009), de la Villa Kujoyama (2016), Klavdij Sluban photographie les adolescents en prison depuis 1995 en France, en ex-Yougoslavie, en ex-Union-Soviétique, en Amérique latine, partageant sa passion avec les jeunes détenus en créant des ateliers photographiques.

Ses travaux sont conservés et exposés dans de nombreuses institutions : Musée de la Photographie à Helsinki, Musée des Beaux-arts de Shanghai, Metropolitan Museum of Photography de Tokyo, Museum Texas Tech aux États-Unis, National Museum of Singapore, Rencontres d’Arles, Maison Européenne de la Photographie, Centre Georges Pompidou. En 2013, le Musée Niépce lui a consacré une rétrospective, Après l'obscurité, 1992-2012.

Il a publié de nombreux ouvrages dont Entre Parenthèses, Photo Poche, (Actes Sud), Transverses (Maison Européenne de la Photographie), Balkans Transit (Seuil), East to East (prix EPAP 2009).