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“Stéphane Thidet” Désert
à l’abbaye de Maubuisson, Saint-Ouen l’Aumône (95)

du 11 novembre 2016 au 27 août 2017



www.valdoise.fr/614-l-abbaye-de-maubuisson.htm

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse avec Stéphane Thidet, le 10 novembre 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Stéphane Thidet, Sans titre (Racetrack), dessin préparatoire, aquarelle. © Stéphane Thidet.
2/  Stéphane Thidet, Le Son des planètes, dessin préparatoire, aquarelle. © Stéphane Thidet.
3/  Stéphane Thidet, Sans titre (Les Gattiliers), dessin préparatoire, aquarelle. © Stéphane Thidet.

 


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Interview de Stéphane Thidet,
par Anne-Frédérique Fer, à Saint-Ouen l’Aumône, le 10 novembre 2016, durée 10'56". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaire : Isabelle Gabach, Directrice de l’abbaye de Maubuisson



Stéphane Thidet, dont on a pu voir récemment des oeuvres au Palais de Tokyo pour Inside en 2014, au MAC VAL pour L’Effet Vertigo en 2015 et au Collège des Bernardins au printemps 2016, présente à l’abbaye de Maubuisson, du 11 novembre 2016 au 27 août 2017, Désert, sa nouvelle exposition personnelle.

Stéphane Thidet est né en 1974, il vit et travaille à Paris. Il est diplômé de l’école nationale supérieure des beaux-arts de Paris et de l’école supérieure des beaux-arts de Rouen. Il est représenté par les galeries Aline Vidal à Paris et Laurence Bernard à Genève.

À la fois sombre et émerveillé, le monde de Stéphane Thidet offre des visions distordues de la réalité. Ses oeuvres mettent en scène sa vision de la réalité imprégnée de fiction et de poésie. Il aime à se situer dans cet entre-deux et jouer avec les limites de ces espaces fictionnels et réels.

S’appuyant sur des situations de la vie courante, il y introduit la notion d’instabilité face à l’érosion du temps et de l’action qui mène à leur disparition(Sans titre (Le Refuge) et La Crue).

Son travail tient à la fois de la sculpture et de l’installation. Depuis le milieu des années 1990, le lien avec les éléments naturels traverse tout le travail de Stéphane Thidet et ici, tout particulièrement.

Pour son exposition Désert à l’abbaye de Maubuisson, ancienne abbaye royale cistercienne, Stéphane Thidet a pensé trois oeuvres contextuelles. Ses nouvelles productions ont pour point commun leur rapport au sol, au paysage, au géologique et à une idée de l’épure en écho à cet ancien monastère cistercien.

En investissant ces espaces, Stéphane Thidet s’est intéressé à ce qui constitue l’essence même de ces lieux, à savoir la retraite, la prière et l’introspection. L’image du désert en est le miroir, comme espace mental, de paix, d’isolement, de méditation, de silence, d’éternité et de contemplation.

Parcourir le désert, c’est affronter le vide, l’inconnu. Le désert et ses espaces inspirants, cette impression d’être à la naissance du monde est évoquée par Honoré de Balzac qui nous dit : « Le désert c’est Dieu sans les hommes »1.

Dans la salle des religieuses de l’abbaye, le paysage lunaire et désertique de Racetrack* constitue un de ces panoramas. Cette oeuvre est une évocation du lac asséché californien Racetrack Playa connu pour ses rochers qui se déplacent mystérieusement à sa surface. Comme souvent dans le travail de l’artiste, ses installations ne sont pas praticables. Stéphane Thidet nous veut spectateurs de ses oeuvres qui ici sont tout autant de paysages autour desquels nous déambulons.

Se reconnecter avec les origines et le cosmos, c’est l’expérience sensorielle proposée par l’oeuvre Le Son des planètes*. Plongé dans l’obscurité, le spectateur fait face à deux gongs vibrant à partir des fréquences émises par les planètes, notamment celles du soleil, elles-mêmes captées de nuit, et diffusées le jour grâce à une antenne radio installée dans le parc de l’abbaye.

Ses productions sont le résultat d’un geste simple qu’il applique à des objets, des situations. La vue d’un désert (Racetrack*), d’arbres ancrés dans un substrat improbable (Les Gattiliers*, ou « arbre au poivre », l’arbre des moines, qui sortent de matelas placés sur six lits dispersés dans la salle du parloir), la puissance et la majesté du son des gongs (Le Son des planètes*), Stéphane Thidet propose des situations dans lesquelles l’épure est recherchée. Ces formes simples conservent « leur part de mystère, de révélation contenue, qui les rend si attractives »2 et hypnotiques.

Conçue comme un parcours initiatique, l’exposition intègre des matériaux bruts (la terre, l’argile, le bois, les végétaux, la pierre) pour la difficulté qu’ils apportent et auxquels l’artiste aime à se confronter. Elle associe également des éléments non préhensiles et maîtrisables tels que le son, l’émission des ondes électromagnétiques des planètes (Le Son des planètes*), l’action du temps sur les matières qu’elles soient minérales ou végétales (Racetrack* et Les Gattiliers*).

Parce que l’art permet à chacun de vivre des émotions, parce qu’il aiguise les perceptions et nourrit l’imaginaire, parce qu’il est un moment de plaisir et de partage, parce qu’il offre un regard décalé sur le monde et sur nous-mêmes, parce qu’il est à la fois voyage individuel et collectif, les installations de Stéphane Thidet sont tout autant de paysages mentaux et poétiques propices au voyage et à la rêverie.




* Titre provisoire
1 - Honoré de Balzac, « Dans le désert, voyez-vous, il y a tout, et il n’y a rien… – Mais encore expliquez-moi ? – Eh ! bien, reprit-il en laissant échapper un geste d’impatience, c’est Dieu sans les hommes. », extrait de la nouvelle Une passion dans le désert, Paris, 1832, page 303
2 - Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo et commissaire de l’exposition Les Formes simples, centre Pompidou-Metz, 2015




Parcours de l’exposition

Salle du parloir


Se reconnecter avec les origines et le cosmos, c’est l’expérience sensorielle proposée par l’oeuvre Le Son des planètes, pièce sonore et plastique.

Plongé dans l’obscurité, le public se trouve face à deux gongs suspendus aux croisées d’ogives. Ces disques de métal martelés qui surgissent de la pénombre vibrent puissamment et stoppent le visiteur dans sa déambulation. Les vibrations des gongs proviennent d’un audio transducteur installé derrière chacun des idiophones qui diffusent des fréquences radio de planètes, notamment du soleil, captées de nuit, et retransmises le jour grâce à une antenne radio installée dans le parc de l’abbaye. L’audio-transducteur permet de générer une vibration qui transforme le corps du gong en haut-parleur. Cette surface sphérique devient planète à son tour et nous dévoile le champ électromagnétique de ces planètes qu’il est impossible de percevoir dans l’espace à cause du vide. Ici, le son, puissant et saisissant, trouve sa matérialité, se réverbère et emplit l’espace de la salle. Le son devient matière et le gong devient objet-sculpture. Sciences et poésie se croisent dans un voyage immobile.


Salle du chapitre

Depuis le milieu des années 1990, le lien avec les éléments naturels traverse tout le travail de Stéphane Thidet. Il crée des univers familiers où s’opèrent des décalages, des pas de côté. Ses oeuvres mettent en scène sa vision de la réalité imprégnée de fiction et de poésie.

Dans la salle du chapitre, des rangées de lits (lits d’internat, d’hôpital ou de dortoir), en écho à ceux des anciennes moniales de Maubuisson qui dormaient à l’étage de l’abbaye, se déploient dans l’espace. Les matelas qui couvrent ces lits, sont traversés par des arbustes de Gattilier appelé également « l’arbre au poivre » qui était anciennement cultivé par les moines.

Autrefois, cette épice avait une réputation d’anaphrodisiaque. Il était utilisé de différentes façons : amulettes, sirops, haies, etc. Connu depuis l’Antiquité gréco-romaine, le gattilier servait déjà pour protéger les lieux sacrés des plaisirs de la chair : on en couvrait les sols. Pour les mêmes raisons, les prêtresses et pythies se couchaient sur des matelas faits de gattilier pour rester pures. Au Moyen Âge, les moines portaient des amulettes en bois de gattilier pour se mettre à l’abri des tentations et plantaient des haies protectrices autour des édifices religieux.


Salle des religieuses

Dans la salle des religieuses, Racetrack est une installation in situ, conçue spécialement pour le lieu. La salle est couverte d’une couche d’argile lisse sur laquelle des rochers semblent avoir été déplacés, laissant de longues empreintes creusées dans ce sol aride. Ce paysage lunaire et désertique est inspiré des énigmatiques pierres mouvantes du lac asséché californien de Racetrack Playa aux États-Unis, célèbre pour ses rochers qui se déplacent mystérieusement à sa surface. Cette oeuvre crée de l’espace et invite le visiteur à se déplacer autrement, en déambulant autour de ce paysage depuis un chemin de ronde en bois brut.

Sur le modèle de la célèbre Verb List établit en 1967-1968 par Richard Serra, Stéphane Thidet modifie ici le vocabulaire classique de la sculpture. Il s’inspire de cette liste de verbes et ramène la sculpture à des gestes simples et élémentaires tels que « tirer », « traîner », etc. L’oeuvre de Stéphane Thidet condense en elle le processus de sa création, oeuvre aléatoire et déterminée par la main de l’artiste. Thidet conserve au matériau toute sa force brute en l’enrichissant de l’énergie qui a servi à lui donner cette forme, et non une autre. Cette énergie est un mouvement simple, une dynamique incarnée par une action que le visiteur observera dans la sculpture à travers son apparente immobilité.