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“Laurent Montaron” Dioramas
à la Fondation d'entreprise Ricard, Paris

du 15 novembre 2016 au 7 janvier 2017



www.fondation-entreprise-ricard.com

 

© Anne-Frédérique Fer, preview presse, le 12 novembre 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Laurent Montaron, The Stream, 2007. Photographie couleur contrecollée sur aluminium, 123 x 155,5 cm. Collection Frac Alsace, Sélestat.
2/  Laurent Montaron, Sans titre, 2016. © Galerie Triple V.
3/  Laurent Montaron, Pace, 2009. Vue de l'exposition Laurent Montaron, 28 janvier - 15 mars 2009, Institut d'art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes. © Blaise Adilon.

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

L’espace, scindé en deux, offrent deux parties distinctes, comportant une entrée chacune. L’une par le 12 rue Boissy d’Anglas, l’autre par le 10 de la même rue. L’une accueillant des dispositifs servant à la contemplation et l’observation (voire l’espionnage), l’autre projetant un film d’une vingtaine de minutes ; l’une centrée sur la fabrication des images, l’autre plutôt sur sa restitution. Les deux espaces sont contigus, mais l’un comme l’autre ne sont accessibles que par le regard et par l’ouïe, car, dans les deux cas, un mur comportant un grand cadre vitré, vient obstruer le chemin vers l’objet à voir. Pas d’immersion autre qu’audiovisuelle dans l’espace d’exposition, la motricité corporelle reste dans l’en-deçà, ouvrant l’espace au fantasme et à l’illusion. Le spectateur est confiné à son rôle et son statut de regardeur. Il est maintenu dans la position de la contemplation. Un peu comme au zoo, il est séparé et protégé de l’action et de l’environnement qu’il doit observer. Il y a pourtant une forme de violence à nous imposer cette distance, à nous en faire prendre conscience, même si au fond, on arrive progressivement à s’y faire, à l’accepter, à l’oublier.

À moins qu’il n’y ait sens à nous protéger des images ou de la mise en scène de leur maturation. À moins qu’il n’y ait sens à nous maintenir derrière ce mur vitré, cette barrière devant le temps fixe, arrêté ou re-joué. Qu’y voit-on ? Trois photos (presque ?) identiques où deux femmes torses nues, s’affairent sur le terrain d’un pentagramme géant à moitié dévoilé. La répétition de l’image enclenche à peine une sensation de variation, mais elle ouvre avec insistance une autre scène, improbable comme un songe, celle cabalistique d’une figure énigmatique qui appelle déchiffrement, perdition et initiation, celle qui permettra peut-être la modification magique du temps, son dérèglement ou sa précipitation. Tout prêt, presque collé au plafond, un train de cerf-volant emprunte le décroché de la pièce et porte, presque déjà invisible, un appareil photographique à son extrémité. On perçoit cependant son reflet dans une boite verticale fixée au mur. Il s’agit d’une surface réfléchissante grâce à une fine couche de nitrate d’argent, ancienne technique de fabrication du miroir. Ici, il réfléchit l’appareil et le dispositif de prise de vue, le cerf-volant. Celui-ci, portant le nom de Saconney, loin des usages ludiques, était utilisé tel un drone dans l’espionnage militaire au début du XXe siècle.

Comme dans le film projeté dans l’autre pièce, derrière, les techniques sont renvoyées à leur histoire, leur permanence et leur obsolescence, comme deux faces de la même médaille (une pièce dont Laurent Montaron nous montre aussi la fabrication ancestrale). Un vieux téléphone, un ancien appareil enregistreur, une montre arrêtée, un transistor désuet et deux voix : l’une féminine et narrative, l’autre masculine et directive. La première se perd dans les sensations procurées par l’informe, l’imprécision, l’inversion, la confusion, l’autre menant la première à l’action ou même à la croyance : celle de faire fonctionner le vieux mécanisme de la montre au simple son directif de la voix. Ici, avec Dioramas, Laurent Montaron inscrit la présence humaine tant dans le geste magique que dans la relation technologique. Toujours, une seule et même médaille.

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaire de l’exposition : Lorenzo Benedetti.



La Fondation d’entreprise Ricard est heureuse de présenter l’exposition Dioramas de Laurent Montaron (né en 1972).

De nouvelles productions seront présentées à cette occasion, rendant compte de la diversité des modes d’expression de l’artiste. Ses films, photographies, objets et installations évoquent la manière dont nos représentations du temps et de l'espace ont évolué, en accompagnant l’histoire des technologies.

En faisant référence aux techniques de reproduction et de diffusion de l'image et du son - lesquelles ont profondément renouvelé les modes de circulation de l'information - son travail interroge la place de l'expérience et de sa transmission aujourd'hui.

Cette exposition conçue comme un dispositif composé de dioramas offre une vision singulière de l'espace de la Fondation d’entreprise Ricard et de la notion d'exposition en général, invitant le spectateur à une réflexion sur l'omniprésence du regard et sur la place laissée à l’expérience.

Le film Memory 2016 a été réalisé avec le soutien du Centre national des arts plastiques (CNAP) et du Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques (FNAGP).

Le travail de Laurent Montaron a fait l’objet de plusieurs expositions personnelles importantes à l’IAC de Villeurbanne, au Centre National de la Photographie à Paris, au FRAC Champagne-Ardenne, à Mercer Union à Toronto, au Kunstverein de Fribourg, ou au Kunsthaus-Baselland, à Bâle. Il a également été invité à participer à de nombreuses expositions collectives de premier plan, parmi lesquelles les biennales de Venise et de Sidney.