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“La Pente de la rêverie” Un poème, une exposition
à la Maison Victor Hugo, Paris

du 17 novembre 2016 au 23 avril 2017



www.maisonsvictorhugo.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 16 novembre 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  John Martin (1789-1854), Pandemonium – Le Paradis perdu , livre 1, vers 710. Manière noire et eau-forte. Londres, imprimé pour Henry Washbourne & Co., 25, Ivy Lane, Paternoster Row, 1858, Paris, collection particulière.
2/  Jean-Christophe Ballot, Varengeville, 2015. © Jean-Christophe Ballot.
3/  Victor Hugo, La ville morte. Plume et lavis d’encre brune, lavis d’encre noire, fusain, crayon noir, grattages, réserves, pochoir. Paris, maison de Victor Hugo, MVHP D 2779. © Maisons Victor Hugo/ Roger-Viollet.

 


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Interview de Vincent Gille, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 16 novembre 2016, durée 16'30". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat : Vincent Gille, chargé d'études documentaires à la Maison de Victor Hugo



Maison d’un poète, et d’un poète avant tout, cette exposition répond à un double objectif : explorer une forme littéraire particulière qu'est le poème, en démonter les mécanismes, en pressentir l’incroyable richesse faite de mots et d’images, d’architecture, en saisir la puissance d’évocation et se demander s’il est encore à même de nous parler aujourd’hui ?

C'est pour cette raison que l’exposition s’attache tout particulièrement à la réception du poème et se propose de la partager.

Un partenariat noué avec 10 classes de seconde ou de première de l’académie de Créteil issues de lycées généraux et de lycée professionnels en lien étroit avec les inspecteurs et les équipes d’enseignants était, dès le départ, au coeur de notre projet. Nous ne voulions pas, en effet, imposer une vision du poème, un schéma explicatif, une direction ou un sens de lecture, mais chercher, au contraire à faire naître chez les lycéens leurs visions de Hugo. Chaque classe est partie à l’aventure, dans les pas du poète. Pas de consigne, pas de contrainte. Notre engagement était que le fruit de leur « travail », les oeuvres qu’ils allaient créer à partir du poème seraient présentées dans l’exposition. Notre attente a été comblée : la richesse, la variété des « oeuvres » que les 10 classes ont réalisées prouve que ce poème, en dépit de sa complexité, de sa longueur, de ses références savantes, a su trouver des échos chez ces lycéens et provoquer, de leur part, une bienheureuse créativité.

Cette même volonté de partage nous a conduit, parallèlement, à soumettre le poème à deux artistes contemporains : Anne Slacik, peintre et Jean-Christophe Ballot, photographe, auquels le poème a inspiré des oeuvres présentées dans l’exposition. C’est enfin à huit poètes contemporains que nous avons proposé, avec la Maison des écrivains et de la littérature d’écrire sur et à partir du poème de leur illustre prédécesseur.

Cette exposition voudrait donc le vérifier : il est temps, sans doute, de ne plus imposer une seule lecture, une seule approche du patrimoine artistique et littéraire dont nous, musées, avons la charge. Il est temps, sans doute, de chercher aussi à partager ce qui n’est pas uniquement affaire de savoir. Présenter, expliquer, transmettre, voilà qui fait partie de nos missions, certes. Mais écouter ce que d’autres ont à dire sur ces oeuvres, susciter cette parole, favoriser ces lectures, ces propositions plastiques ou autres, leur faire confiance et les valoriser, voilà qui, en retour, enrichit à la fois notre connaissance des oeuvres et notre sensibilité.




Parcours de l’exposition

Le poème


Le poème se découvre strophe par strophe au travers de ses 145 vers, ou l'on pourra suivre son cheminement mais aussi le contexte littéraire et découvrir les échos tant dans l’oeuvre du poète qu’au sein du mouvement romantique. « La Pente de la rêverie » n’est pas le premier poème que Victor Hugo consacre à ce thème. Le poème « Rêverie », dans Les Orientales, semble naître de la même situation d’un homme à sa fenêtre qui se laisse aller à sa rêverie. Les visions que Hugo nous dévoile dans « La Pente de la rêverie », écrit à peine un an et demi plus tard, sont d’une tout autre nature : l’horizon spatial s’élargit jusqu’aux confins de la terre, le poète traverse d’immenses cités antiques, s’immerge dans des foules mêlant vivants et morts, pénètre dans toutes les dimensions de l’univers. On s’aventure dans les profondeurs inexplorées de l’intérieur de soi, grâce au rêve, seul moyen, d’après Hugo et d’après les romantiques, de pénétrer dans le secret du monde, d’en toucher le fond, d’en rapporter un trésor. Les paysages qu’il parcourt, les nuits qu’il traverse, ce monde de gouffres, d’escarpements, d’ombre et d’effroi, les images qui apparaissent ici pour la première fois sous la plume de Hugo, vont devenir, trente ans plus tard, le monde familier et monstrueux des grands recueils que sont Les Contemplations et La Légende des siècles.


Regards d’élèves.

Les réalisations des 10 classes de seconde ou de première de l’académie de Créteil.


Architectures visionnaires

Hugo est un poète extraordinairement visuel. Ainsi, « La Pente de la rêverie », en déclinant les différentes catégories du sublime, abonde en paysages démesurés, en architectures fantastiques, en cités antiques. À l’évidence, Hugo emprunte quelques-unes de ces perspectives urbaines, de ces entassements d’édifices et ces « trois étages de Rome » aux visions de peintres, de dessinateurs et de graveurs qui sont dans l’air du temps de ces années 1830 : Piranèse pour ses « Prisons imaginaires » et ses « vues de Rome », monde intériorisé, fantastique, inquiétant ; le peintre et graveur anglais John Martin pour ses illustrations du Paradis perdu de John Milton dont tout le romantisme se réclame ; François de Nomé, dont les architectures fantastiques, mêmes plus anciennes, composent d’étonnants échos avec le poème. Et Hugo lui-même, bien sûr, comme si la main qui dessine savait créer, avec de l’encre, des villes et des châteaux imaginaires avec la même liberté et la même puissance que la main qui écrit.


Regards contemporains

Même question que celle posée aux élèves : ce poème de Victor Hugo nous parle-t-il encore ? Deux artistes contemporains, la peintre Anne Slacik et le photographe Jean-Christophe Ballot, ainsi que huit poètes contemporains, ont accepté de répondre.

Anne Slacik a peint cinq toiles à partir du poème. Elle présente également une oeuvre plus ancienne, « Prometeo », qui évoque l’eau et la Seine. Elle a enfin créé cinq exemplaires, un livre peint et calligraphié sur « La Pente de la rêverie ».

Jean-Christophe Ballot a conçu une installation en prenant littéralement au mot, strophe après strophe, et vers après vers, les images du poème à partir de photographies choisies dans ses archives couvrant près de 20 ans de travail.

Enfin, en partenariat avec la Maison des écrivains et de la littérature, plusieurs poètes contemporains ont écrit une courte rêverie, sur ou à partir de la rêverie de Hugo, regard critique ou enthousiaste sur ce versant de la poésie lyrique, épique, tout entière tournée vers la métaphysique de l’invisible.