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“Du Jourdain au Congo” Art et christianisme en Afrique centrale
au musée du quai Branly, Paris

du 23 novembre 2016 au 2 avril 2017



www.quaibranly.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 21 novembre 2016.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Santu nzaambi, Ethnie : Holo, Premier tiers du XXe siècle ? Bois. 41,5 × 29,5 × 6 cm. N° inventaire : EO.1953.74.2479. © collection MRAC Tervuren; photo J. Van de Vyver, MRAC Tervuren.
2/  Statue ayant pour sujet Notre-Dame de Lourdes, Ethnie : Culture kongo (Woyo), Années 1930. Bois polychromé. 37 × 12 × 10,5 cm. N° inventaire : EO 1955.95.131. © collection MRAC Tervuren; photo J. Van de Vyver, MRAC Tervuren.
3/  Santu, Ethnie : Holo, Début XXe siècle. Bois, matières sacrificielles. 53 × 22,5 × 7 cm. N° inventaire : SJ.1336. © collection MRAC Tervuren; photo J. Van de Vyver, MRAC Tervuren.

 


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Interview de Julien Volper, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 21 novembre 2016, durée 10'47". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat de l’exposition : Julien Volper, conservateur Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren, Belgique) et Maître de conférence au Centre d’Anthropologie Culturelle de l’Université Libre de Bruxelles.



Consacrée exclusivement et pour la première fois à l’influence que jouèrent le catholicisme romain et l’iconographie chrétienne sur l’art et la culture kongo entre le 15è et le 20è siècle, cette exposition présente un ensemble exceptionnel de 100 oeuvres kongo d’inspiration chrétienne – crucifix, sculptures, pendentifs, gravures et dessins – issues des collections du Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren, du musée du quai Branly - Jacques Chirac et de collections privées belges et françaises.

L’exposition évoque d’abord les premières étapes de la christianisation du royaume kongo depuis les premiers contacts avec les Portugais, dès 1482, jusqu’au 18è siècle. Le parcours présente ensuite différents types d’attributs de pouvoir des dirigeants kongo aux 19è et 20è siècles. Une vingtaine de grands crucifix sont ici rassemblés pour la première fois, ainsi que des « objets métisses », reconnaissables du point de vue de l’iconographie chrétienne.

Les figures de saints, de vierges, voire les curieux Christ féminins, s’éloignent par leur fonction d’un strict usage catholique ou cultuel. L’exposition évoque aussi l’influence catholique exercée chez d’autres groupes ethniques de la République Démocratique du Congo ou de l’Angola, avant de s’achever sur l’histoire des religions traditionnelles vues à travers le prisme du christianisme.




Introduction : un peu d’histoire

Le royaume Kongo existant depuis au moins le 14e siècle et découvert par les Portugais en 1482, relève de l’aire culturelle kongo qui est en fait un groupement de peuples et d’unités politiques divers allant du sud du Gabon au milieu de l’Angola ayant en commun des variantes d’une langue : le kikongo. Comme relevant de cette aire culturelle kongo, on peut citer d’autres états/royaumes également disparus comme le Loango, le Kakongo ou le Ngoyo.

Les principaux Européens présents au Royaume de Kongo entre le 15e siècle et le début de l’époque coloniale (fin 19e) furent les Portugais. Ils n’occupaient souvent que quelques bastions le long des côtes et entretenaient une présence réduite dans l’entourage de dirigeants locaux. Dans les années 1640, les Hollandais ont occupé certaines parties de la côte de l’Angola prises aux Portugais. Les Français, de leur côté, ne furent véritablement présents que dans la partie nord de l’aire culturelle kongo (royaumes de Loango et de Kakongo surtout) par le biais de commerçants et de missionnaires catholiques arrivés au 18e siècle.

Jusqu’au 19e siècle, les raisons qui poussèrent les Européens à établir des contacts avec le Royaume de Kongo furent avant tout commerciales. Les esclaves constituaient la principale « marchandise » d’exportation du royaume Kongo. Ils étaient achetés au moyen de divers produits européens considérés comme précieux par les Kongo (armes, perles de verre, textiles, alcool…). Le cuivre, la cire, l’ivoire et les tissages de raphia étaient aussi exportés mais dans des quantités moindres. Contrairement à certaines idées reçues, il y avait déjà des esclaves au Kongo avant l’arrivée des Européens ; cette classe était initialement constituée de criminels, de gens échangés contre des dettes existantes ou de captifs de guerre.

Si, pendant un temps, la couronne du Portugal avait espéré établir une colonie au royaume Kongo, elle développa par la suite des « ambitions plus modestes » et se limita à envoyer des artisans, des commerçants et des soldats. Royaume catholique, le Portugal soutint également l’envoi de missionnaires de différents ordres au royaume Kongo. Il en fut de même pour les États pontificaux qui eurent un rôle à jouer dans les luttes diplomatiques existant entre le royaume Kongo et les puissances européennes.

Bien que, en théorie, une grande partie de la population se soit fait chrétienne, on peut en réalité parler d’une majorité de « conversions de surface ». Culturellement, l’un des heurts majeurs pour une christianisation plus complète était l’interdiction de la polygamie, un aspect important des cultures de cette partie de l’Afrique. Au niveau des classes dirigeantes, la conversion au catholicisme fut aussi habilement utilisée pour servir des desseins politiques et religieux sur un plan national…comme international.