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“Ezra Nahmad” Leave
à la Galerie Les Douches, Paris

du 20 janvier au 25 février 2017



www.lesdoucheslagalerie.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Ezra Nahmad, le 18 janvier 2017.

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1/  2/  3/  Ezra Nahmad, Série Leave, C-Print, 50 x 70,75 cm. © Ezra Nahmad. Courtesy Les Douches la Galerie.

 


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Interview de Ezra Nahmad,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 18 janvier 2017, durée 17'29". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Ezra Nahmad décrit des figures et des récits d'exil, entre immigration, exode, cosmopolitisme et mondialisation. La fragilité et la férocité du sentiment d'attachement, les pulsions contre l'enfermement, le désir de fuite. La disparité de ces vécus dans un territoire confiné. L'exposition accompagne l'édition de Leave, dernier volet de la trilogie israélienne d'Ezra Nahmad.




Mes parents avaient vingt-cinq ans lorsqu'ils ont abandonné l'Égypte. Mes arrière-grands-parents s'étaient eux-mêmes expatriés de Turquie, de Syrie, du Maroc, où ils étaient nés, pour s'installer en Égypte. Nous n'envisagions pas l'exil comme un Égarement ou une perte, la circulation autour de la Méditerranée était notre affaire. L'installation en Israël a mis un terme à ce moment de notre histoire, nous avons revêtu de nouveaux habits, de rescapés colonisateurs et de fils prodigues. Je n'ai pas voulu les endosser, j'ai choisi l'Europe. Maintenant je sens à nouveau le vent tourner, emportant Europe et Moyen-Orient dans un même mouvement tortueux.

Autrefois cosmopolites, voués à des échanges transfrontaliers, les pays du Moyen-Orient se sont adaptés à la globalisation mais en revendiquant un nationalisme autiste. Israël et le Moyen-Orient dans son ensemble sont devenus des laboratoires de la mondialisation. Dans ce système, l'exode de capitaux, de main d'oeuvre, de populations et de terreur sont des outils de pouvoir et une faille. Une nécessité et une impossibilité. Espace d'une liberté retrouvée pour certains, de tyrannie pour d'autres, Israël est une terre arrachée où viennent se télescoper toutes sortes d'errances, celles qui s'épanouissent et celles qui se fracassent. Ouvert aux juifs qui s'expatrient pour changer leur vie, Israël verrouille un autre peuple, les Palestiniens, faisant obstacle à leur moindre mouvement. À côté des deux figures de l'immigré émancipé et de l'exclu exilé sur sa propre terre, on rencontre l'Israélien désenchanté, obsédé par l'expatriation, le réfugié africain et le travailleur migrant. Par ce voisinage singulier, on dirait qu'Israël perpétue une prédication quasi mystique : pars, change de vie, reconstruis ailleurs.

Habité pour un temps par le miroitement de cette utopie paradoxale et l'Écho de la guerre en Syrie, j'ai photographié des Palestiniens enfermés ou en cours d'expulsion, des Israéliens qui auraient bien voulu se sauver, des maisons syriennes abandonnées sur le plateau du Golan, des ouvriers asiatiques détachés, voire l'étranger à l'identité floue, représentant d'un trust mondialisé ou d'une organisation internationale. Et la mitoyenneté disloquée de ces vies, l'absence à soi, l'impossibilité de l'exil.

Ezra Nahmad. Extrait de Leave, Peperoni Books, 2016




Biographie

Mes parents sont égyptiens, ma famille est originaire d'Alep, d'Istanbul, du Maroc, d'Italie. Je suis né en Israël et j'y ai grandi jusqu'à l'âge de dix ans, mon enfance fut heureuse. Petit, j'entendais couramment trois langues à la maison. La mer a longtemps été mon horizon quotidien.

À l'âge de dix ans je suis monté sur un bateau et j'ai rejoint Marseille puis Paris avec ma famille. J'ai fréquenté un lycée dans le dix-neuvième arrondissement de Paris, j'habitais au 6e Étage à Ménilmontant et lorsque je faisais mes devoirs je voyais tout Paris d'en haut. Adolescent j'étais fou de cinéma, j'ai passé pas mal de temps dans les salles obscures, je dessinais, je faisais des collages.

Une fois mon bac passé, je suis reparti en Israël, car mes parents ne souhaitaient plus rester à Paris. J'ai encore vécu en Israël cinq années, je me suis inscrit à l'université sans conviction et j'ai milité. Mais n'y trouvant pas ma place, j'ai décidé de repartir en Europe. Je me suis arrêté en Italie, à Florence, pour dix ans. J'y ai fait des Études d'Histoire de l'art, j'ai commencé à peindre et à exposer et, après avoir obtenu une maîtrise avec un directeur de thèse historien de l'art et poète, j'y ai travaillé comme rédacteur, traducteur et auteur de monographies publiées pour le compte des grands musées italiens.

J'aime toujours les langues. Après ce long séjour italien, je suis revenu à Paris, pour continuer à peindre et exercer des activités journalistiques, comme critique. Régulièrement j'ai participé à ou monté des projets pédagogiques, car j'aime partager mon expérience avec les amateurs en tous genres. Désormais je pratique aussi la photographie et je continue à écrire toujours sur la photographie en tant que critique (je signe avec un pseudo).