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“Thomas Huber” extase
au Centre culturel Suisse, Paris

du 21 janvier au 2 avril 2017



www.ccsparis.com

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation de l'exposition avec Thomas Huber, le 20 janvier 2017.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Thomas Huber, Gussform, (Moule), 2016, aquarelle sur papier, 53 x 73 cm © VG Bild-Kunst, Bonn.
2/  Thomas Huber, Stücke für eine Vitrine (Pièces pour une vitrine), 30. 09. 10, Skizzenbuchblatt, aquarelle sur papier, 35,5 x 27 cm © VG Bild-Kunst, Bonn.
3/  Thomas Huber, O.T. (sans titre), aquarelle sur papier, 54 x 74 cm, 2016 © VG Bild-Kunst, Bonn.

 


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Interview de Thomas Huber,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 20 janvier 2017, durée 17'52". © FranceFineArt.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt.

 

Sur un grand rectangle d'un gris de tableau noir peint à même le mur, des lignes de craie rose tracées à la règle dessinent la perspective de la salle d'exposition du Centre Culturel Suisse. Sur le mur opposé, comme une image miroir de ce dessin, à la craie noire sur fond rose cette fois. Au centre de ces épures, précises et froides comme un rendu informatique, un cône remplit tout l'espace, montant jusqu'à la verrière. Sa surface est rythmée par les courbes de longues vulves verticales.

Avec ces œuvres créées in-situ, Thomas Huber traduit en un univers surréaliste une vision sortie de ses rêves. L'onirisme, toutefois, se voit rationalisé dans une série de dessins techniques, aquarelles post-naturalistes, formant les pages d'un codex, carnet de voyage d'un explorateur scientifique. Les images sont celles d'une installation qui n'existe pour l'instant que sur le papier.

La sobriété de la palette, rouge rosé, vert, bleu et lavis gris replace la perspective dans une filiation classique remontant à la renaissance. Cette codification du réel en lignes fuyantes vers le même point, si ancienne et artificielle, est devenue un langage familier, omniprésente sur les écrans de nos logiciels, jeux vidéos, télévisions. C'est dans cet univers virtuel en 3d que se met en scène l'extase, l'orgasme et tous ses mystères.

A la colline de vagins répond un trou conique, opposant le plein au vide. Chaque dessin est accompagné de son contraire: un personnage se tenant devant un trou contemple un cône peint sur une toile tandis qu'à côté une autre personne debout devant un cône regarde la toile représentant un trou circulaire. Les jets de la fontaine formée par ces vulves s'écoulent au sol en flaques rondes, réfléchissantes comme des miroirs. Mais ces surfaces se révèlent également être des orifices au travers desquels une autre réalité se laisse voir. Le miroir ne reflète pas, il est la porte d'un autre monde tout aussi réel que celui où nous sommes. La présence s'oppose à l'absence, elle en est indissociable, comme si pour faire exister quelque chose, il fallait en retrancher une autre ailleurs. Le jaillissement orgasmique par sa création, par son cri, creuse un vide, un silence correspondant. Cette articulation duelle, yin et yang, oppose plein et vide, masculin et féminin pour mieux démontrer que rien n'est complet sinon dans l'union des opposés s'imbriquant parfaitement l'un dans l'autre.

Progressivement, la multiplication de ces diagrammes et rendus d'une œuvre projetée sur le papier finit, par ce jeu des contraires, pour la faire apparaître dans le vide de l'espace d'exposition. Comme la tache de lumière vive devient son négatif projeté sur l'intérieur de nos paupières lorsque l'on ferme les yeux, cette colline de vagins se met à exister au centre de la pièce. L'absence de l'objet se trouve projetée dans le vide, lui donnant ainsi une forme, une dimension, une présence, dans l'esprit puis dans les pas qui se mettent à contourner inconsciemment cette place qu'il occupe.

Thomas Huber nous offre une humble leçon. En débarquant au Centre Culturel Suisse muni de simples craies, crayons et tubes de peinture, il réussit à construire une installation dont la présence et la force nous habitent longtemps après notre visite.

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

Thomas Huber prend possession de l’espace du CCS et se dédie à la figure d’Éros. Le peintre (né en 1955, vit à Berlin), présente pour la première fois une exposition entièrement réalisée in situ, composée de dessins, d’aquarelles et de grandes peintures murales.

L’exposition sera accompagnée d’un livre d’artiste, un « trésor irrévérencieux » aussi intitulé extase, recueillant 80 dessins érotiques publiés pour la première fois, sélectionnés dans 66 carnets de croquis que l’artiste a réalisés depuis 1972.




Note d’intention de Thomas Huber

«Depuis 1972, je consigne mes idées de tableaux dans des carnets de croquis totalisant aujourd’hui plus de 60 cahiers. Les esquisses qu’ils contiennent sont pour la plupart réalisées à l’aquarelle. À l’occasion de l’exposition au Centre culturel suisse de Paris, j’ai sélectionné à partir de ces carnets quatre-vingt dessins érotiques qui seront publiés, pour la première fois, sous le titre extase. Éros est le motif caché de mes tableaux, il est la force sourde qui alimente mes inventions picturales. Les aquarelles choisies, immédiates et originelles, permettent de contempler ce sujet sans détour.

Pour l’exposition, je prendrai possession des salles du Centre culturel suisse trois semaines pour y réaliser dessins et aquarelles. De mon point de vue, une salle d’exposition est un lieu communicatif. Les gens s’y rencontrent. J’ai l’intention d’articuler le genius loci, c’est-à-dire le lieu d’exposition, en y peignant cet Éros qui nous lie. Les dessins présentés dans ce livre sont le trésor irrévérencieux que j’ajoute à ce projet»



En écho à l’exposition, Thomas Huber prononcera au CCS un discours, intitulé Séance, le 25 janvier. Il bénéficiera par ailleurs d’une forte actualité en France avec les expositions À l’horizon (03.02 – 14.05), au Musée des Beaux-Arts de Rennes ; Thomas Huber. L’imagination au pouvoir (11.02 – 23.04), HAB Galerie, Nantes , Thomas Huber présente Emmanuel Pereire (18.03 – 28.05), Frac des Pays de la Loire, Carquefou ainsi que À l’horizon, aquarelles, à la galerie Louis Carré & Cie à Paris (25.01 - 25.02).