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“Ingres et ses élèves” Dessins de la collection des Beaux-Arts
au Cabinet des dessins Jean Bonna, Beaux-Arts de Paris

du 26 janvier au 29 avril 2017



www.beauxartsparis.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Emmanuelle Brugerolles, le 25 janvier 2017.

2066_Ingres2066_Ingres2066_IngresLégendes de gauche à droite :
1/  Édouard Bertin (1797 – 1871), Paysage d’Italie. Graphite, plume et encre brune, lavis brun, rehauts d’aquarelle verte, ocre et bleue sur papier beige. Don de Mme Bertin à l’École des Beaux-Arts en 1884. © Beaux-arts de Paris. Dist. Rmn Grand Palais / Thierry Ollivier.
2/  Sébastien Cornu (1804-1870), Visage de jeune fille. Pierre noire, H. 0,417 ; L. 0,319 m. Legs d’Hortense Cornu à l’École des Beaux-Arts en 1871. © Beaux-arts de Paris. Dist. Rmn Grand Palais / Thierry Ollivier.
3/  Jean-Dominique Ingres (1780-1867), Femme nue couchée et études de têtes et de bras. Graphite, H. 0,210 ; L. 0,343 m. Don de Mme Valton à l’École des Beaux-Arts en 1908. © Beaux-Arts de Paris, Dist. RMN - Grand Palais - image Beaux-arts de Paris.

 


2066_Ingres audio
Interview de Emmanuelle Brugerolles, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 25 janvier 2017, durée 11'24". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire : Emmanuelle Brugerolles, Conservateur des dessins de maître et des dessins d’architecture aux Beaux-Arts de Paris



La carrière et la pensée artistique de Jean-Dominique Ingres sont intimement liées aux Beaux-Arts de Paris. D’abord élève dans l’atelier de David, il est élu professeur de l’École en 1829 et forme plus de 150 élèves qui, pour beaucoup, le vénéraient comme un chef incontesté. L’exposition des Beaux-Arts de Paris est une occasion exceptionnelle de découvrir ou de redécouvrir in situ plus de cinquante feuilles d’Ingres et des « ingristes » (dont seize du maître lui-même), toutes issues du précieux fonds des Beaux-Arts de Paris. Elle se propose de rendre compte des talents graphiques de l’artiste et de l’impact évident qu’il eut sur ses élèves : si certains le suivirent dévotement comme les frères Hippolyte et Paul Flandrin, d’autres, tel Théodore Chassériau, prirent des chemins divergents. Contre le postulat qui voit dans les disciples d’Ingres de simples suiveurs, voire des « timorés » selon l’expression de Baudelaire, l’exposition met en lumière les richesses et l’originalité dont témoignent les oeuvres d’élèves parfois peu connus comme Édouard Bertin et Sébastien Cornu.


Ingres, une carrière couronnée par l’École des Beaux-Arts
Élève de Jacques-Louis David, Jean-Dominique Ingres se présente aux différents concours académiques, notamment le concours de la demi-figure peinte et le Prix de Rome qu’il remporte avec Achille recevant les ambassadeurs d’Agamemnon en 1801. Installé en Italie pendant dix-huit ans, à Rome puis à Florence, il ponctue son séjour d’envois (le Mercure d’après Raphaël) et exécute des commandes importantes dont Romulus vainqueur d’Acron portant les dépouilles opimes au temple de Jupiter Capitolin, qui a regagné depuis peu les Beaux-Arts de Paris après avoir été exposé au Louvre durant cinquante ans. De retour à Paris en novembre 1824, Ingres est accueilli avec enthousiasme et reçoit de nombreuses distinctions : il est élu membre de l’Académie royale des Beaux-Arts en 1825, au fauteuil occupé par Dominique Vivant, professeur de peinture à l’École des Beaux-Arts en remplacement de Jean-Baptiste Regnault en décembre 1829, puis président de l’École des Beaux-Arts, en 1832.


Ingres et ses élèves
Son activité d’enseignant, qu’il entreprend dès son retour d’Italie, est saluée par ses contemporains pour son exigence, son érudition et sa passion. Il ouvre un atelier rue des Marais – actuelle rue Visconti – où il forme des élèves suivant quelques principes auxquels il est très attaché. Chacun doit d’abord dessiner d’après des moulages antiques ou copier des estampes d’après des maîtres avant d’étudier le modèle vivant. Dans son atelier à l’École des Beaux-Arts, il poursuit cette démarche, s’investissant dans sa mission de transmission érudite et rigoureuse. Nombreux furent les artistes qui revendiquèrent leur passage dans son atelier, ce qui rend difficile l’établissement d’un compte précis d’élèves, que l’on situe néanmoins, autour de cent cinquante. C’est par le biais du dessin que cette exposition se propose d’étudier la filiation entre le maître et ses élèves. Elle s’appuie sur le fonds de l’École des Beaux-Arts constitué au gré des legs et dons d’amateurs ou d’artistes, cédés à l’institution dans le but de montrer aux jeunes élèves la voie à suivre. La sélection présentée, nécessairement tributaire des choix et des goûts de ces donateurs, offre un aperçu d’un courant esthétique incarné par Ingres, qui s’impose dans la seconde moitié du XIXe siècle et influencera les peintres du début du XXe siècle. Outre des études et exécutions personnelles, les feuilles présentées témoignent de l’actualité des commandes et des modes qui ont cours durant cette période faste du second Empire.


Le cercle d’Ingres : admirateurs et donateurs (triches)
Parmi les legs qui permirent d’enrichir cette partie du fonds, le plus important est celui de Jacques-Edouard Gatteaux (1788-1881), graveur et sculpteur, ami d’Ingres : il comprend sept dessins du maître sur les seize exposés. Meilleur élève d’Ingres mais également ami de longue date du collectionneur, Hippolyte Flandrin figure également en bonne place, Gatteaux ayant acquis ses feuilles à la vente posthume de 1865. On y trouve des études exécutées pendant son séjour romain ainsi que de nombreuses études préparatoires de décors religieux et profane. En dehors de ce fonds prestigieux, l’École des Beaux-Arts s’est enrichie de donations, comme celle de Nélie Jacquemart, élève de Léon Cogniet et grande admiratrice d’Ingres, en 1894, ou celle de Madame Prosper Valton qui fit don d’un superbe ensemble de dessins de maîtres en 1908. Les veuves d’artistes ayant appartenu au cercle d’Ingres firent également don à l’École des productions de leur époux afin qu’il en soit conservée une mémoire : la veuve d’Edouard Bertin offrit ainsi dix-huit paysages en 1872 et Hortense Cornu fit don, d’une partie du fonds d’atelier -dessins, copies, plâtres et gravures- de son époux Sébastien Cornu, en 1871.


Une période faste pour le décor intérieur
Parmi les études présentées dans l’exposition, beaucoup concernent le décor. Outre la filiation artistique qui perpétue les grands genres académiques (peintures d’histoire, mythologie, portait et paysage), ce sont les décors, notamment dans les églises, qui sont à l’honneur. Les oeuvres de Sébastien Cornu, en particulier, témoignent des immenses chantiers de peintures murales entrepris à Paris pendant le Second Empire : l’église Saint Roch, église Saint Séverin et surtout l’église Saint Germain-des-Prés. Les décors profanes ne sont pas moins prisés et se développent petit à petit dans les grandes demeures privées : les études préparatoires d’Hyppolyte Flandrin et d’Ingres pour les décors du château de Dampierre, figurent parmi les décors intérieurs les plus renommés de l’époque.


Cette présentation offre un aperçu de la multiplicité des pratiques graphiques du maître et de ses élèves : premières pensées, dessins préparatoires, études d’après le modèle vivant, vues sur le motif, autant d’oeuvres qui nous plongent au sein de l’atelier et de la création avec ce que cela comporte d’hésitations et d’incertitudes.