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“Stephen Shames” Une rétrospective
au Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône

du 11 février au 21 mai 2017



www.museeniepce.com

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse avec Stephen Shames, le 10 février 2017.

2080_Stephen-Shames2080_Stephen-Shames2080_Stephen-ShamesLégendes de gauche à droite :
1/  Stephen Shames, Juveniles in Jail Worland, 1984. © Stephen Shames / courtesy Steven Kasher Gallery.
2/  Stephen Shames, Manifestation pendant le procès de Bobby Seale et Ericka Huggins New Haven, 1er mai 1970. © Stephen Shames / courtesy Steven Kasher Gallery.
3/  Stephen Shames, Outside the Dream Ventura, 1985. © Stephen Shames / courtesy Steven Kasher Gallery.

 


2080_Stephen-Shames audio
Interview de Audrey Hoareau, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Chalon-sur-Saône, le 10 février 2017, durée 14'46". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat : François Cheval, Audrey Hoareau et Emmanuelle Vieillard



Le photographe américain Stephen Shames, présente pour la première fois en Europe une exposition de tirages originaux et documents d’archives, retraçant son travail sur la société américaine des années 1960-1970. Ses photographies, du quotidien des gangs du Bronx, au mouvement radical d’émancipation « Black Panthers », vont au-delà de la simple illustration documentaire d’une période. Prises de l’intérieur, elles dressent le portrait d’une Amérique contrastée.

L’Amérique découvre dans les années 1960 le revers de l’abondance. La prospérité n’a pas profité à tous. Les laissés-pour-compte sont nombreux. Derrière la façade du « rêve américain » Stephen Shames, en observateur participant, enregistre tel un oscillographe tous les mouvements tectoniques d’une société ébranlée. Il en dresse l’inventaire avec patience et persévérance : sept années à suivre les Black Panthers, vingt années à accompagner les convulsions, la violence quotidienne du Bronx et de Brooklyn. Il consigne les traces, même les plus infimes, de la résistance du peuple à toutes formes d’oppression. Dans une forme retenue, éloignant l’étouffant souffle épique, Stephen Shames s’inscrit dans le meilleur de la tradition de la photographie documentaire. Peut-être trouvera-t-on que ses images procèdent de la tradition réformatrice de la photographie américaine, initiée par Jacob Riis et poursuivie par Lewis Hine. Mais le photographe, dans la seule vraie tradition revendiquée, la Photo League, méprise le pittoresque et la morale. Le réel vrai est en permanence confisqué et masqué par la censure, le spectaculaire ou une conception spirituelle du médium. Face à cela, il sera impitoyable avec le mensonge, et bienveillant pour les simples et les victimes. Se sentant plus activiste que militant, il décide de faire de la photographie une forme d’engagement politique et du combat des Black Panthers sa première bataille.

C’est sans doute la relation amicale entretenue par le photographe avec Bobby Seale qui est à l’origine d’un travail unique par sa liberté de ton et son unicité. Le fondateur du mouvement des Black Panthers introduit Stephen Shames auprès des principaux dirigeants. Dès lors, le photographe sera aux côtés de Kathleen et Eldridge Cleaver, de June et David Hilliard et d’Huey Newton. Une proximité qui lui procure non seulement un laissez-passer permanent à tous les niveaux de l’organisation mais lui donne aussi les clefs de compréhension du mouvement. Sept années de contribution à un combat, relatant les faits et gestes des principaux acteurs de l’avant-garde révolutionnaire américaine. Un monde s’ouvre. Le photographe côtoie au plus près la réalité de la minorité afro-américaine, ses conditions de vie exécrables et le racisme quotidien, soutenu par un système institutionnel discriminant. Les photographies de Stephen Shames montrent un pays aux antipodes de « l’idéal des pionniers ». Cette nation qui aime se présenter comme une terre vierge de toute inégalité offre une multiplicité de récits de vie semblables, d’une banalité consternante par la redite des mêmes maux. Stephen Shames répugne à mettre en scène, à recourir au pathos. Il cherche uniquement par les propriétés brutes des situations à exalter la dignité des communautés exclues du partage. Dans la série « Bronx Boys », il enregistre la brutalité de l’époque, les combats, les fusillades, les arrestations et les affaires de drogue, dont la conséquence directe est la mort ou la prison pour un certain nombre des adolescents du Bronx. Mais, il retranscrit aussi le bonheur de vivre de cette communauté, l’amour, la famille, la paternité… Pour « Outside the Dream » ou « Child Poverty in America », Stephen Shames témoigne de la pauvreté qui touche en priorité les enfants aux États-Unis dans les années 1980. Ce travail, le photographe le situe dans la tradition des commandes photographiques de la « Farm Security Administration ». Il affirme la photographie comme un objet de réforme des inégalités.

Les différentes séries de Stephen Shames présentées dans cette rétrospective, mettent en avant des hommes en mouvement, agissant. Ces photographies rayonnent d’une beauté qui s’enfonce profondément dans la mémoire des spectateurs ; noblesse des Black Panthers, densité dramatique des enfants pauvres, adolescents en prison, etc. S’en dégage une vie ardente, parfois embrasée, qui est celle de l’Amérique contemporaine. Grâce au généreux entêtement de certains photographes, dont Stephen Shames, il est encore loisible de penser que la photographie peut nous faire accéder à ce sentiment rare : l’attentive gravité.

Extrait d’un texte de François Cheval



Au même moment au musée Nicéphore Niépce :
Henri Dauman, The Manhattan Darkroom - 11 février au 21 mai 2017



1483 Henri Dauman audio

Archives FranceFineArt.com :
retrouvez l’interview de Audrey Hoareau, co-commissaire,
lors de l’exposition Henri Dauman, The Manhattan Darkroom, au Palais d’Iéna, Paris
du 4 novembre au 4 décembre 2014

http://www.francefineart.com/index.php/14-agenda/agenda-news/1574-1483-palais-d-iena-henri-dauman