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“Studio Blumenfeld : New-York” 1941-1960, l’art en contrebande
Les Docks, Cité de la Mode et du Design, Paris

du 3 mars au 4 juin 2017



citemodedesign.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 2 mars 2017.

2096_Blumenfeld2096_Blumenfeld2096_Blumenfeld1/  2/  3/  Erwin Blumenfeld. © The Estate of Erwin Blumenfeld.

 


2096_Blumenfeld audio
Interview de Nadia Blumenfeld Charbit, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 2 mars 2017, durée 8'21". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaires de l’exposition : Nadia Blumenfeld Charbit et François Cheval (The Red Eye)



La Cité, territoire d’expérimentations artistiques, revisite l’exposition Studio Blumenfeld : New-York 1941-1960 à travers un parcours extérieur et intérieur mis en scène par l’architecte et scénographe Vasken Yéghiayan.

Dévoilant près de deux cents oeuvres, dont une trentaine de clichés inédits, cette exposition sélective met en évidence la relation d’Erwin Blumenfeld avec la presse de mode et de beauté comme Harper’s Bazaar, Vogue, Look, Life, Cosmopolitan ainsi que celle qu’il entretenait avec la publicité.

De l’entrée de la Cité jusqu’à la Galerie d’actualité, en passant par l’Atrium, l’exposition invite à découvrir le cheminement artistique du génie photographique, sa constante soif d’exploration et sa recherche d’une identité par la photographie couleur qui, dans les années 40 et 50, allait influencer l’Amérique.

Les visiteurs sont invités à s’immerger dans l’univers du Studio des années de guerre et d’après-guerre à travers une sélection originale réalisée à partir de près de 700 archives personnelles du photographe.

L’exposition rassemble les photographies de mode en couleurs réalisées par l‘artiste pour la presse, des couvertures de magazine, ses « 100 best » sélection de photos d’inspiration et de recherche qui recouvraient un paravent de son studio, lequel servait parfois de décor lors de séances, des publicités, séries de mode et autres expérimentations.

En incluant des photographies antérieures à l’arrivée d’Erwin Blumenfeld aux États-Unis en 1941, poussé hors de France par la guerre, l’exposition met en évidencela vision artistique constante et fidèle du photographe, en même temps que les apports et contraintes des directeurs artistiques dans son travail.

Une application développée pour l’événement offre également des reportages et vidéos exclusifs commentés par les commissaires, Nadia Blumenfeld Charbit, petite fille d’Erwin Blumenfeld et François Cheval, ex-directeur du musée Nicéphore Niépce, co-directeur du nouveau Lianzhou Museum for Photography et fondateur de The Red Eye.



Erwin Blumenfeld, le précurseur

Formé aux avant-gardes européennes de l’entre-deux guerres, Erwin Blumenfeld (1897-1969) construit l’essentiel de sa carrière aux États-Unis où il s’installe en 1941.

Dans un contexte d’effervescence d’une presse en plein essor, Vogue, Harper’s Bazaar, Collier’s, Cosmopolitan, Life, Look, Kaleidoscope, Photography, tous les grands magazines de mode américains font appel au photographe. Trois ans après son arrivée à New York, Blumenfeld est le photographe le plus célèbre de sa profession et aussi le mieux payé.

Écartelé entre les exigences de la commande et ses propres aspirations artistiques, Blumenfeld réussit néanmoins à mettre en avant un style propre immédiatement reconnaissable : jeux de couleurs et de lumières, manipulations du medium, répétition du motif, figures tronquées, cadrages audacieux... Un style au final éminemment redevable à ses racines européennes.



L’art En Contrebande

« Je décidai de faire entrer la culture en contrebande dans ma nouvelle patrie, pour la remercier de m’accueillir. »

La particularité de l’oeuvre d’Erwin Blumenfeld réside dans la volonté constante du photographe de relier commande et références artistiques. Cette photographie paye sa dette au savoir et à l’art. On y reconnaît pêle-mêle, la peinture de la Renaissance, l’impressionnisme, la modernité des années vingt, le Dadaïsme, le cinéma, etc. Il faut donc rendre compte de la fusion réussie entre les renvois incessants au passé, jamais appuyés, et la création se faisant.

L’expérimentation photographique est l’autre grande affaire du photographe. Tout ce qui contribue à définir l’originalité du «photographique» est revendiqué, testé et proposé. Lors de la prise de vue, dans la chambre noire, et finalement sur la maquette, l’image n’est qu’une suite de «bricolages» entre pensée préalable et «artisanat».

L’inventaire d’un esprit en quête permanente du «nouveau» est un moment indispensable du projet muséographique.

Erwin Blumenfeld joue, si ce n’est abuse, de la métaphore de la lentille. La photographie est un filtre. Aussi n’hésite-t-il pas à ajouter entre la scène et son appareil des écrans de toute nature. Le réel n’a d’intérêt que modifié. Cette transformation opérée dès la prise de vue métaphorise l’acte photographique. Elle n’est que l’excroissance des expérimentations pratiquées avant-guerre.

Bien que le studio new-yorkais soit avant tout un lieu de production « commerciale », il constitue pour Erwin Blumenfeld, un espace où doit pouvoir se manifester son «talent» en dehors de toute contrainte. Le directeur artistique, le fabricant de produits photographiques, le commanditaire lui-même, etc., tous sont, peu ou prou, suspectés de limiter la puissance créatrice du photographe. Entre l’image produite au studio et la publication, bien souvent, un écart se crée. La confrontation de ces deux moments est à souligner.

La considération pour le modèle en tant que personne est centrale dans les photographies d’Erwin Blumenfeld. Il ne s’agit pas simplement de photographier un vêtement. La beauté féminine est en effet au centre de son oeuvre. Il est un des rares photographes de son époque à avoir l’audace de mettre en couverture des modèles ne répondant pas aux standards du goût américain ou des mannequins encore inconnus.

Nadia Blumenfeld Charbit et François Cheval, commissaires de l’exposition