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“Odiot orfèvre (1763-1850)” Dessiner l’or et l’argent
au Musée des Arts Décoratifs, Paris

du 8 mars au 7 mai 2017



www.lesartsdecoratifs.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 15 mars 2017.

2107_Odiot2107_Odiot2107_OdiotLégendes de gauche à droite :
1/  Vase pour une fontaine à thé, Charles-Jean-Alexandre Moreau, inventeur du modèle ; Auguste Garneray, dessinateur ; Atelier de Jean-Baptiste-Claude Odiot, vers 1810. Graphite, plume et encre grise, lavis gris et sépia sur papier. © Photo Les Arts Décoratifs, Paris.
2/  Sucrier, Atelier de Jean-Baptiste-Claude Odiot, vers 1815. Graphite, plume et encre grise, lavis gris sur papier. © Photo Les Arts Décoratifs, Paris.
3/  Soupière no 40, Attribué à Charles-Jean-Alexandre Moreau, inventeur du modèle, Attribué à Auguste Garneray, dessinateur, Atelier de Jean-Baptiste-Claude Odiot, vers 1810. Graphite, plume et encre grise, lavis gris et sépia sur papier. © Les Arts Décoratifs, Paris.

 


2107_Odiot audio
Interview de Audrey Gay-Mazuel, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 15 mars 2017, durée 14'07". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire :
Audrey Gay-Mazuel, Conservateur du patrimoine, Département XIXe siècle
assistée de Julie Ruffet-Troussard , assistante de conservation, Département XIXe siècle




Jean-Baptiste-Claude Odiot a édifié, au cours du premier quart du XIXe siècle, la maison d’orfèvrerie française la plus prospère et la plus fréquentée par toutes les cours européennes de son temps. Livrant de somptueux services pour la table et des ensembles prestigieux comme la toilette de l’impératrice Marie-Louise et le berceau du Roi de Rome, Odiot est l’un des plus illustres orfèvres sous l’Empire et la Restauration.

Le musée des Arts décoratifs conserve un ensemble exceptionnel de 33 pièces d’orfèvrerie et de 176 dessins originaux de l’atelier d’Odiot classés oeuvres d’intérêt patrimonial majeur.

Depuis leur acquisition en 2009, les dessins sont dévoilés pour la première fois avec cette exposition qui confronte les oeuvres graphiques aux objets d’art et révèle ainsi le processus de création et les recherches de l’orfèvre.

Provenant de l’atelier d’Odiot et classé oeuvre d’intérêt patrimonial majeur par le ministère de la Culture, le fonds du musée des Arts décoratifs, d’une extrême rareté par son importance numérique et sa qualité d’exécution, constitue la première collection publique d’oeuvres graphiques de l’orfèvre.

Datés du premier quart du XIXe siècle, ces dessins, d’une grande finesse d’exécution, sont réalisés au graphite ou à la plume, rehaussés de lavis d’encre, d’aquarelle ou de gouache. Représentant différents stades de la création, des premières esquisses aux projets d’exécution et aux dessins de présentation pour les clients, ils dévoilent les recherches d’un atelier d’orfèvrerie. Sur des feuilles, de parfois plus d’un mètre de haut sont figurées, à grandeur réelle, des pièces relevant du domaine des arts de la table, ainsi que des objets de toilette et de bureau. Cette variété typologique fait revivre le faste de la table et le raffinement de la toilette au début du XIXe siècle.

Les dessins proposent différentes versions d’un même modèle en déclinant les appliques d’ornement, les anses ou les prises. Au fil des feuilles prend forme un véritable répertoire ornemental devenu la signature d’Odiot, conjugué au gré des commandes avec régularité du début de l’Empire à la fin de la Restauration.

Seuls dix dessins du fonds sont signés et révèlent les noms des collaborateurs d’Odiot tels que les dessinateurs Auguste Garneray (1785-1824) et Adrien-Louis-Marie Cavelier (1785-1867), ou l’orfèvre Jacques-Henry Fauconnier (1779-1839).

Les dessins rendent également compte des services livrés pour les prestigieux commanditaires d’Odiot, comme l’impératrice Joséphine, Madame Mère, Jérôme de Westphalie, le comte Nicolas Demidoff et la comtesse Branicki. Ces 176 dessins complètent un fonds d’orfèvrerie constitué de 31 modèles en bronze ainsi que d’un sucrier et d’une coupe « sein de Vénus et papillon » en vermeil.

Fontaines à thé, soupières, coupes, verrières, seaux à rafraîchir, huiliers, salières… Tout comme les dessins, les modèles en bronze relèvent de typologies variées. Les prises, les anses, les pieds et les appliques d’ornement sont prétexte à déployer un vocabulaire ornemental foisonnant issu de l’Antiquité. Autour de Bacchus et de son cortège, central dans l’iconographie des pièces et dessins d’Odiot, sont présents Hébé, Cérès, Léda, Vénus, Adonis, Flore ou encore des allégories de la Victoire. Choisis pour leur plasticité, les serpents, cygnes et autres sirènes prêtent leur souplesse et leur sinuosité au dessin des anses, tandis que les sphinges ailées monopodes et les griffes de lion constituent des motifs désignés pour former les pieds des pièces. Les frises ornant les panses sont peuplées de rinceaux habités de panthères ou de pampres alternant avec des roseaux, des épis de blé et des dauphins. Donnés par Odiot lui-même à la chambre des Pairs en 1835 dans le but d’oeuvrer à sa propre postérité mais également de servir son art en suscitant l’émulation chez ses successeurs, les 31 modèles connaissent une histoire complexe. D’abord exposés au musée du Luxembourg, consacré au XIXe siècle aux ouvrages de peinture et de sculpture des artistes vivants, ils gagnent dès 1852 les réserves du musée du Louvre où ils sont peu à peu oubliés.

Parallèlement, au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, sont lancées des initiatives ayant pour objet la création d’un musée des Arts décoratifs. Le musée du « beau dans l’utile » voit le jour en 1882, avec pour but de favoriser les liens entre culture et industrie en offrant modèles et références aux ouvriers et artisans. Entre le voeu d’Odiot et le nouveau musée, la convergence est évidente. De fait en 1892 les modèles d’Odiot sont attribués à titre de dépôt au musée des Arts décoratifs.

En 1907 le musée des Arts décoratifs prend la décision de faire dorer et argenter les modèles en bronze. Réalisée par la maison Christofle en 1907-1908, cette opération devait conférer aux pièces l’aspect habituel de l’orfèvrerie. Elles sont définitivement portées sur l’inventaire du musée des Arts décoratifs en 2016. Les modèles témoignent d’une grande finesse d’exécution. Les différents éléments, assemblés par un système de fixation à froid par vis et écrous, ont été ciselés afin de mettre en valeur le relief des ornements, tandis que les fonds amatis jouent du contraste entre les surfaces mates et brillantes. En bronze selon la terminologie employée par Odiot, les pièces sont en fait, comme l’indiquent de récentes analyses menées par le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France, exécutées en laiton.

La richesse du fonds Odiot du musée des Arts décoratifs réside dans la complémentarité entre les pièces d’orfèvrerie et les dessins conservés. Le dialogue entre les deux corpus permis par leur réunion au sein d’une même institution constitue une rare opportunité pour l’histoire des arts décoratifs. L’exposition « Dessiner l’or et l’argent. Odiot orfèvre (1763-1850) » proposera la confrontation inédite des projets dessinés et des pièces exécutées au sein de l’atelier de Jean-Baptiste-Claude Odiot. Une sélection de près de 100 dessins, présentés pour la première fois au public, sera mise en regard avec les 33 pièces d’orfèvrerie du musée, afin de dévoiler le processus créateur de l’orfèvre.

L’exposition sera accompagnée d’un catalogue raisonné de la collection et d’une plateforme numérique interactive rendue possible grâce au mécénat de la Fondation Bettencourt Schueller.