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“Rodin” L’exposition du centenaire
au Grand Palais, Paris

du 22 mars au 31 juillet 2017



www.grandpalais.fr

www.musee-rodin.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 17 mars 2017.

2110_Rodin2110_Rodin2110_RodinLégendes de gauche à droite :
1/  Auguste Rodin, Homme nu portant un enfant. Encre et rehauts de gouache grise sur papier quadrillé ; 12 x 8,2 cm. Collection particulière. © Collection particulière.
2/  Auguste Rodin, Nu féminin se penchant hors d’un vase antique de forme globulaire, 1895-1910. Plâtre et terre cuite ; 17,7 x 17,8 x 23,8 cm. Paris, musée Rodin. Donation Rodin, 1916. © Musée Rodin (photo Christian Baraja).
3/  Albert Harlingue, Auguste Rodin dans son atelier, vers 1905. Photo : Albert Harlingue. 17,7 x 7 cm. ph. 10164. © Musée Rodin.

 


2110_Rodin audio
Interview de Hélène Marraud, attachée de conservation,
chargée des sculptures au musée Rodin et co-commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 17 mars 2017, durée 10'38". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat général :
Catherine Chevillot, conservateur général du patrimoine, directrice du musée Rodin ;
Antoinette Le Normand-Romain, conservateur général honoraire du patrimoine ;
Sophie Biass-Fabiani, conservateur du patrimoine au musée Rodin ;
Hélène Marraud, attachée de conservation, chargée des sculptures au musée Rodin ;
Véronique Mattiussi, responsable scientifique du fonds historique au musée Rodin ;
Hélène Pinet, chef du service de la recherche, responsable du fonds photographique du musée Rodin
scénographie : Didier Blin, architecte - scénographe




À l’occasion du centenaire de la mort d’Auguste Rodin (1840-1917), le musée Rodin et la Réunion des musées nationaux Grand Palais s’associent pour célébrer l’artiste. L’exposition met en évidence l’univers créatif de Rodin, ses rapports avec le public et la manière dont les sculpteurs se sont appropriés son esthétique. Riche de plus de 200 oeuvres de Rodin, elle comprend aussi sculptures et dessins de Bourdelle, Brancusi, Picasso, Matisse, Giacometti, Beuys, Baselitz, Gormley… et renouvelle le regard porté sur ce géant de la sculpture.

Rodin, comme Monet, a connu et connaît toujours une célébrité mondiale. À chaque génération, il a fasciné le public. Nombreux furent les artistes à se mesurer à son esthétique, s’en inspirant ou en prenant le contrepied. Rodin explore toutes les facettes de la sculpture : de l’assemblage à la figure partielle en passant par le collage, pratiques reprises par Matisse et Picasso. Son usage du dessin devance les grands expressionnistes germaniques, son rapport à la photographie annonce celles de Brancusi ou de Moore. L’exposition présente son oeuvre et les mutations du regard qu’elle a engendrées.


Rodin expressionniste
À partir des années 1880, Rodin est salué comme celui qui a rendu vie la sculpture : « de conventionnelle, la sculpture s’est faite expressive ». Le corps fournit le vocabulaire des passions humaines, un expressionnisme rodinien s’impose. C’est aussi la période des « dessins noirs » - peu connus, peu vus - qui nourrissent l’univers de sa future Porte de l’Enfer. Les collectionneurs prennent sa défense. Lui-même sait, dès cette époque, jouer de tous les moyens mis à sa disposition pour construire sa carrière : collectionneurs, presse, expositions, dans un Paris, où le marché de l’art est en pleine expansion, pour construire sa carrière. Les jeunes sculpteurs comme Bourdelle, Lehmbruck, Gaudier-Brzeska, Brancusi, ont tous une période rodinienne.

Rodin expérimentateur
L’exposition de son oeuvre, que Rodin organise à Paris en 1900 en marge de l’Exposition Universelle, le place au premier plan de la scène artistique. Il y montre un aspect inédit de son travail à travers des séries d’œuvres en plâtre - son matériau de prédilection : matière immaculée faite pour cet art de la lumière et de l’espace. L’exposition de 1900 révèle un processus de réinvention permanente, fondamentalement expérimental. L’artiste assemble parfois des éléments incongrus, procède par répétition, fragmente les formes, repense l’insertion des sculptures dans l’espace. Le succès rencontré implique une multiplication des versions, toutes différentes, le sculpteur faisant à chaque étape évoluer sa pensée. Bourdelle, Matisse, Brancusi ou Picasso ancrent leurs premiers travaux dans sa pratique. À la fin des années 1890, Rodin se consacre davantage au dessin. En 1902, il en expose à Prague une importante série, qui est partiellement reconstituée au Grand Palais. Cette production totalement indépendante de la sculpture bouleverse par la liberté et la modernité de cette nouvelle expression. Rodin exploite largement la photographie à partir des années 1880. Les tirages retouchés par l’artiste deviennent des oeuvres à part entière et sont utilisés et intégrés au processus créatif. Après 1945, des artistes comme Henry Moore porteront à son paroxysme cet usage de la photographie.

Rodin : l’onde de choc
Après la deuxième guerre mondiale, on découvre un nouveau Rodin et de nombreux aspects inconnus de son travail : assemblages de figures de plâtre et de vases antiques, mouvements de danse, moulage de la robe de chambre de Balzac sont autant de choc pour le public comme pour les avant-gardes. Les assemblages de Picasso, les acrobates de Max Beckmann ou les oeuvres en feutre de Beuys y font comme écho. Les collectionneurs de Rodin lèguent de nombreux ensemble aux musées : musée Rodin de Philadelphie, Metropolitan Museum de New York, National Gallery de Washington, Ny Carlsberg Glyptothek de Copenhague, musée d’art occidental de Tokyo… Une salle de l’exposition évoque l’univers d’un collectionneur d’aujourd’hui, dans laquelle les oeuvres de Rodin se mêlent à celles de ses contemporains. Que reste-t-il de cette sensibilité expressive et lyrique ? Elle apparaît dans des oeuvres ou des mouvements divers qui partagent le rejet de la géométrie et de l’idéalisme, la revendication d’une approche libertaire et antirationaliste. Cette sensibilité oppose la spontanéité au concept et affirme le poids de la matérialité (Germaine Richier, Alberto Giacometti, Willem De Kooning). On y trouve de l’excès, dans le drame (Markus Lüpetz) comme dans le versant jubilatoire (Barry Flanagan) : violence et débordement, esprit ludique ou métamorphose.